Du sang autour d’un bonnet rouge. Le samedi 20 mai dernier à Mogandé (village situé dans la commune de Bittou à moins d’une dizaine de kilomètres de la frontière avec le Ghana), deux morts et des blessés ont été enregistrés dans une affaire de chefferie coutumière. Depuis, les esprits semblent apaisés. Mais un citoyen de la localité tire la sonnette d’alarme. La raison, les armes de guerre qui ont été utilisés lors de l’attaque. D’une manière générale, armes et drogue circulent dans cette zone frontalière. Drissa Zampaligré qui nous a rendu visite, demande à l’autorité de se pencher sur cette poudrière silencieuse.

Loin de la capitale, et parfois sans que la presse n’en fasse échos, Bittou dans la région du Centre-Est à la frontière avec le Ghana connait une insécurité grandissante. La drogue et des armes de guerre y circulent, selon Drissa Zampaligré ressortissant de la localité.

« La zone est particulièrement sensible, il y a quelques semaines, en pleine journée, il y a un commando, un groupuscule de bandits lourdement armés qui est venu attaquer un dépôt d’argent d’une compagnie téléphonique en pleine journée. Il est reparti vers le Ghana qui est à une dizaine de km de là avec pas moins de 6 millions », rappelle-t-il.

Des cas de ce genre sont légion dans cette partie du territoire, véritable melting pot, où cohabitent Burkinabè, Togolais, Ghanéen…

Quand les bandits interviennent dans la zone, c’est toujours avec des armes de guerre, indique Drissa Zampaligré qui se demande bien comment des individus peuvent se déplacer allégrement « avec tant d’armes », sans être inquiétés. « Plusieurs fois, ils sont venus canarder les gens dans leurs maisons ».

La goutte d’eau du 20 mai

Dans le village de Mogandé à 15 km de Bittou, à quelques kilomètres de la frontière avec le Ghana, une intronisation de chef coutumier a tourné à l’affrontement. Nous sommes le 20 mai 2017. « Il y a un camp qui s’est réuni pour désigner ses chefaillons dans une cour. Pendant qu’ils étaient réunis, un groupe a surgi avec des armes, certains étaient postés autour de la concession, il y aurait même eu des tireurs d’élite dans le groupe ». Les visiteurs ont tiré sur la foule. Résultat : deux mort et de nombreux blessés.


Drissa Zampaligré se demande si ce déferlement de violence était réellement pour le bonnet rouge, ou si cela cachait des desseins inavoués. « Quand on voit le motif supposé et le langage utilisé, on se pose des questions s’il n’y a pas d’autres raisons… Si on laisse ces genres de situation se répéter, des bandits mus par d’autres intentions peuvent profiter s’infiltrer et faire du n’importe quoi au nom d’un soit disant conflit, alors qu’ils ont d’autres objectifs ».

« A l’échelle d’individus, de ménages, de villes, il y a toujours eu des rixes, des mésententes et des incompréhensions entre groupes d’individus, c’est permanent. La différence qui peut faire la gravité d’un cas par rapport à l’autre, c’est la manière dont cela est géré…Toutes les manières sont bonnes tant qu’elles n’utilisent pas la violence », ajoute-t-il en se fondant sur différents conflits qu’il a vécus dans d’autres pays africains, et qui sont partis de faits bénins. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net