Les Universités publiques Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo et Ouaga II ont vécu une journée chaude le 6 décembre 2017. Des antis et pro-grève de 72h lancée par l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) se sont affrontés provocant des blessés. Au cours de la conférence de presse sur la commémoration des 19 ans d’assassinat de Norbert Zongo, Ismaël Traoré, président de l’Union générale des élèves et étudiants du Burkina (UGEEB) a apporté ses éclaircissements sur ces échauffourées sur le campus. Lecture !

« Je voudrais, avant d’aller un peu plus loin dans mes propos, rectifier d’abord un certain nombre de choses. Nous entendons çà et là qu’il y a eu des affrontements entre des militants de l’ANEB et d’autres étudiants qui voulaient suivre les cours. Au niveau de l’UGEEB, nous disons qu’il y a eu des affrontements entre des étudiants qui étaient pour le mot d’ordre de grève de 72h lancé par l’ANEB/ Section Ouagadougou et un groupuscule d’étudiants montés par l’administration. Nous le précisons parce qu’en aucun moment, ni l’UGEEB, ni ses sections n’ont appelé les étudiants à la violence et à la haine. C’est extrêmement important de faire cette précision.

Origines des affrontements

L’autre élément que nous voulons ajouter, c’est que s’il y a eu des affrontements, l’administration universitaire endosse entièrement la responsabilité de ce qui s’est passé. Il est important qu’on puisse revenir sur ces éléments parce que tout est parti d’un passage d’un groupe d’étudiants dans les différentes promotions appelant les étudiants à se démarquer du mot d’ordre de grève lancé par notre section de Ouagadougou. Pire, ils ont appelé à la violence contre tout étudiant qui va se présenter dans une promotion pour dire qu’il faut observer le mot d’ordre de grève.

Après les passages dans les salles, ce groupuscule d’étudiants s’est déporté à la présidence de l’Université Ouaga I pour rencontrer le vice-président de l’Université, Mahamadi Sawadogo. Ce dernier leur a apporté son soutien et les a invités à poursuivre dans les différentes promotions pour appeler les étudiants à se démarquer du mot d’ordre de grève et que s’il le fallait, la sécurité allait descendre sur le campus pour que les cours puissent se dérouler. Il est donc clair que l’administration universitaire est entièrement responsable de ce qui s’est passé à l’Université Ouaga I.

L’administration a attisé le feu

Ces étudiants se sont effectivement déportés dans les promotions et appeler les étudiants à venir dans les salles parce qu’il y aura bel et bien cours et l’administration universitaire a rassuré qu’ils seront en sécurité.

L’administration qui devait jouer le rôle de pacificateur se retrouve à prendre partie contre des étudiants. Pire, elle a même incité les autres à s’en prendre à d’autres étudiants. Ce qui n’est pas aussi rapporté avec autant de bruits, c’est qu’il y a eu également des couacs à l’Université Ouaga II. Des étudiants sont allés à Ouaga II pour inviter les autres à observer le mot d’ordre de grève. Des groupuscules montés par l’administration sont allés jusqu’à scier des barres de fer pour pourchasser ces camarades. Après les avoir pourchassés, ils sont revenus même proposer des évaluations aux étudiants de Ouaga II.

La sortie du Ministre des enseignements supérieurs sur la RTB/télé

Il est également important de revenir sur les propos du Ministre sur la RTB/télé. Lorsque nous avons suivi son intervention, nous avons été beaucoup déçus. Parce que le Ministre est un enseignant donc un éducateur et quand on est éducateur, il est important que lors de telle situation, il faut rechercher des solutions que de déplacer les problèmes.

Il y a eu beaucoup de contre-vérités dans ce qui a été dit par le Ministre.

Premièrement, il a dit qu’il y a eu onze étudiants qui ont été sanctionnés dans les mêmes conditions et que pour le seul élément, parce qu’il est de l’ANEB, que l’ANEB s’est saisie de l’affaire pour protester. Ce n’est pas juste. Il y avait effectivement onze personnes convoquées ce jour pour le conseil de discipline. Mais les dix autres portaient sur des cas de fraude. Ce sont des étudiants qui avaient falsifié les notes. L’étudiant était donc le seul dans le cas où il s’est opposé à un chevauchement des années encouragé par l’administration de l’UFR/LAC. Pour cela, il a eu des accrochages avec son délégué de promotion.

Une solution à l’amiable

Deuxièmement, le Ministre a dit que la sanction qui a été proposée par le Conseil de discipline a été, de prime à bord, revue à la baisse. Ce n’est pas vrai. Parce qu’avant qu’on aille en vacances, l’étudiant en question avait vu ses deux semestres invalidés et il était suspendu pour un an. Lorsque la section est rentrée en contact avec l’administration, le président de l’Université Ouaga I avait reconnu que la procédure disciplinaire avait effectivement été truffée d’irrégularités et que l’administration allait surseoir à l’exécution des sanctions et trouver une solution à l’amiable. Mais, contre toute attente, le deuxième Conseil a confirmé les sanctions et pire, lui a enjoint de se réconcilier obligatoirement avec son délégué de promotion. Ce qui veut dire que si son délégué de promotion refuse ses excuses, il lui sera définitivement interdit de se réinscrire à l’Université.

Troisièmement, le Ministre a dit que c’est parce que l’étudiant en question a refusé de fournir une lettre d’explication à l’administration. Ce n’est juste aussi. Car on l’a appelé au téléphone pour lui dire de donner une lettre d’explication. C’était à une période où il n’y avait pas cours et l’étudiant était rentré au village. Il a répondu qu’une fois à Ouagadougou, il va s’exécuter. Mais l’administration a interprété cela comme étant un refus. Lorsque l’étudiant est revenu, il s’est rendu à l’administration de l’UFR/LAC mais on a refusé de le recevoir. Nous refusons donc que le Ministre dise que l’étudiant n’a pas voulu fournir la lettre d’explication. Ce sont là les éclaircissements que je voulais apporter sur certains points de cette crise ».

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

Source: LeFaso.net