Ce vendredi 30 juin 2017, le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a levé le voile sur son rapport annuel 2016 relatif à l’état de la corruption au Burkina Faso. L’enquête a été réalisée dans les 13 chefs-lieux de région du pays, en plus de la ville de Pouytenga. La cérémonie de lancement a été jumelée à la remise des prix de la 11e édition du jeu concours Kouka.

La hiérarchie a été bousculée dans le classement des services, selon le secrétaire exécutif du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), si on considère le degré de corruption perçu par les enquêtés. Ce vendredi 30 juin 2017, Dr Claude Wetta l’a fait savoir au cours de la cérémonie de lancement du rapport annuel 2016 sur l’état de la corruption au Burkina Faso. En effet, d’après les résultats de l’enquête, la police municipale occupe en 2016 la première place. Les marchés publics restent également dans le collimateur des services perçus comme les plus corrompus en se positionnant à la deuxième place. De ce fait, Claude Wetta s’est inquiété du fait que le gouvernement ne semble pas avoir pris la mesure des risques avec l’allègement des conditions de recours aux procédures d’entente directe dans la passation des marchés. Le trio de tête se referme avec la douane qui s’adjuge la troisième place.

Une remontée inquiétante de la police et de la gendarmerie

Classée toujours au-delà de la 8e place depuis 2008, la gendarmerie nationale est montée en force en occupant le 4e rang. Il en est de même pour la police nationale qui se positionne cette année au 9e rang, alors qu’elle avait réussi à se hisser à la 11e place en 2015.

A en croire le secrétaire exécutif du RENLAC, cette dégringolade « catastrophique » de la police et de la gendarmerie est lié au développement du terrorisme. En effet, il a expliqué que le dispositif de contrôle et de sécurité sur toute l’étendue du territoire suite aux attaques terroristes du 15 janvier 2016, a accru les opportunités de rackets sur les axes routiers.

En revanche, il ressort de l’enquête que la Direction générale du transport terrestre et maritime a amélioré son score en passant du 4e rang en 2015 au 8e en 2016. Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, la délivrance des cartes crises et l’obtention des permis de conduire sont toujours cités comme des actes entachés de pratiques de corruption.

81% des personnes enquêtées se déclarent optimistes

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Des organisations partenaires étaient présentes à la présentation du document

En dépit de la situation, le RENLAC note quelques avancées positives. L’une d’elles est que 81% des personnes enquêtées croient en la possibilité de réduire la fréquence du fléau de la corruption dans notre pays. Pour ce faire, ils estiment que le gouvernement doit principalement infliger des sanctions exemplaires et dissuasives aux auteurs d’actes de corruption.

L’analyse de l’état de la lutte contre la corruption en 2016 a été faite selon l’action des acteurs étatiques d’une part et celle de la société civile et des médias de l’autre. En ce qui concerne le premier point, M. Wetta a signifié que les institutions et les gouvernants n’ont pas été à la hauteur de leurs propres engagements, encore moins des attentes légitimes du peuple en matière de lutte contre la corruption.

En effet, « l’on a assisté à des violations de la loi anticorruption au sommet de l’Etat et à des révélations de scandales de mal gouvernance, qui ont éclaboussé aussi bien l’exécutif, le législatif que le judiciaire », a-t-il soutenu. En outre, dans la gestion des comptes publiques et celle de la chose publique en générale, l’ASCE/LC et la Cour des comptes ont produit des rapports dénonçant des malversations.

Quant aux acteurs non étatiques comme la société civile et les médias, ils ont, à travers leurs actions, contraint le gouvernement et le parlement à revoir leur copie, notamment dans la gestion du scandale des tablettes offerts aux députés. « Elles ont contribué également à l’organisation de la veille citoyenne qui semble toucher progressivement un large éventail de catégories socioprofessionnelles », ajoute le secrétaire exécutif du RENLAC.

Présents à la présentation du rapport, des responsables d’organisations partenaires en ont reçus des copies.

Des lauréates récompensées

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Des lauréates récompensées

La présente cérémonie a été précédée par la proclamation et la remise des prix du jeu concours Kouka. Pour cette 11e édition, ce sont au total 2047 candidats qui ont pris part. Dans la catégorie du primaire, c’est Somfida Mariette Innes Kawassé de l’établissement Saint Vincent de Paul de Tenkodogo qui a remporté le 1er prix. Du côté du secondaire, Jessica Marie Rose Kando du lycée provincial de Boromo est le grand vainqueur. Elles ont respectivement reçu des prix en espèce et en nature constitué d’une bourse d’étude de 100 000 F CFA, un vélo, des friandises, des sacs, des cahiers RENLAC, des tee-shirts, le rapport 2016 plus une loi anticorruption.

En outre, le RENLAC a attribué un prix spécial pour la participation féminine à Fahouziya Aminata Traoré et Cherifa Charlène Ouattara. Elles sont reparties chacune avec une bourse d’étude de 25 000 FCFA, un sac, un cahier RENLAC, un tee-shirt, des friandises, du rapport 2016 et une loi anticorruption.

Le jury a félicité le réseau pour ses efforts consentis pour l’éradication du phénomène de la corruption et interpelle une fois de plus, les parents d’élèves et les éducateurs à s’en tenir à leur rôle d’accompagnement des élèves.

Aïssata Laure G. Sidibé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net