Surprise générale ! Robert Mugabe ne démissionnera pas « pour le moment » de son fauteuil présidentiel. Dans son discours à la nation, le 19 novembre, il a plutôt annoncé qu’il présidera les débats du congrès extraordinaire de son parti qui se dérouleront les 12 et 17 décembre prochain. Par contre, son épouse a été exclue de la Ligue des jeunes pour, entre autres, incitation à la haine, à la division mais aussi pour avoir tenté d’exercer sans mandat des fonctions qui n’étaient pas les siennes.

En direct à la télévision d’Etat, le président du Zimbabwe dédouane l’armée pour son comportement. Mais à la fin, non seulement il ne parle pas de démission, mais lorsqu’il évoque le congrès de la Zanu-PF, il assure qu’il va le présider alors qu’il a été démis de ses fonctions dans la matinée du dimanche 19 novembre 2017. Pour le Comité central de la Zanu-PF, la pilule a du mal à passer. Toute suite, il lance un ultimatum à Robert Mugabe. « Le camarade Robert Mugabe doit démissionner de la présidence du Zimbabwe et s’il ne l’a pas fait d’ici lundi midi, le président du parlement enclenchera une procédure de destitution », a déclaré le porte-parole du parti, Simon Khaye Moyo, à l’issue d’une réunion d’urgence du parti.

L’ultimatum a expiré sans nouvelle du vieux dirigeant en exercice au monde. Des dires du chef du groupe parlementaire du Zanu-PF, 80% des députés de la majorité seraient prêts à soutenir une destitution de Robert Mugabe. Sur ce, une procédure de destitution, une motion de censure pourraient être votées, dès demain.

Le chef de l’association des anciens combattants de l’indépendance, Chris Mutsvangwa, se dit prêt à soutenir toute procédure de destitution et invite les Zimbabwéens à descendre de nouveau dans la rue le mercredi 22 novembre prochain.

A en croire José Brito, ex-ministre des Affaires étrangères de la République du Cap-Vert qui côtoie Robert Mugabe depuis longtemps, l’homme est en plein déni de réalité… Ce point de vue ne fait pas l’unanimité au niveau de certains observateurs qui pensent que « Bob » sait bien ce qu’il fait, qu’il a intentionnellement écarté certaines parties de son discours. Pour preuve, disent-ils, on le voit s’emmêler dans ses feuilles à la 7e minute : « Notre plus grande inquiétude… laissez-moi lire cela à nouveau… Je suis désolé. Notre grande inquiétude (…) ».

Pour mémoire, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase au Zimbabwe a été la destitution de l’ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa. Conséquences : L’armée a pris le contrôle du pays dans la nuit du 14 au 15 novembre, et assigné le président à résidence. Le 18 novembre, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour soutenir cette intervention et demander le départ du président.

« L’opération à laquelle j’ai échappée n’a pas remis en cause mon autorité en tant que chef de l’Etat et commandant en chef de l’armée », avait-il laissé entendre le 19 novembre, Robert Mugabe, en présence de plusieurs hauts responsables militaires.

Pour sûr, Emmerson Mnangagwa est désormais le nouvel homme fort du Zimbabwe. Il agira en tant que président par intérim du parti, et ce jusqu’au congrès extraordinaire de la Zanu-PF. Mais qu’à cela ne tienne « le parti a déclaré qu’Emmerson Mnangagwa est son candidat pour les élections présidentielles de 2018 en remplacement de Robert Mugabe ».

Aïssata Laure G. Sidibé

Lefaso.net

Sources : RFI, Jeune Afrique

Source: LeFaso.net