Le procès des 12 frondeurs lors de la journée sylvo-pastorale de la forêt de Tapoa Boopo à Matiacoali le 26 Janvier dernier s’est tenu le mercredi 21 février 2018 à Fada. Le procureur du Faso a requis la peine de 36 mois de prison avec sursis et une amende de 500 000F CFA chacun pour 10 prévenus et la relaxe des deux autres. Le délibéré a été renvoyé au 28 Février 2018.

En début février 2018, 19 personnes ont été interpellées suite aux manifestations dans la commune de Matiacoali dans la province du Gourma, lors de la journée sylvo-pastorale de la forêt Tapoa Boopo tenue en janvier. Après audition, 7 personnes ont été libérées. Les 12 autres ont comparu devant le Tribunal de Grande Instance de Fada N’Gourma le mercredi 21 février 2018 durant 16h d’horloge (9h-3h du matin). Ils étaient poursuivis pour rébellion, destruction volontaire de biens mobiliers, menace et voie de faits sur des agents publics et coups et blessures volontaires.

Sur les 12 prévenus à la barre, seul un a plaidé coupable, les 11 autres n’ayant pas reconnu les faits. Présents, les témoins ont expliqué à tour de rôle comment les faits se sont passés. Un des plaignants, Koulabiga Tani a expliqué comment il a été violenté par certains frondeurs qu’il a reconnus. Seulement, il a décidé de retirer sa plainte, parce que, a-t-il dit, tous les prévus sont ses frères. Néanmoins, il a expliqué qu’il a perdu la somme de 1 700 000 F CFA, des documents et son poste téléviseur a été détruit à son domicile après le passage des frondeurs.


En ce qui concerne l’administration, le directeur régional de l’Est de l’environnement a expliqué que leur plainte a été retirée suite à la concertation qui a eu lieu avec l’administration et dans le souci de ne pas compromettre le développement dans la zone. Sans demander de frais de réparation du préjudice, il a soutenu que 50 panneaux, 269 grandes bornes et 240 petites ont été détruits lors de la manifestation. Et de préciser que concernant la vocation de la zone, une rencontre a été tenue chez le chef de Matiacoali avec 200 personnes.


La police (CRS) représentée par un officier a également témoigné à la barre qu’aucun incident ni de résistance n’a été produit lors des interpellations. Elle a expliqué que 14 personnes ont été interpellées le 1er février, 4 personnes le 2 février et une personne dans la nuit du 3 au 4 février 2018. Contrairement aux autres parties civiles, la police a demandé réparation, car selon elle, deux téléphones portables d’une valeur de 100 000 F CFA pour chacun des deux policiers ont été endommagés et réclame donc leur remboursement. Lors des réquisitions, le procureur a demandé au Tribunal de condamner 10 des prévenus à 36 mois de prison avec sursis et une amande de 500 000 F chacun et de relaxer les deux autres.


La défense représentée par Me Prosper Farama, a d’abord expliqué que le Burkina Faso est assis sur trois poudrières que sont, la justice, le foncier et la question des gouvernants et gouvernés. Par la suite, il a demandé la relaxe de 11 prévenus pour infraction non constituée. Pour le verdict, tous les 12 prévenus ont demandé la clémence du parquet, qui à son tour, a renvoyé le délibéré pour le 28 février 2018. Il faut noter que lors de cette audience, l’interprète a été expulsé de la salle et remplacé par un autre par le président du Tribunal suite à une altercation avec une autorité ayant le rang d’un officier de police judiciaire qui a attiré l’attention du président sur la qualité de l’interprétation de cet agent du Tribunal.

SOUMAILA SANA

Le faso.net

Source: LeFaso.net