Il fait partie des plus jeunes députés de la 7e législature. Mais, depuis quelques temps, c’est lui qui préside aux destinées du groupe parlementaire MPP (Mouvement du peuple pour le progrès). Comme son prédécesseur (Alassane Sakandé élu Président du parlement en remplacement de feu Salifou Diallo), il ne sait pas faire dans la langue de bois. Il est connu pour son franc parler. A l’occasion des premières journées parlementaires du MPP tenues à Dori du 16 au 18 mars 2018, Lassina Ouattara est revenu sur sa désignation à la tête des parlementaires du parti au pouvoir, mais également sur le choix du Sahel pour la tenue de leurs assises.
Lefaso.net : Veuillez-vous présenter à nos lecteurs
Lassina Ouattara : Je me nomme Ouattara Lassina, je suis député et je suis le président du groupe parlementaire MPP (Mouvement du peuple pour le progrès).
Vous avez été désigné récemment président du groupe parlementaire MPP, sous quel signe placez-vous votre mandat ?
Je reçois ça comme une considération de la jeunesse qui depuis longtemps réclame à cor et à cri d’être impliquée, d’être responsabilisée, de ne pas attendre que leur temps arrive avant de leur passer le témoin. C’est des choses qui s’apprennent, donc si vous n’êtes pas déjà initié, c’est difficile de pouvoir le faire. Je vois ma désignation comme un signal envoyé à toute la jeunesse. C’est aussi un défi pour nous autres qui, à ce titre, représentons la jeunesse, à montrer le bon exemple pour qu’on puisse penser à d’autres jeunes pour qu’ils soient plus nombreux.
Je place mon mandat, après celui du président Sakandé, sous le signe de la continuité, du raffermissement du groupe, plus de proximité. A ce titre, vous allez nous observer sur le terrain. On va bouger. En dehors des journées parlementaires, nous allons mener des activités sur le terrain, on va nous sentir dans nombre de provinces, pourquoi pas dans toutes les provinces du Burkina. Nous allons aller à la rencontre et à l’écoute des populations.
Souvent, ils ont besoin de chose simple pendant que vous allez chercher des choses compliquées parce que vous vous êtes mis à leur place pour penser. Nous allons beaucoup bouger sur le terrain, nous allons beaucoup communiquer aussi sur ce que nous faisons à l’Assemblée pour que le rôle et la place du député soient mieux perçus au niveau de l’opinion.
Vos premières journées parlementaires de l’année 2018 se tiennent sous le thème « problématique de l’insécurité et de l’incivisme : quel regard et quel apport du groupe parlementaire MPP ? ». Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce thème ?
Les journées parlementaires se tiennent toujours en prélude aux sessions de l’Assemblée et nous avons la liberté du choix du thème. Quand on s’est réuni, on s’est posé la question de savoir qu’est-ce qui préoccupe au plus haut niveau l’ensemble des Burkinabè aujourd’hui. Tout de suite, s’est imposé à nous les préoccupations d’insécurité et d’incivisme. Vous savez que notre pays souffre suffisamment des attaques terroristes et l’incivisme que nous vivons chaque jour à tous les niveaux. Vraiment, ce sont des préoccupations nationales.
Pourquoi le choix de Dori pour la tenue de ces premières journées parlementaires ?
Après avoir adopté ce thème, il a été tout de suite apparent pour nous qu’en plus de traiter le thème, nous venions au Sahel pour mener nos réflexions et pour en même temps aussi donner un signal à la population que le Burkina connait des attaques, mais le Burkina est toujours fréquentable, la région du Sahel est toujours fréquentable et donc pour le choix de Dori, ç’aurait pu être toute autre ville du Sahel. C’est le Sahel que nous avons choisi et Dori n’a été que l’exemple pour tout le Sahel. Nous sommes restés dans notre logique. En plus de réfléchir sur le thème, nous avons tenu à aller nous imprégner des conditions de travail de nos forces de défense et de sécurité et leur apporter nos encouragements pour leur dire que nous sommes vraiment de cœur et d’esprit avec eux.
Vous êtes allé au camp Liptako de Dori (en compagnie du président de l’Assemblée nationale) pour rendre visite aux FDS, quel a été le message que vous leur avez apporté ?
Pour reprendre les termes du Président de l’Assemblée nationale, ce sont des gens qui, jours et nuits, veillent sur la sécurité de tout le monde. Ce sont nos frères et sœurs qui sont à ce niveau, ce sont des vies aussi, ils consentent des sacrifices énormes jours et nuits pour nous tous. Donc, à la différence des autres corps qui ont tous des syndicats pour plaider leur cause, on s’est dit qu’en tant que députés de toute la nation en ce moment précis, nous nous portons comme les porte-voix, les défenseurs de notre armée. On a été sur place. Le moral est très bon. Mais, ils ont besoin de pas mal de soutien, ils ont besoin que les populations leur fassent confiance, que les populations collaborent étroitement avec eux. Comme vous savez, le renseignement vient de partout notamment des populations. Notre armée ne sera jamais aussi en nombre que la population. Donc, il faut que tout le monde soit des soldats pour booter le terrorisme hors de nos frontières. Et, la contribution des populations, c’est surtout donner le renseignement suffisamment et le bon renseignement à nos FDS pour que cela puisse éclairer pour leur stratégie, pour leur action sur le terrain.
Après trois jours de réflexion, à quelles conclusions êtes-vous parvenus ?
Après trois jours de réflexion, nous avons formulé un certain nombre de recommandations. Sur le civisme, nous pensons qu’il faut systématiquement instaurer l’enseignement de l’instruction civique dans nos écoles. Nous interpellons aussi les parents pour qu’ils se fassent l’écho de ce qui est enseigné comme instruction aux enfants à l’école. C’est vrai qu’aujourd’hui, l’incivisme touche à toutes les couches de la société, mais c’est surtout les jeunes. Mais, on ne peut pas les blâmer sans regarder pourquoi c’est ainsi maintenant. On va se rendre compte que pendant un certain temps dans ce pays, nous avons mis l’accent sur l’enseignement à un moment donné au détriment de l’instruction civique. Donc, à la décharge des jeunes que nous incriminons aujourd’hui, on peut dire que la société aussi a une part de responsabilité. Il faut qu’ils puissent savoir ce qui est important pour la société, connaître les valeurs, les symboles de la république et en ce moment, on peut engager l’action répressive pour les contrevenants.
Sur la question de la sécurité, la motion phare, il faut davantage de compréhension, de solidarité et de moyens pour nos FDS. Mais aussi demander au gouvernement, particulièrement les autorités en charge des questions de sécurité de ne ménager aucun effort pour améliorer le renseignement.
Concernant le civisme, l’exemple doit aussi venir d’en haut dit-on…
Absolument, tout le monde est concerné par l’incivisme. C’est vraiment à tous les niveaux, du sommet à la base, tout le monde est concerné par ces questions d’incivisme. Tout le monde doit être des modèles et là haut doit donner l’exemple. A la base aussi, il faut que les gens soient outillés et qu’ils suivent les repères.
Au cours de la semaine écoulée, il y a eu des démissionnaires du MPP qui ont été empêchés par des non-démissionnaires de lire leur déclaration, c’est aussi un acte d’incivisme. Quel commentaire faites-vous en tant que président du groupe parlementaire MPP ?
Nous sommes en république, nous sommes en démocratie. De ce fait, se rendre justice soi-même n’est pas la bonne manière. J’étais très impliqué dans l’organisation des journées parlementaires, donc je n’ai pas tous les contours du problème. Mais enfin, je ne l’aborderai que dans l’aspect que nous avons vu par voie de presse. Les jeunes sont souvent impulsifs, mais nous leur demandons de faire preuve de retenue. Ils avaient le loisir après que ceux-ci (les démissionnaires) aient fait leur conférence de presse, eux aussi de convoquer une autre conférence de presse pour dire ce qu’ils avaient à dire. Si ce qu’ils ont à dire c’est la vérité, ça doit être la confrontation des idées et tous les citoyens allaient se faire une opinion sur la question.
Le dernier message à l’endroit de la population du Sahel…
Nous leur disons de tenir bon, de faire confiance aux FDS, de faire confiance au gouvernement qui a, à cœur, la résolution de ce problème. Le Sahel est en pointe, mais aujourd’hui, les forces du mal ont une volonté de s’attaquer à tout le Burkina. Le fait d’engager le programme d’urgence au Sahel est parti d’un constat. En termes d’infrastructures, il y a un retard, il y a un gap sur un certain nombre de points. C’est pourquoi le gouvernement a instauré ce programme et nous avons appelé le gouvernement à l’exécuter de façon diligente et de façon exemplaire.
Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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