Suite à l’agression d’un animateur par des artistes membres de CORA-BF le mercredi 28 juin 2017 aux environs de 9h30 à la radio Oméga, des organisations professionnelles des médias audiovisuels burkinabè ont réuni des journalistes ce jour lundi 3 juillet 2017, pour faire part des décisions qui ont été prises.

En rappel, le mercredi 28 juin, un groupe d’artistes se réclamant de l’association CORA-BF, sous le prétexte de remettre une lettre de protestation à la Direction de la radio, s’est introduit dans le studio de la radio pour en déloger l’animateur Hamed KOSSA qui selon eux ne jouerait pas assez de musique burkinabè pendant ses émissions. Suite à cet acte, la radio a choisi dès les jours qui ont suivi de faire recours à la voie judiciaire pour régler l’affaire.

Ce lundi 3 juillet 2017, c’est au tour des organisations suivantes : UNALFA (représentée par son président Charlemagne ABISSI), UBESTV (représentée par le président Issoufou SARE), AJB (représentée par le président Guézouma SANOGO), le SYNATIC (le secrétaire Général Siriki DRAME), J2C (le secrétaire exécutif Boukari ZOANGA), PlumAlerte (le président Richard TIENE), 2ART-BF (le président Alexis PALE) de nous faire part des décisions qu’elles ont à l’unanimité prises. Avant de faire part des actions qui seront entreprises, le présidium a décidé de faire un rappel de certains principes de base dans le fonctionnement des médias :

1. Il existe des médias généralistes et des médias thématiques y compris dans un genre musical spécifique donné

2. Le pourcentage de musique burkinabè convenu avec les autorités administratives de régulation s’applique au média sur l’ensemble de sa diffusion et non pas une émission qui peut avoir une ligne musicale ou éditoriale spécifique

3. Un média privé, nonobstant son obligation conventionnelle, est fondamentalement tenu par des exigences d’audience, donc par le choix de son public, et dans ce cas c’est le choix de son public qui définit sa Playlist.

« Pour réclamer qu’on joue sa musique il faudrait d’abord faire de la bonne musique car nous avons un public à satisfaire. Personne ne s’inquiète de savoir comment les medias privés burkinabè fonctionnent. Avec la mondialisation, ces médias dépensent ce qu’ils ont gagné la veille et quand ça ne plait pas, l’auditeur zappe et ce sont des recettes en moins », explique charlemagne ABISSI président de l’UNAFA.


Après ce rappel, les mesures suivantes ont été prises par ces organisations professionnelles des médias :

1. La suspension de la diffusion sur les antennes des œuvres et des activités de promotion de tous les artistes impliqués dans cette agression jusqu’à nouvel ordre. De même, toute activité ou manifestation qui invitera un de ces artistes sera boycottée par les médias signataires. Les artistes concernés sont ceux qui ont été vus sur la vidéo mise en ligne. En attendant la liste définitive on peut citer : Sana Bob, Petit docteur, Bam Raddy, Océan, Iron Bender, Africa le Fou, Ismo Vitalo, Rasta Négro, Ima Hado, Dabs et Robert ILBOUDO (arrangeur).

2. Le boycott de toutes les activités de la CORA-BF jusqu’à nouvel ordre

3. Une journée nationale de protestation contre toute forme de violence et d’agression à l’encontre des journalistes et des médias le mercredi 05 juillet 2017

4. Une journée de protestation avec des émissions musicales sans animateurs le mercredi 05 juillet 2017, intercalées de messages de protestation en guise de solidarité à l’animateur qui a été agressé

Les organisations professionnelles signataires se sont ensuite engagées à :

1. Soutenir et à accompagner la procédure judiciaire initiée par la radio victime en vue d’obtenir justice et réparation de ces actes de violences physiques et psychologiques dont les conséquences sont loin d’être maitrisées ;

2. Invitent le conseil supérieur de la communication, le ministère de la culture, le ministère de la communication et le ministère de la sécurité à se prononcer sur la question

3. Souhaitent que la question de la sécurisation des médias privés, soulevée depuis les mutineries de 2011 et après le coup d’Etat de septembre 2015 soit prise à bras le corps par le gouvernement.

4. Elles invitent la radio Oméga à ne déroger à rien à sa ligne éditoriale et musicale qui fait son identité


Pour rappel, PlumAlerte avait organisé une marche en 2013 pour demander le respect des quota de musique burkinabè dans la programmation musicale des médias dont 40% pour les médias commerciaux et 60% pour les médias communautaires et religieux en vue de prévenir ces incidents. En son temps déjà, menaçaient d’aller déloger les animateurs qui ne font pas la promotion de la musique burkinabè. Aussi, cette année, le CSC a organisé un atelier avec la CORA-BF comme participant. Cet atelier n’a pas abouti à un accord car la CORA-BF exigeait que 90% des musiques jouées soient exclusivement burkinabè, ce qui est une utopie de l’avis des hommes de médias, car même culturellement un pays ne peut vivre en autarcie. Selon les conférenciers, ces mesures ne sont pas des règlements de compte, elles visent juste à remettre les pendules à l’heure.

Ernestine W. OUEDRAOGO (le stagiaire)

Lefaso.net

Source: LeFaso.net