L’actualité autour de l’arrivée au Burkina du président français, Emmanuel Macron, a conduit l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) à lancer, ce samedi, 25 novembre 2017 à Ouagadougou, un appel à l’ensemble des Burkinabè, surtout à la jeunesse, à réserver un accueil chaleureux à l’hôte français.

« Elu le 7 mai 2017 comme président de la République française, monsieur Emmanuel Macron, pour sa première tournée africaine, a choisi notre pays, le Burkina Faso, pour commencer avec des idées forces à savoir s’adresser à la jeunesse d’une part et décliner d’autre part la nouvelle vision de la République en marche vis-à-vis de l’Afrique. Et le choix de l’Université Ouaga I professeur Joseph Ki-Zerbo et le site de Zagtouli sont bien illustratifs du type de rapport de coopération que voudrait insuffler les nouvelles autorités politiques françaises à ce que l’Elysée appelle replacer la relation France-Afrique dans le cadre de son projet de refondation de l’Europe.

Seulement, voilà que depuis l’annonce officielle de l’arrivée de monsieur Emmanuel Macron, des associations et des syndicats tombent bas le masque politique pour crier haut leur sentiment anti-français. Confondant les lieux et les époques, nos populistes des temps modernes n’ont pas hésité à nous ramener aux débats que leurs maîtres à penser avaient mené contre la RDP et contre Thomas Sankara qu’ils ont à l’époque combattus de la même manière et avec la même violence », a campé Me Bénéwendé Stanislas Sankara, principal orateur à cette conférence de presse qui s’est tenue au siège du MPP (parti au pouvoir).


L’APMP perçoit en cette situation, la posture de « groupuscules » qui, en plus de vouloir usurper et confisquer l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, se coalisent pour remettre en cause les valeurs fondamentales de la démocratie burkinabè dont la dernière illustration est l’élection au 1er tour de Roch Marc Christian Kaboré avec plus de 53% des suffrages.

« Si les Français ont porté leur choix sur Emanuel Macron contre l’extrême droite et contre les insoumis et que les Burkinabè ont eu une préférence pour le programme ‘’Bâtir ensemble un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice », pourquoi ne pas respecter le choix de nos peuples ? », ont soutenu les conférenciers.

« De ce point de vue, comment ne pas élever une vive protestation et condamner tous ces agissements moyenâgeux qui discréditent notre pays et infantilisent notre peuple. C’est pourquoi, si l’APMP salue la vitalité de notre démocratie pluraliste et le dynamisme de la société civile, elle ne peut, par contre, tolérer un débat rétrograde, et démagogique qui n’a d’autre visée que de permettre la restauration de forces anti-progressistes ou d’extrémisme », peut-on lire dans la déclaration liminaire.

A en croire les conférenciers, le président Emmanuel Macron avait neuf ans, quand le président Thomas Sankara a été assassiné. « Pourquoi alors le condamner sans autre forme de procès alors même qu’il affirme que le choix du Burkina Faso est en soi un message parce que nous sommes un pays en transition avec une jeunesse politisée », a posé Me Sankara. Il estime que dans les rapports entre Etats, on ne peut pas dire à un président de ne pas venir au Burkina, discuter avec les plus hautes autorités, des questions liées au développement. « On a l’impression que l’on veut lui (Emmanuel Macron) faire porter le chapeau de l’impérialisme, du colonialisme, de l’esclavagisme et de tous les « ismes » qu’on connaît », a dit Bénéwendé Stanislas Sankara, appelant de juger le président français sur son discours plutôt que de le condamner avant de le voir l’épreuve. Pour les responsables de l’APMP, des prémices d’une volonté de changement sont déjà perceptibles dans les premières actions du régime Macron (l’exemple du procès relatif aux biens mal acquis).

L’APMP voit en l’arrivée du président français au Burkina, une opportunité politique pour « poser avec acuité et clairvoyance » les préoccupations aux autorités françaises et ce, dans le respect mutuel. Il s’agit entre autres des questions de développement, de l’extradition de François Compaoré, la levée du secret défense dans l’affaire Thomas Sankara, le financement du PNDES, le problème sécuritaire, le problème libyen.


Me Sankara souligne également que les relations entre le Burkina et la France ne datent pas d’aujourd’hui, et cette visite vise également à renforcer les liens de coopération et revisiter les actes de coopération. « Donc, nous gagnons, la France aussi, certainement, gagne », pense Me Sankara, par ailleurs président de l’UNIR/PS.

De ce point de vue, il estime que toute personne soucieuse des valeurs et de la tradition burkinabè se doit de ne pas adopter une attitude à même de saper cette visite. « L’hospitalité est africaine », dit Me Sankara. Il est soutenu sur ce point par le président du NTD, Vincent T. Dabilgou, pour qui, cette visite a toute sa portée. C’est pourquoi a-t-il lancé un appel à ceux qui sont hostiles à cette visite, à réviser leur position.

Réagissant à une question relative à la mesure de fermeture des établissements, les leaders de l’APMP saluent cette disposition « souveraine » du gouvernement, qui, de leur avis, a certainement des raisons valables pour le faire.

Pour l’APMP, ni la France ni Emmanuel Macron ne sont des ennemis du Burkina. « Le peuples français et burkinabè ont leur histoire et leur destin respectif que les gouvernants doivent aider à réaliser face à des systèmes que nous ne nous contentons pas seulement de dénoncer, mais que nous combattons avec véhémence », ont-ils déclaré avant de lancer un appel à la jeunesse à sortir massivement pour recevoir le président français « dans la pure tradition du pays des hommes intègres ».

Réserver un accueil chaleureux au président Macron ne sera pas une première au Burkina, le pays l’a toujours fait avec tous les Chefs d’Etat en visite au Burkina, confie Me Sankara, pour qui l’exception ici est née de la polémique suscitée par l’annonce de cette arrivée auprès de certains groupes.

Oumar L. Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net