Le gouvernement doit impérativement revoir ses copies en matière de reddition de comptes en direction des populations. Car, pour un message qui est adressé à tout le peuple, il n’est pas besoin de s’élever à un niveau de conscience supérieur pour le comprendre.

En l’espace d’une semaine, la plupart des propos du gouvernement ou la plupart de ses dossiers techniques ont été, semble-il, mal compris ou mal interprétés par l’ensemble de la classe politique, de la société civile et des populations. Une situation qui l’a emmené parfois à organiser des cadres de rencontres pour réexpliquer sa pensée. En guise d’illustration, l’on peut citer ici :

 Le compte rendu du conseil des ministres du 7 juin 2017, en son chapitre relatif à l’acquisition de véhicules au profit de l’administration ;

 Le débat provoqué sur le projet de révision du code électoral ;

 Le sujet sur le vote des burkinabè de l’étranger à partir de 2020.

Aussi, dans un passé récent, dans le cadre du projet de révision du droit de grève au Burkina, c’est Molière qui a failli être réveillé pour venir expliquer simplement l’idée du gouvernement.

Pourquoi alors se confiner dans un style qui entretient un flou artistique sur des sujets aussi simples à expliquer. Aujourd’hui, tous ceux qui s’accusent dans cet imbroglio sont tous issus des mêmes écoles et ont été parfois même des promotionnaires. Mieux parmi eux, certains ont été des professeurs des autres. Donc, un problème de français ne devrait pas se poser à ce niveau.

En outre, sauf erreur de notre part, le gouvernement actuel comprend en son sein trois ministres issus du monde de la communication. A ceux-ci, il faut ajouter le Haut Représentant du chef de l’Etat qui est doté d’une solide expérience en matière de communication sur toutes ses formes, puisque lui aussi participe à la gestion du pouvoir d’état. Tout cela constitue un atout qui devrait, à notre sens, permettre au gouvernement de réussir sa communication en direction de ses partenaires sociaux, voire de la population toute entière. Encore que nous sommes dans un climat délétère, où il faut éviter ce qui ressemble à de la suspicion. Ne dit-on pas que tout ce qui est clair s’énonce aisément ?

Norbert ZONGO, journaliste de haut niveau, homme de lettres et écrivain de son état s’était toujours adressé à son auditoire en français simple. Le Docteur Laurent Koudou GBAGBO s’exprimait en français accessible à tous. Même les élèves du primaire comprenaient leur message. C’est cela la communication et non l’art de faire de belles lettres.

En matière de communication, il faut savoir que le message est aussi important que la manière de le rendre. Malheureusement, force est de constater que ce n’est pas toujours le cas pour le moment et les récentes grognes sociales doivent interpeller le gouvernement sur sa manière de communiquer avec les populations. Le français soutenu doit s’utiliser dans les travaux techniques des conseils des ministres, le résumé des travaux qui sera présenté aux citoyens lambda que nous sommes doit l’être dans un registre populaire.

SAWADOGO Issa

Expert en communication pour le développement

Source: LeFaso.net