Prévu pour se tenir sur sept jours, le salon national des activistes a finalement eu lieu dans la seule journée du samedi 23 décembre 2017 à Ouagadougou. En l’espace d’une journée, des lanceurs d’alertes ont laissé ordinateurs et autres Smartphones pour discuter autour des thèmes qui leur permettront d’être plus responsables.
Les organisateurs du premier salon national des activistes ont dû revoir leurs ambitions à la baisse. Ils avaient voulu le salon sur sept jours, avec des conférences débats, les expositions ventes et bien d’autres activités. Finalement c’est un panel qui a constitué la seule activité du salon. La raison est le manque d’accompagnement des autorités, note l’initiateur Mahamadi Ouédraogo pourtant proche du MPP, parti au pouvoir. Et il est amer.
« Nos autorités préfèrent distraire les jeunes que de les accompagner dans tout ce qui conscientise ». Depuis quelques temps, celui qui se fait appeler « Madi de Gounghin », ou « Madi de Gorba », tacle le pouvoir. Selon lui, les maux qui ont conduit à l’insurrection populaire et à la fuite de l’ancien président Blaise Compaoré sont toujours d’actualité.
- Mohamadi-Ouédraogo-alias-Madi-de-Gounghin-secrétaire-général-du-Salon-national-des-activistes-du-Burkina
« Aujourd’hui on se rend compte que ces maux reviennent. Même si je soutiens ce parti (au pouvoir), il faut que je dénonce certains manquements. Mais quand vous dénoncez on vous met sur une liste noire. Pour moi c’est l’intérêt général qui prévaut. Je ne suis pas un suiviste », s’est-t-il défendu.
Qu’à cela ne tienne, le salon a eu lieu avec des thèmes en lien avec les droits et les droits des activistes dans la gouvernance actuelle. La différence entre activiste et journaliste, le traitement de l’information en temps de crise, le pénal en matière d’activisme », la contribution des activistes pour un meilleur devenir du Burkina, sont entre autres thèmes qui ont été discutés au cours de la journée du 23 décembre au conseil burkinabè des chargeurs.
Au Burkina Faso, le cyber-activisme a connu ses lettres de noblesse lors de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et le putsch de septembre 2015 (les médias traditionnels ayant suspendu leurs programmes, ce sont les médias en ligne et les internautes qui informaient).
Pour l’un des communicateurs du salon des activistes, l’activisme n’est pas un fait actuel. Il serait apparu dans les années 1777 aux Etats Unis. « Les activistes sont considérés comme des citoyens qui ont pris en charge la responsabilité d’informer, de dire la vérité quel que soit le prix », a expliqué Dr Seydou Dramé.
Informer, c’est ce point commun que les activistes ont avec les journalistes. Même si l’action des premiers n’est pas codifiée par une loi, le Dr Dramé rappelle qu’ils sont sous le couvert de l’article 8 de la constitution qui proclame la liberté d’expression et d’opinion. Il finira par réclamer un statut pour les activistes encore appelés lanceurs d’alertes ou journalistes citoyens dans certains pays, comme celui accordé aux journalistes, afin qu’ils prennent une part plus importante dans la promotion de la gouvernance, de la redevabilité de façon plus encadrée et responsable.
Plus tôt, le promoteur Mahamadi Ouédraogo reconnaissait cependant que « sur les réseaux sociaux, il y a tellement de délations, de diffamations et d’injures ».
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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