Les responsables de l’Unité d’action syndicale (UAS) étaient le mercredi 25 octobre 2017 face à la presse. Objectif : Se prononcer sur la gouvernance politique, économique et sociale, la vie chère et l’insécurité grandissante au Burkina. Pour dénoncer la situation actuelle, les syndicats organisent une marche-meeting le 4 Novembre 2017 à la Place de la Nation.

La situation du Burkina post-insurrection n’est pas reluisante. C’est le constat fait par les syndicats au cours d’une conférence de presse à Ouagadougou. Entouré d’autres responsables syndicaux, Bassolma Bazié, secrétaire générale de l’Unité d’action syndicale a fait un tour d’horizon de la situation nationale à quelques jours de la commémoration du troisième anniversaire de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014.

Gouvernance défaillante

En choisissant de donner de la voix à une semaine de la commémoration de l’insurrection de 2014, les syndicats veulent attirer l’attention des dirigeants actuels sur la faiblesse de la gouvernance. Selon les responsables syndicaux, le Burkina souffre d’un manque de gouvernance vertueuse.

Concernant l’Exécutif, Bassolma Bazié a pointé du doigt des nominations constables impliquant des dignitaires de l’ancien régime soupçonnés de malversations financières, l’affaire des 57 véhicules de la présidence qui restent jusqu’à introuvables, la mauvaise gestion du patrimoine minier et foncier ainsi que l’absence de textes dans les ministères des finances, de l’urbanisme et de la jeunesse sur la gestion du carburant. « Le rapport de l’ASCE/LC précise que les consommations irrégulières du carburant remontent 250, 558 millions de francs CFA dont 98,13% proviennent de la Présidence du Faso », a indiqué Bassolma Bazié.


Poussant plus loin sa réflexion, il fustige l’initiative de cotisations pour soutenir les efforts du gouvernement. « Les syndicats ne peuvent pas s’engager dans cette initiative. En 1974, des négociations avec les syndicats avaient permis l’instauration des IUTS pour un an. L’initiative a été renouvelée pour un an encore. Mais par des manœuvres bizarres, ces IUTS ont été maintenus jusqu’aujourd’hui. En plus, il manque une gouvernance vertueuse. On ne peut pas maintenir les mêmes salaires et avantages pour les ministres que ceux d’avant l’insurrection et aussi accepter que des gens qui sont venus d’ailleurs obtiennent le même montant que leurs salaires de là-bas en étant au gouvernement ici et demander que les gens cotisent pour soutenir des efforts du gouvernement. De quels efforts s’agit-il ? Moi Bassolma Bazié, je serai prêt à donner même la moitié de mon salaire si ceux qui sont au pouvoir montraient qu’ils faisaient des sacrifices », a-t-il laissé entendre.

L’Assemblée nationale et la justice aussi dans le pain

La représentation nationale et la justice sont aussi passées dans le scanner de Bassolma Bazié. Aux députés, il reproche l’histoire des tablettes, les millions touchés à la fin de l’année ainsi que les 235 missions effectuées hors du Burkina sans pièces justificatives. A ce propos, il estime que la lumière doit être faite sur cette affaire.

La justice burkinabè souffre de plusieurs maux. La falsification de décision de justice dans une haute juridiction, l’annulation des mandats d’arrêt internationaux contre Guillaume Soro et Blaise Compaoré, la mise aux ordres des juridictions ainsi que les libertés provisoires accordées tout azimut dans les affaires de l’insurrection et du coup d’Etat manqué de septembre 2015.

La vie chère, le quotidien des Burkinabè


De la mal gouvernance découle, selon le conférencier, la vie chère. « Il y a deux types de Burkina : celui dans lequel il y a l’abondance beurrée de l’impunité ; et celui dans lequel manger à sa faim est jusque là un rêve », a-t-il précisé. Afin d’y remédier, il a exigé que la situation des ex-travailleurs des garderies populaires, des travailleurs de l’Hotel SOPATEL Silmandé, des enseignants recrutés sur mesures nouvelles ainsi que des inspecteurs et contrôleurs du travail soit examinée le plus rapidement possible.

A propos de la sécurité qui est de plus en plus mise en mal au Burkina, l’UAS estime que l’origine du mal provient « des collaborations incestueuses entre le régime Blaise Compaoré auquel ont appartenu les ténors du régime actuel en tant que piliers et vrais architectes ». « Ce ne sont pas les déclarations d’intention ou la multiplication des fora qui pourraient trouver les réponses efficaces et efficientes face à cette insécurité grandissante », a-t-il prévenu. Avant que seule la « moralisation des FDS à travers une gouvernance vertueuse et transparente, l’exemplarité de la hiérarchie » pourra permettre de lutter efficacement contre l’insécurité. Pour cela, il a proposé que les enfants des éléments des FDS morts lors d’une mission de sécurisation du pays perçoivent le salaire de leur père jusqu’à leur majorité.

Des propositions qui restent pour l’instant non entendues par les autorités politiques du Burkina Faso. Et pour se faire entendre, les syndicats organisent une marche-meeting le 4 Novembre prochain à la Place de la Nation.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

Jacques Théodore Balima

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Source: LeFaso.net