Le procès des prévenus dans l’affaire du Coup d’Etat manqué de septembre 2015 a débuté ce mardi 27 février 2018 à Ouagadougou. Plus de 80 personnes seront appelées à la barre pour répondre de divers chefs d’accusation. Un procès qui suscite beaucoup d’intérêts aussi bien au plan national qu’international. Xavier Lapeyre de Cabanes, Ambassadeur de France au Burkina, que nous avons rencontré au lancement de la première session ordinaire de l’année du Cadre sectoriel de dialogue « gouvernance économique », a indiqué suivre de « très près l’évolution du procès ». Lisez !

Je suis ce procès de très près parce que c’est un moment important dans la vie démocratique du Burkina Faso. Il marque normalement la fin d’une période de transition qui a été parfois troublée, un peu agitée et dont la tentative de coup d’Etat, heureusement ratée, a été le moment le plus dramatique.

Ce procès est un moment important parce que le Burkina montre à lui-même mais aussi à la face du monde qu’il est une démocratie mure, qu’il est un Etat de droit avec une justice qui fonctionne. J’ai lu dans la presse que des gens se plaignaient parce que la justice prenait trop de temps pour boucler le dossier. Mais c’est normal que la justice prenne du temps. Parce que la justice, ce n’est pas l’émotion, c’est du travail sur les preuves, les éléments de compréhension du contexte, la qualification juridique des faits, les témoignages. Il y a énormément d’informations que les magistrats doivent recueillir pour mettre ensemble les faits et comprendre la vérité.

Un évènement aussi complexe que le coup d’Etat ne peut pas être compris en l’espace de quelques semaines par des magistrats fussent-ils excellents. Ce dont je ne doute pas d’ailleurs. C’est donc vraiment un moment important et je pense que le procès va durer longtemps parce qu’il y a beaucoup de prévenus et de témoins. Je pense que c’est un moment important qu’il faut suivre aussi bien pour les Burkinabè que pour les observateurs que nous sommes, nous, diplomates étrangers pour voir un petit peu quelle est l’évolution du procès et son dénouement.

Le procès est un moment important pour la transition du Burkina vers une complète démocratie. Au Burkina Faso comme dans la plupart des pays de la planète, la démocratie est imparfaite. C’est normal parce que c’est un régime humain. Et forcément comme les humains sont imparfaits, les régimes sont imparfaits aussi. Mais je trouve qu’il y a une marque très importante de la volonté que ce soit le droit qui décide et non pas le bon vouloir politique. C’est important et vous pouvez vraiment être fiers de vous.

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima

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Source: LeFaso.net