La Nouvelle alliance du Faso (NAFA) était encore face à la presse dans la soirée du 6 février 2018 à son siège à Ouagadougou. Le parti de Djibrill Bassolé a dénoncé les multiples immixtions de l’exécutif dans le dossier du putsch de septembre 2015. Lequel dossier sera enrôlé le 27 février prochain. Les conférenciers après avoir énuméré les entraves au bon fonctionnement de la justice, se sont penchés sur ce qu’ils appellent la ‘’révocation » récente de Jean-Marie Ouattara anciennement en charge du dossier et qui avait donné un avis contraire à l’arrêté du ministre de la défense quant à la liberté provisoire du célèbre prisonnier.

La Nouvelle alliance du Faso (NAFA) monte encore au créneau pour exposer ses inquiétudes quant à l’indépendance de la justice militaire, et aux immixtions du pouvoir politique dans le dossier du putsch de septembre 2015.

Pr Mamadou Dicko, secrétaire exécutif national de la NAFA, président du bureau politique national est ainsi revenu sur les grandes entraves selon lui, qui ont émaillé le dossier. Ce, depuis le gouvernement de la transition, jusqu’à l’arrivée du MPP au pouvoir.

Du rejet de constitution des avocats étrangers du Gal. Djibril Bassolé, les avis du groupe de travail des nations unies sur la détention arbitraire notifié le 30 juin 2017 au gouvernement du Burkina Faso, sont autant de décisions favorables au candidat de la NAFA, et qui n’ont pas été appliquées par le Burkina Faso.

« Le 10 Octobre 2017, le président de la chambre de contrôle du tribunal militaire de Ouagadougou décide de la mise en liberté provisoire du Gal Bassolé, afin qu’il puisse se soigner. Aussitôt s’en est suivi le branle-bas de combat dans les rangs du pouvoir en place et de leurs partisans déguisés en organisation de la société civile », se rappelle le Pr Mamadou Dicko.

La déclaration du MPP qui qualifiait la décision de justice de trahison, finit par convaincre le président que le dossier est politisé et cela ne présage pas de l’administration d’une bonne justice. Surtout qu’après ces différentes protestations, le ministre de la défense, membre du bureau politique du MPP, parti au pouvoir signait un arrêté le 13 octobre 2017, portant assignation à résidence du général Djibril Bassolé.

Selon les conférenciers, ledit arrêté du ministre de la défense a été dénoncé par le groupe de travail des nations unies sur la détention arbitraire.

« Le 24 janvier, le président de la chambre de contrôle Jean Marie Ouattara, a été révoqué après avoir jugé illégal l’arrêté d’assignation à résidence pris par le ministre de la défense. Selon lui, l’arrêté est illégal et Djibril Bassolé doit être en liberté. Nous sommes très inquiets. Si tout juge qui intervient dans le dossier en faveur de notre camarade de lutte doit être écarté, est-ce que dans ces circonstances nous pouvons avoir confiance en la justice militaire ? », a poursuivi Pr Mamadou Dicko.

La sortie du ministre en charge de la justice qui expliquait que le juge Jean-Marie Ouattara était en fin de mandat et que c’est un mouvement normal ne convainc pas la NAFA. « Comme le prévoit la loi, nous avons tout simplement procédé à un renouvellement des membres du tribunal notamment au niveau des juges d’instruction », avait dit le ministre Réné Bagoro.

Mais pour les partisans de Djibrill Bassolé, ce juge est la mémoire du dossier. « La justice militaire ne saurait être impartiale et ne pourrait donner les garanties d’un procès équitable à quiconque le pouvoir exécutif aurait dans son viseur », ont noté les membres de la NAFA.

En attendant, le parti se réjouit de la programmation du procès le 27 février 2018. Selon lui, c’est une lueur d’espoir pour toutes les victimes et les parents des victimes qui pourront en fin de compte obtenir justice et réparation pour les uns et faire le deuil de leur proche pour les autres.

Mais la NAFA condamne les manœuvres, les manipulations et les immixtions politiciennes injustifiées de l’exécutif à tous les niveaux de la procédure judiciaire du putsch manqué.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net