Le rencontre entre le gouvernement et les collectivités territoriales a pris fin le 26 janvier 2018. Les deux jours d’échanges ont permis d’évoquer les préoccupations des maires et présidents des conseils régionaux, mais également d’harmoniser les politiques publics au niveau central et décentralisé en vue d’arriver à un arrimage entre les plans locaux de développement et le Plan national de développement économique et social (PNDES). Le gouvernement a décidé d’institutionnaliser de cette rencontre qui se tiendra désormais chaque année. Mieux, il s’est engagé à accélérer le transfert des ressources et des compétences qui passeront de 4% à 15% d’ici à 2020, a promis le chef du gouvernement.
La première rencontre entre le gouvernement et les collectivités territoriales s’est déroulé du 25 au 26 janvier 2018, sous le thème : « transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales pour une mise en œuvre optimale des plans locaux de développement ». C’est le Premier ministre Paul Kaba Thiéba qui a présidé la cérémonie officielle de clôture. Les échanges directs entre le chef du gouvernement et les présidents des conseils des collectivités ne se sont pas déroulés comme initialement annoncé, pour des raisons de calendrier, explique-t-on.
Qu’à cela ne tienne, une dizaine de ministres se sont succédés la veille pour faire le point des transferts des compétences et des ressources de leurs départements respectifs aux collectivités. « Les débats ont été parfois houleux, parfois tendus, mais toujours emprunts de responsabilité », a confié Armand Béouindé, le maire de Ouagadougou, par ailleurs Président de l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF). Car, soutient-il, « pour que nos nations soient fortes, il faut que nos collectivités territoriales également soient fortes parce que c’est sur les territoires, dans les communes, dans les régions que le développement se fait. Les élus locaux, c’est la continuation de l’administration dans ces territoires ».
C’est pourquoi, le mémorandum de l’AMBF lu lors de la cérémonie de clôture contient des recommandations fortes. L’une de ces recommandations porte sur « le transfert des compétences et le transfert effectif des ressources qui doivent accompagner ces compétences pour la réalisation de nos plans locaux de développement ». En plus de celle-ci, les collectivités ont également recommandé que le budget des collectivités soit désormais adopté par l’Assemblée nationale et non le gouvernement seulement, mais aussi un accompagnement de l’Etat sur plusieurs années pour permettre d’opérationnaliser la mise en œuvre de la loi sur la fonction publique territoriale, la nécessité de la reconduction du PNGT (Programme national de gestion des terroirs) et son extension aux communes urbaines.
Après avoir écouté les propositions et des recommandations des présidents de conseils des collectivités, le gouvernement a décidé de mettre en place un comité de suivi (présidé par ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation) pour examiner ces recommandations et rendre compte au Premier ministre pour une mise en œuvre. Sur l’épineuse question du transfert des compétences et des ressources, le gouvernement a pris l’engagement a pris l’engagement conformément au PNDES de porter les ressources transférées de 4% à 15% à l’échéance de 2020. « Et nous allons tenir cet engagement pour donner à nos collectivités territoriales et à nos communes les moyens de pouvoir financer leurs programmes locaux, de pouvoir financer leur développement », a assuré le Premier ministre Paul Kaba Thiéba. Car, a-t-il ajouté, « il ne sert à rien qu’au niveau des ministères sectoriels on travaille dans un sens et que les collectivités territoriales travaillent dans un sens inverse. C’est pourquoi, 2018 doit être une année de combat, une année d’accélération de la mise en œuvre du PNDES. Il faut absolument que nous arrivions à réussir cet arrimage entre les plans locaux de développement et le PNDES. C’est pourquoi cette réunion était importante pour moi ».
Le processus de décentralisation piétine au Burkina, malgré l’existence des textes de qualité. Pour Eric Tiemtoré, le Président de l’Association des régions du Burkina Faso (ARBF), les raisons sont multiples et divers. Au niveau des régions, la situation est encore pire, car « depuis 2008, il n’y a pas encore eu de transfert de ressources ». « Il y a certains acteurs clés qui ne connaissent pas réellement ce que c’est que la décentralisation et ceux qui savent sont réticents parce que c’est des pouvoirs que les collectivités vont les déposséder, d’où les réticences », a expliqué le Président de l’ARBF.
Tout en saluant la tenue de cette rencontre, il ne crie pas trop vite victoire. « Il y a un espoir, mais nous attendons que cela soit concret puisque jusqu’aujourd’hui, c’est seulement de manière verbale qu’il (ndlr, le Premier ministre) a dit qu’il instruira ou mettra en place un comité de suivi pour apprécier nos préoccupations. Nous attendons de voir. Mais, nous sommes déjà satisfaits du fait que le Premier ministre ait été présent, qu’il nous ait écoutés et qu’il ait dit qu’il a pris très bonne note de nos préoccupations. Nous attendons de voir la suite pour apprécier », a confié Eric Tiemtoré. La balle est donc dans le camp du gouvernement pour la suite du processus.
Moussa Diallo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents