La drogue continue de faire des ravages. Comme une hydre, elle étend ses tentacules dans toutes les classes sociales. Plus inquiétant encore, en milieu scolaire. La communauté internationale commémore chaque 26 juin, la journée mondiale de lutte contre la drogue. A Ouagadouou, l’ONG Sagle Taaba (conseillons –nous), qui œuvre dans le domaine depuis des décennies a organisé une série d’activités dans le cadre de la sensibilisation. Elle a tenu une conférence de presse le 30 juin 2017 dernier à son siège à cet effet.
« On entre facilement dans l’univers de la drogue, mais on en sort difficilement ». C’est la conviction des acteurs de la lutte contre la consommation de la drogue. « Sur 100 gosses qu’on envoie en cure, un ou deux seulement s’en sortent », précise Ousséni Touré, fondateur et administrateur général de l’ONG Sagle Taaba qui est engagée dans la lutte depuis maintenant deux décennies. Fort de son expérience dans le domaine, il insiste : « Il faut empêcher les enfants d’y toucher par tous les moyens ».
Pour rêver quelques temps en pensant donner un sens à sa vie, par la consommation de la drogue, on en vient à cauchemarder toute sa vie, et à en mourir. C’est en ces quelques mots que Ariane Monvert de Action de formation en éthique au Burkina, partenaire de l’ONG, résume les débuts et la fin d’un toxicomane.
Pour elle, il ne s’agit pas de lutte contre ceux qui en consomment, mais plutôt contre les réseaux à qui profite ce phénomène. « La répression augmente le phénomène », a-t-elle poursuivi.
La sensibilisation sur les conséquences de la consommation de la drogue est donc ce qui tient à cœur l’ONG Sagle Taaba. Elle l’a réitéré ce 30 juin 2017. Le phénomène a pris de l’ampleur ces dernières années au Burkina Faso. Aucun secteur n’est épargné. Sur les sites aurifères, à la périphérie des grandes villes, dans les universités, les lycées et collèges…la drogue est consommée.
« La consommation de la drogue frappe à tous les niveaux de classe sociale mais particulièrement les jeunes parmi les populations pauvres des bidonvilles qui s’installent en bordures des grandes villes, les travailleurs des sites aurifères, les détenus et les étudiants… », a expliqué le fondateur de l’ONG.
L’ignorance de l’ampleur du phénomène, les dangers de la dépendance et les questions de prise en charge des personnes dépendantes ont été abordés par les conférenciers.
Le Burkina qui était un pays de transit des drogues de toutes sortes, fait face maintenant à une augmentation de la consommation. Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le pays a une position vulnérable qu’utilisent les passeurs. La porosité des frontières aidant, ces substances ne font plus que passer, mais trouvent de plus en plus des consommateurs sur place.
- Ousséni Touré
Ousséni Touré et ses camarades ont également noté avec regret que « parallèlement au marché d’héroïne et cocaïne qui transite par le Burkina, la vente sauvage de médicaments appelés « médicaments de rue », ne faiblit pas ».
A travers des séances de sensibilisations dans les quartiers de la ville de Ouagadougou, une journée portes ouvertes, des messages dans les médias et bien d’autres activités, l’ONG Sagle Taaba à sensibilisé la jeunesse sur l’importance de cette journée. Il a été rappelé au public, les conséquences liées à la consommation des drogues licites comme illicites.
Les conférenciers ont surtout regretté l’absence de réponse conséquente et de soutien au niveau central, ce qui risque d’aggraver la situation, car, ont-ils indiqué, la seule répression ne peut résorber le fléau. Malgré les textes réglementaires, la répression, la drogue continue de briser des vies, souvent si jeunes. Il faut donc des initiatives et des actions courageuses de prévention, de prise en charge des toxicomanes. La formation des acteurs qui œuvrent dans la lutte au niveau central, décentralisé et des acteurs de la société civile, est également une piste non négligeable dans la croisade contre la drogue.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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