Simon Compaoré était en tournée dans la vaste région de l’Est la semaine écoulée. Le ministre de la sécurité est allé à la rencontre des policiers et gendarmes, comme il l’a fait pour ceux des 12 autres régions du pays. A l’étape de Kantchari, alors que le ministre devrait assister à la remise du poste de police frontière le 13 janvier 2018, les groupes d’auto-défense étaient fortement mobilisés. Et le ministre de la sécurité leur a parlé…(Vidéo)
La région de l’Est, zone de d’insécurité. Il y a quelques années, les bandits de grands chemins essaimaient cette vaste partie du territoire burkinabè, où les éleveurs après avoir vendu leurs bétails, les agriculteurs après avoir écoulé leurs productions, les commerçants en route pour faire des provisions…étaient dépouillés et/ou tués.
Depuis, l’apparition des groupes d’auto-défense Koglweogo dans cette région, on note une baisse drastique des attaques à mains armées, selon les services de police et de gendarmerie de la localité. Ils l’ont signifié à Simon Compaoré qui a parcouru la région. Il faut dire qu’à chaque étape, et dans les échanges, le ministre posait la même question sur les rapports avec ces civils armés.
Quelque peu surpris par leur mobilisation à Kantchari, le premier « flic » du pays a félicité ceux qui, « il n’y pas très longtemps étaient traités de manière négative ». « Depuis trois jours maintenant, partout où nous sommes passés, les policiers, les gendarmes m’ont dit qu’ils mènent le même combat avec les Koglweogo », a-t-il poursuivi, sous les applaudissements des hommes, habillés en tenues différentes, en fonction des villages.
Celui qui a toujours eu une position non tranchée sur ces groupes dont les exactions et dérapages ont souvent suscité des débats passionnés, a salué la présence massive de ces koglweogo qui donnent l’exemple qui doit être suivi par les autres à travers le territoire.
« Même les chiens ont des papiers »
Malgré tout, le ministre a prodigué des conseils à ces hommes. Ces coups et blessures qu’ils administrent aux présumés voleurs, ces amendes qu’ils infligent ne sont pas du gout de Simon Compaoré. « A cause de quoi ? » leur-a-t-il demandé parce ce que selon lui, il n’y a que l’Assemblée nationale qui votent des lois, qui consent l’impôt. « Donc on ne peut pas permettre que des citoyens arrêtent d’autres citoyens et leur appliquent des amendes », a tranché le ministre tout en demandant aux groupes d’auto-défense de rester républicains, dans la légalité et de toujours travailler avec les policiers et gendarmes pour éviter les problèmes.
Surtout, Simon Comaporé a insisté sur la nécessité d’avoir un récépissé. « Demander à avoir un papier aux préfets, aux maires, aux hauts commissaires (…), c’est très important, même les chiens ont des papiers(…). Votre association doit avoir un récépissé ; ainsi les bonnes volontés peuvent vous aider(…). Si vous vous n’avez pas de papiers, même des bandits peuvent porter des tenues et dire qu’ils sont koglweogo(…). En plus, si vous avez des problèmes, on peut vous défendre », a martelé l’ancien maire de la capitale.
Pour appuyer son propos, le ministre en charge de la sécurité tout en précisant que le « papier » sera comme leur carte d’identité, sort son portefeuille, enlève sa carte nationale d’identité pour la présenter à son auditoire.
« On me connait, on sait que je m’appelle Simon Compaoré, ministre de la sécurité. Mais je suis obligé d’aller faire mon papier(…) si on m’arrête (toi tu es qui ?) je sors mon papier ».
L’animateur de ce rendez-vous improvisé a remis une somme de 300 000 F CFA aux hommes de Django.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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