Le colloque international sur le trentenaire de l’assassinat de Thomas Sankara initié par le Balai citoyen a connu son lancement effectif le jeudi 26 octobre 2017 à l’université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo. La cérémonie d’ouverture a connu la présence du premier vice-président de l’Assemblée nationale, Me Bénéwendé Stanislas Sankara et de nombreuses personnes venues pour la circonstance.
« La révolution burkinabè et l’héritage de Thomas Sankara », tel est le thème autour duquel le Balai citoyen a convoqué cette rencontre internationale. Et comme il fallait s’y attendre, une palette de personnalités et de personnes au sens simple du terme aux appréhensions aussi multiples que diverses sur le leader révolutionnaire se sont retrouvées à ce colloque qui a commencé par une cérémonie d’ouverture officielle. A l’entame de cette cérémonie, le porte-parole du Balai citoyen, Me Guy Hervé Rommel Kam a expliqué aux participants l’esprit et la vision qui sous-tendaient ledit colloque.
Se rencontrer, se partager et s’apprendre pour affermir les convictions et les aspirations pour un Burkina Faso de démocratie vraie et de justice sociale
Me Guy Hervé Rommel Kam, après avoir manifesté la joie de son organisation pour l’intérêt que les participants accordaient au colloque a précisé le sens et la portée que le Balai citoyen veulent lui conférait. « Un moment inédit et historique de partage, de témoignages et de communion entre personnalités de divers horizons, mais ayant en commun le sens de l’effort pour servir la communauté, pour servir la Nation. Ce colloque revêt davantage une dimension capitale car il constitue pour nous un moment de rencontre, de partage et d’apprentissage à même d’affermir nos convictions et nos aspirations pour un Burkina Faso de démocratie vraie et de justice sociale. »
Dans perspective, il est nécessaire de mener le combat pour le bien-être de l’humain. Et cette exigence de lutte au service du peuple pour la cause des démunis et des défavorisés, est ce qui caractérise le mieux le dirigeant politique et l’homme du peuple que fut Thomas Sankara d’après les propos du porte-parole du Balai citoyen. Il a par la suite soutenu qu’en tant qu’héritiers il est impératif de suivre la voie tracée par le capitaine Sankara et ses compagnons sincères.
Dissertant tour à tour sur les qualités de Thomas Sankara – le visionnaire, l’homme du peuple, l’homme d’action, l’homme intègre, le patriote, l’humaniste…, Me Guy Hervé Rommel Kam a lancé un appel à marcher résolument sur les pas de ce grand homme si le Burkinabè et les Africains veulent véritablement se libérer des serres de la misère et de l’indignité. Cette marche, il estime que le Balai citoyen l’a déjà entamée depuis son avènement au cours de l’année 2013 et a même déjà inscrit à son actif des victoires dont la plus emblématique est bien entendu l’écroulement du régime Compaoré. Cette marche, Balai citoyen va résolument la poursuivre…
Analyses et témoignages à foison autour de l’homme Thomas Sankara, sa personnalité et son engagement politique
Après la séquence cérémonielle, le programme du colloque s’est naturellement déroulé, ponctué par des panels suivant des thématiques bien définies. « Sankara : l’homme, sa vie et sa mort », « Sankara : l’homme politique », « Sankara et le CNR », « Révolution sankariste et création d’un homme nouveau », tels sont les thèmes phares, chacun avec ses sous-thèmes, autour desquels quatre panels ont été tenus. Une floraison d’intervenants d’horizons divers ont assuré les communications. Compagnons de Thomas Sankara, anciens militants de la révolution, hommes politiques, politologue, philosophes, historiens, économistes, hommes de lettres, chaque intervenant a tenté de présenté à sa façon la facette de l’homme qu’il a connu soit directement, soit indirectement par la littérature sur sa vie politique.
Ce qu’il faut retenir d’essentiel sur les témoignages et les analyses concernant Thomas Sankara, tous ceux qui ont intervenu sont unanimes sur sa vision et son pragmatisme en matière de développement. Sur cet aspect, le Colonel Bernard Sanou et Alfred Sawadogo, proches collaborateurs Thomas Sankara ont tous magnifié l’avance de l’individu sur son temps, toute chose qui n’était pas pour l’aider à avancer facilement dans la voie de développement qu’il avait en tête car tout le monde n’était à son stade.
L’aversion de Thomas Sankara pour la paresse, la corruption, l’exploitation de l’autre a fait également l’objet de témoignages édifiants. Dans son intervention concernant la politique administrative du CNR, Pr Augustin Loada a insisté sur le sens du sacrifice et l’intérêt général que Thomas Sankara a voulu inculquer aux agents de l’Etat. Et dans cette option, la corruption avait naturellement sensiblement diminué pour ne pas dire disparu. Et pour lui, il s’agit là d’un exemple de sillon en matière de bonne gouvernance dont on devrait s’inspirer pour la culture des bonnes mœurs dans l’administration publique.
La crise au sein du CNR, le développement de la traitrise et les pratiques complotistes contre Thomas Sankara sont des sujets sur lesquels l’on a enregistré des informations aussi plurielles qu’édifiantes. Sur ces aspects, les intervenants se sont accordés sur le fait que l’entourage de Thomas Sankara était tout sauf révolutionnaire de conviction. Les amis de Thomas Sankara, à commencer par Blaise Compaoré, n’avaient pas d’ambition pour la révolution et le bien-être des masses. Ils n’avaient pas le même rêve de Thomas Sankara sur l’avenir et le devenir du Burkina Faso. Ce sont des gens qui avaient de l’ambition pour leurs seules personnes. Une situation qui n’était pas facile pour le père de la révolution de la révolution qui a du faire l’objet de tous les sabotages possibles. Et dans cette dynamique qu’il y a eu l’avènement du 15 octobre 1987.
Un dernier point saillant développé au premier de ce colloque : l’universalité et la pérennité de l’idéal sankariste. Sur cet angle, les propos ont ressassé la réalité selon laquelle, n’en déplaise aux détracteurs de Thomas Sankara, la personnalité et l’idéal qu’il a su incarner restent indéniablement des modèles universels à suivre si l’on veut gagner le pari du développement durable et de la dignité dans une vraie liberté.
Le colloque se poursuit le 27 octobre avec d’autres panels sur le rêve économique de Thomas Sankara, son idéal géopolitique, sa vision à l’ère de la mondialisation et la question de la réappropriation de son idéal dans le contexte actuel.
Anselme Marcel Kammanl
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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