Dans l’optique d’une gestion rationnelle basée sur des résultats, le Burkina Faso, à l’instar de plusieurs pays soucieux de la bonne gouvernance, a opté courant 2010/2011 pour le système d’appels à candidatures pour le recrutement de directeurs généraux des Etablissements Publics de l’Etat(EPE) et des Sociétés d’Etat(S.E).

Ce système qui a l’avantage de promouvoir les compétences et d’amenuiser les risques d’une politisation de l’administration publique est de plus en plus subtilement contourné par des membres du gouvernement pour des nominations partisanes d’amis. Force devant rester à la loi, il convient que les textes régissant l’appel à candidature soient respectés dans l’esprit de la bonne gouvernance et de la redevabilité où que le gouvernement y renonce officiellement en justifiant un tel revirement.

Face à de nombreux griefs formulés par des citoyens contre des actes patents de politisation de l’administration publique burkinabè, l’ex Premier ministre Tertius Zongo qui avait déjà enclenché des actions vigoureuses contre l’usage abusif des véhicules de l’Etat, a engagé à partir de 2010, le gouvernement dans le système d’appels à candidatures pour le choix des DG d’EPE et S.E. Une commission interministérielle chargée de l’administration pour le choix des DG ,a été mise en place et relève de la tutelle du Premier ministère. Cette commission semble végéter dans une léthargie incompréhensible.

Les textes règlementaires ont bien signifié que les choix des DG d’EPE dont les hôpitaux publics, doivent se faire par appels à candidatures. Ainsi, une série d’hôpitaux notamment les Centres Hospitaliers Régionaux(CHR) de Gaoua, Banfora, Koudougou, Tenkodogo, Kaya les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) Souro Sanou de Bobo-Dioulasso et Ouagadougou ont eu des DG sélectionnés par appels à candidatures pour un contrat de trois(3) ans, renouvelable une seule fois. Courant les années 2012/2013, certains de ces DG ont bénéficié du renouvellement de leur contrat. Pour d’autres, ce fut la résiliation pour insuffisances de résultats.

En 2017, la quasi-totalité des DG de services de santé dont les contrats ont été renouvelés (Laboratoire National de Santé Publique(LNSP), Société de Gestion de l’Equipement et de la Maintenance Biomédicale (SOGEMAP), CHU Yalgado, CHR de Gaoua etc… seront en fin de mandat entre Août, Septembre et Octobre 2017.

Habituellement, les Conseils d’Administration(C.A) de ces EPE procèdent au moins 3 mois à l’avance au lancement des communiqués des appels à candidatures en donnant 1 mois aux potentiels postulants pour déposer leurs dossiers. Ensuite, la commission interministérielle planifie les enquêtes de moralité, présélectionne les profils appropriés pour entretiens avec le jury avant d’aboutir à la proclamation des candidats sélectionnés au regard de leurs profils de gestionnaires des hôpitaux, de managers, de gestionnaires de ressources humaines etc…et de leur probité avérée après les enquêtes de la police judiciaire et de l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat.

Tout ce système qui fait appel aux compétences de cadres burkinabè pour une compétition ouverte dans la gestion de l’administration publique, constitue l’un des meilleurs moyens de la bonne gouvernance. En France, et dans de plusieurs pays anglo-saxons, le choix de DG et hauts responsables de sociétés d’Etat ,se fait par voie de compétition à travers un concours .Par conséquent, il importe que le Premier ministre Paul Kaba THIEBA, dans l’esprit de la continuité de l’Etat, puisse demander à la commission interministérielle de lui faire le point des différents contrats d’appels à candidatures afin que les dispositions soient prises pour le lancement des mandats en voie d’expiration. Car, l’impression est donnée que des ministres feignent d’ignorer la fin de certains contrats pour pouvoir exploiter à leur profit, les dispositions exceptionnelles, arguant des limites de temps pour nommer d’urgence des DG acquis à leur cause, ce qui expose à des risques de copinage pour une gestion affairiste des marchés publics.

Dans le secteur de la santé, les DG des hôpitaux publics de Koudougou, Tenkodogo et Bogodogo ont été directement nommés par des ministres sans aucune situation d’urgence pour contourner l’appel à candidatures. Il en fut de même pour la nomination du DG de la Société Nationale d’Aménagement des Terrains Urbains(SONATUR) etc…

A l’épreuve du temps, il conviendrait de consolider les acquis du système d’appels à candidatures en élargissant la commission interministérielle à des personnes moralement, professionnellement et patriotiquement valeureuses dont, des universitaires et inclure la prestation de serment de ses membres devant les juridictions compétentes. Il faut bannir à jamais la mentalité saugrenue selon laquelle chaque ministre vient avec ses hommes comme s’il s’agit de transformer la gestion de l’administration publique en entreprise privée, familiale. Cette attitude crée un désordre dans les ministères où des responsables nommés à peine 3 ou 6 mois, se voient remplacer à chaque remaniement ministériel. Le système d’appels à candidatures permet de fixer des résultats précis à atteindre au bout de 3 ans .Les conseils d’administration évaluant annuellement les résultats, peuvent même résilier avant les 3 ans le contrat d’un DG inopérant.

La réussite du Programme National de Développement Economique et Social(PNDES) ne saurait s’accommoder avec des pilotages à vue dans la gestion de l’administration et du dénier publics. Pour ce faire, appel doit être fait aux compétences de tous les citoyens sans discrimination pour bâtir une nation juste et prospère.

Par un administrateur des hôpitaux

Source: LeFaso.net