Le Moogho Naaba Baongho a reçu ce samedi 24 mars 2018 les San (Samo) dans le cadre de l’ouverture la 4e édition de la journée de la parenté à plaisanterie. La rencontre était ponctuée d’anecdotes, d’histoires. Chacun racontait les tares de l’autre. Chacun voulant rappeler être le maitre de l’autre. Tout cela dans une ambiance bon enfant. Cette activité est organisée chaque année par l’association Sitoi Lawa au palais dont les Samo réclament la propriété. La présente édition se tient sous le parrainage de Dr Cyriaque Pare, directeur de publication de Lefaso.net et de Nelson Congo, enseignant à l’IBAM.
Sa Majesté Naaba Lawoko Paré, c’est le nouveau nom de baptême du Mogho Naaba. Ce nom lui a été attribué par les Samo au cours de la cérémonie de rencontre entre san et moosé en prélude à l’ouverture des 48h du « Rakiiré », entendez par là la parenté à plaisanterie.
Ce samedi 25 mars, les San ont pris d’assaut la terrasse du Mogho Naaba. Les attaques verbales venaient de partout. Les Samos sont les premiers à tirer. Pour eux, les Moosé ne seraient pas intelligents. S’il y a un qui est un peu intelligent, soit sa mère est une san, ou bien c’est sa femme. Ou encore, peut-être que son voisin vient du Tougan ou du Nayala. La réplique des moosé ne s’est pas fait attendre. Ils taxent leurs prétendus exclaves de voleurs, de broussards. Leur présence d’ailleurs ce samedi est le fruit d’une longue négociation, fera savoir Nelson Congo, le parrain. Pour lui, c’est Dr Cyriaque Paré, l’autre parrain qui est venu à lui pour lui demander avec insistance de permettre à ses parents de visiter Ouagadougou, la ville. Après mûre réflexion, il a accepté. Bref, c’est un moment fait de rire, d’amusement et de taquinerie.
Faire pérenniser la pratique
La présidente de l’association par l’intermédiaire de Georgette Paré a remercié le Mogho Naaba pour son accueil. La parenté à plaisanterie permet de s’amuser, de partager, de fraterniser, de résoudre les conflits. C’est pourquoi elle appelle les autres ethnies à la promouvoir. Elle est au moins sûre d’une chose : « la parenté à plaisanterie ne mourra pas avec nous ». Nelson Congo voit en l’association une dimension sociale très immense. Pour lui, si Dieu s’est permis de rire une seule fois, c’est sûrement grâce à la parenté à plaisanterie. Il exhorte les membres à poursuivre leur action. Dr Cyriaque Paré va plus loin. Vu les vertus sociales de cette culture, il a réitéré un de leurs vœux qui leur est cher depuis trois ans. Celui de l’institution d’une journée de parenté à plaisanterie dans le pays par le gouvernement.
Le représentant du ministre de la culture, Léonce Ki salue lui aussi l’événement. L’origine du Rakiiré selon lui découle de la nuit des temps. Et lorsqu’on a la bouche couverte de joie poursuit-il, la vérité passe plus facilement. Pour ce qui est de la journée nationale du Rakiiré, le représentant du ministre a laissé entendre que le gouvernement y travaille. Le Mogho Naaba Lawoko Paré quant à lui a souhaité la bienvenue à ses exclaves. Pour lui, l’acte posé est louable, noble et digne. Cela mérite donc qu’il aille au firmament de notre pays, gage de paix. Il a donné l’autorisation aus san d’aller fêter mais il n’a pas manqué de mettre en garde ses sujets. « Déjà en famille, les sans s’entre volent. Ici à Ouagadougou ils vont continuer. Mettez donc vos portefeuilles en sécurité » conseille-t-il.
Tout en implorant les mânes des ancêtres de bénir l’activité, le Mogho Naaba leur a souhaité bon retour chez eux une fois la foire terminée. Non loin en effet de la cour royale, s’était érigé un marché de mets traditionnels. On y vendait du Zamnin, du Zoom Koom, du babinda et du dolo. Avant notre départ, une bagarre a éclaté entre les deux parrains. Nelson Congo et Dr Paré revendiquaient chacun la propriété d’un chien. L’un détenait le corps et l’autre la tête. Georgette Paré, la commerçante courait à la recherche d’un Koglweogo pour résoudre le conflit.
Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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