La date fatidique c’est exactement dans une semaine. Le 27 février 2018 débutera (enfin) le procès du putsch de septembre 2015. Le cerveau de l’affaire, Gilbert Diendéré et 83 autres seront face au juge pour répondre des faits qui leur sont reprochés. Pour le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples, ce procès est un test grandeur nature de la crédibilité du système judiciaire burkinabè. Chrysogone Zougmoré et ses camarades qui étaient face à la presse ce 20 février ont réaffirmé leur engagement à faire en sorte que justice soit rendue, malgré les “vaines agitations et polémiques puériles” dans certains cercles politiques.

Ce 27 février 2018, le système judiciaire burkinabè a rendez-vous avec l’histoire, c’est la conviction du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP). Le jugement au fond de l’affaire ministère public contre le Général Diendéré Gilbert et 83 autres personnes est un procès qui interpelle à la plus grande vigilance. Et ce ne sont pas les “vaines agitations et polémiques puériles nées et suscitées ces derniers temps dans certains cercles politiques” qui détourneront le mouvement dans sa quête de vérité et de justice dans ce procès tant attendu.

Pour le président Chrysogone Zougmoré et ses camarades donc, ce procès doit être conduit avec rigueur et transparence absolue, et toute personne impliquée entendue, afin que toute la lumière soit faite et les coupables condamnés.


Le MBDHP qui a mené des actions d’interpellations et de dénonciation des lenteurs de la justice depuis longtemps, ne sera pas seulement spectateur au procès. Il sera là en apportant assistance aux victimes, à travers un pool d’avocats. En plus, après les débats, s’il y a des condamnations, le mouvement fera en sorte qu’elles soient appliquées.

“Il s’agit d’un test grandeur nature de crédibilité de notre système judiciaire, de ses acteurs impliqués dans ce procès et de sa capacité à rendre justice”, a martelé le président Chrysogone Zougmoré qui dit être “convaincu que l’édification d’un Etat de droit véritable est incompatible avec l’impunité ambiante qui règne dans notre pays et que la justice ne saurait être sacrifiée sur l’autel d’une quelconque réconciliation”.

De ce fait, le MBDHP rejette tous les appels à un compromis judiciaire au nom d’une prétendue réconciliation nationale. Me Prosper Farama lui, se désole qu’on parle plus de la protection des droits des accusés, les stars du procès, qui ont de gros moyens pour se payer des avocats même étrangers, et très peu des droits de ceux qui ont été tués ou blessés à vie.

Quelle garantie avec la justice militaire ?


Le tribunal militaire, tribunal d’exception en charge du dossier et décrié par certains sera-t-il à la hauteur des attentes ? A entendre Prosper Farama, un des avocats aux côtés du MDHP pour défendre les droits des victimes du coup d’Etat, la justice militaire n’est pas la pire au Burkina Faso.

« Nous avons toujours dit qu’il faut une réforme globale de notre système judiciaire. Pas de type bourgeois », a-t-il indiqué, poursuivant que les tares de la justice militaire se retrouvent aussi dans celle civile. Dans des dossiers jugés par cette justice militaire de par le passé, comme celui de l’attaque de la poudrière de Yimdi, des officiers militaires cités à comparaître ne se sont pas exécutés. Laissant ainsi planer des zones d’ombre, même après le jugement.

Dans le dossier du coup d’Etat, plusieurs officiers de l’armée et de hautes personnalités sont encore cités comme témoins. Assisterons-nous au même manège ? Pour l’avocat Farama, la justice militaire doit se donner les moyens pour que les témoins cités comparaissent pour dire ce qu’ils savent du dossier. Et c’est un défi qui est lancé à la justice burkinabè. Pour lui, si le témoin cité n’a pas d’excuse légale, il y a le mandat d’amener pour le contraindre à s’exécuter.

« Il ne faut pas donner des prétextes que la justice a laissé des zones d’ombres » a poursuivi Me Prosper Farama pour qui si les témoins cités ne comparaissent pas, à la fin du procès, il pourrait y avoir plus de questions que de réponses et cela sera dommage pour les victimes, les ayant droits, et l’ensemble du peuple burkinabè qui attendent vérité et justice.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net