La situation nationale au Burkina Faso, méritait et nécessitait une refondation de la gouvernance à la rentrée gouvernementale de début septembre 2017. Le décès du président de l’Assemblée nationale le 19 Août 2017, est venu amplifier ce besoin de reforme de la situation politique et économique, par la responsabilisation d’hommes et de femmes rompus à la tâche, patriotes avec des expériences confirmées de gestion des affaires publiques. L’actuel gouvernement a suffisamment démontré ses limites. Il urge d’insuffler du sang neuf à l’exécutif. Pour ce faire, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré devrait changer vite et bien de fusil d’épaule sinon, il risque de ne pas avoir d’arguments pour justifier les contre performances de son régime à 2 ans de la fin de son premier quinquennat (2015-2020).

Du 29 décembre 2015 à Août 2017, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a bouclé 20 mois à la tête de l’Etat burkinabè. La situation nationale de ces deux dernières années est marquée par des difficultés à amorcer la relance économique et à assurer les investisseurs. Au plan politique, c’était plutôt une avalanche d’actes de défis contre l’autorité de l’Etat à travers des grèves intempestives. De même, une cacophonie dans les relations entre l’exécutif et le législatif, avait crée un climat qualifié de bicéphalisme au sommet de l’Etat.

Cet antagonisme entre les personnalités de ses 2 institutions, avait été justifié avec un bémol du président du Faso, qui avait seulement reconnu, qu’il y avait une différence de tempérament entre lui et le président de l’Assemblée. Cela était une évidence, car, pendant que le président Roch Marc Christian est caricaturé par l’opinion publique comme un moteur diesel, lent à amorcer la vitesse de croisière, le défunt président de l’Assemblée nationale était tout à fait le contraire, un fonceur qui démarrait au 1 /4 de tour et qui avait la volonté ferme d’aboutir vite à des résultats concrets dans les actions de développement national. Paix à son âme. A présent, le président Kaboré n’aura plus d’excuses pour traîner les pas dans la réalisation de son programme de gouvernement avec la fin de ce bicéphalisme qui lui laisse les mains libres pour s’assumer pleinement.

Eviter l’effet pervers d’un mauvais entourage

En Afrique, il est de coutume de déclarer que le chef est bon, mais c’est son entourage qui est mauvais. Il s’agit là en fait, d’une insulte au chef lui-même car, sa responsabilité est pleinement engagée dans la qualité des hommes de son entourage, pour lesquels, il se doit d’opérer des choix basés sur la probité, la compétence et l’ardeur au travail. Il est plus que jamais temps, que le président Kaboré mette activement en œuvre, l’image d’homme de paix et de rassemblement dont il est crédité. Il devra éviter d’être l’otage des ressortissants de sa région du plateau-central, sans pour autant les abandonner.

En sa qualité de président de tous les Burkinabè, il convient qu’il veille au développement équilibré des différentes régions du pays , en responsabilisant les citoyens en fonction de leurs compétences et mérites, sans discrimination de leur appartenance politique ou religieuse. Si nécessaire, il peut même constituer un gouvernement d’union nationale et prendre en compte les critiques et propositions pertinentes des déférentes composantes de la nation dans l’intérêt général. Les acteurs politiques doivent bannir à jamais de leurs propos et comportements, l’arrogance, la pensée unique, qui ont longtemps été des causes de la haine et de la division sociale au Burkina durant les 30 dernières années.

Les limites objectives du gouvernement THIEBA

Le Premier ministre Paul Kaba THIEBA n’a pas eu la tache facile car, dès son arrivée, il a été accusé à tort, de ne pas connaitre les réalités du Burkina. Mais au fur et à mesure, le Premier ministre s’est avéré comme étant un personnage qui n’a pas une carrure politique, avec un langage souvent maladroit. Il n’arrive pas à imprimer la personnalité qui sied pour un chef de gouvernement, qui n’est visiblement pas la fonction qui lui convient, mais plutôt celle du banquier qu’il a longtemps été. Il faut savoir néanmoins rendre hommage à monsieur THIEBA, pour sa bonne volonté d’apporter sa contribution au développement du Burkina. Il a fait de son mieux et est parvenu à ses limites.

Il est donc temps, que le président trouve un autre Premier ministre plus actif et efficace, pour impulser son projet de société dont, la concrétisation se fait fortement attendre. Une attente en termes de logements décents pour les populations, de santé, notamment par la mise en œuvre de l’assurance maladie universelle, qui tarde trop à voir le jour, la promotion d’emplois et de micros crédits, pour les couches sociales exclues du secteur bancaire traditionnel pour insuffisances de garanties etc…

Pour la composition d’un gouvernement de résultats, le président du Faso devrait pouvoir se doter d’un répertoire de compétences de Burkinabè dans l’administration publique, pour des choix efficients, en fonction des expériences avérées des uns et des autres, dans la gestion des affaires publiques. Faire un dosage adéquat entre anciens et jeunes. Mais, éviter de parachuter des jeunes dans le gouvernement sans expérience d’au moins 5 ou 10 ans dans des rôles progressifs de responsabilité dans la conduite des affaires publiques.

Les gens font souvent une mauvaise comparaison de l’accession des jeunes au pouvoir, par une mauvaise lecture de l’exemple du président français Emmanuel MACRON. Le président MACRON n’est pas parvenu au sommet de l’Etat français ex nihilo. Il y a une traçabilité de sa carrière où l’on voit qu’il a assumé des fonctions administratives et bancaires, avant de progresser dans la vie politique. Il avait donc une expérience dans le management des ressources humaines et financières. Cela constitue une base solide pour réussir des activités politiques et gouvernementales.

Par conséquent, le président Kaboré devra rester très vigilant pour ne pas être l’otage de personnages opportunistes politiques et de la société civile, mus par des intérêts bassement matériels, sans expériences et compétences confirmées dans la conduite des affaires publiques. Ces genres de personnages ne peuvent pas l’aider à atteindre des résultats concrets et rapides dans la mise en œuvre de son programme de gouvernement. Bon discernement et bonne chance au président du Faso, pour une refondation qualitative de la gouvernance nationale au profit de la nation et de tous les citoyens.

Il faut y veiller vite et bien, en renforçant la sécurité, pour ne pas laisser place au flottement, suite aux drames mortels d’Août 2017 car, les terroristes exploitent souvent les moments de baisse de vigilance lors d’événements sociaux dans les pays qu’ils frappent. Pour le cas du Burkina, les attaques terroristes du 15 janvier 2016 contre le restaurant Cappuccino, sont survenues au moment des tâtonnements pour la formation du gouvernement. Les attaques du café restaurant Aziz Istanbul du 13 Août 2017, ont eu lieu durant les vacances gouvernementales. Alors, vigilance, vigilance.

Par un citoyen
Issa Fidèle Coulibaly

Source: LeFaso.net