Coalition « Bori Bana » (en mandingue : fin de parcours). C’est autour de cette appellation que trois organisations de la société civile ont décidé de faire bloc désormais pour interpeller le régime Roch Kaboré. Il s’agit de l’Association pour la promotion de la démocratie et la participation citoyenne (APDC) de Safiatou Lopez (par ailleurs présidente d’honneur du Cadre de concertation national des Organisations de la société civile, CCNOSC), le Citoyen africain pour la renaissance (CAR) d’Hervé Ouattara et le M21 de Marcel Tankoano. Nous vous proposons, in extenso, le discours de lancement de ladite Coalition, prononcé par le porte-parole, Safiatou Lopez, le dimanche, 28 mai 2017 à la Maison du peuple, Ouagadougou.
Mesdames et messieurs les journalistes, avant tout propos, je tiens à vous remercier pour votre disponibilité à couvrir cette activité de lancement de la Coalition Bori Bana
Camarades militants, l’honneur me revient encore en ce jour, pour vous témoigner mes remerciements pour votre mobilisation.
Mesdames et messieurs,
Camarades membres de la Coalition,
Cela fait maintenant plus de quinze mois, le peuple intègre du Burkina Faso, s’est illustré de façon démocratique en accordant sa destinée à un président civil accepté de tous. Cette élection de Rock Marc Christian KABORE, qui a suscité de l’espoir au sein de la jeunesse et des femmes, est en train de se traduire en un désespoir.
En effet, les engagements forts pris pendant les campagnes électorales, et à l’investiture du président du Faso, tardent à se matérialiser, à travers des réformes conséquentes, laissant les populations dans des inquiétudes légitimes. Des signaux inquiétants nous interpellent tous, face à la gestion du pouvoir actuel.
L’autorité de l’Etat tarde à s’affirmer et le citoyen lambda plonge de plus en plus dans la désillusion.
Mesdames et messieurs,
Camarades membres de la coalition,
Les mêmes facteurs, qui ont conduit à la chute de la dictature du régime Compaoré, se mettent progressivement en place. Partout, il y a un défi vis-à-vis de l’autorité de l’Etat. Vous aurez constaté que l’incivisme et la violence physique sont de retour, et il ne se passe pas un jour sans qu’un acte de défiance de l’autorité ne soit visible dans un endroit du Burkina. La violence physique est érigée en forme de justice privée, qui parfois entraine des morts d’hommes. C’est l’occasion, pour la Coalition BORI BANA, de condamner avec la dernière énergie les affrontements entre les populations de Tialgho et les groupes d’autodéfense Koglweogo. La Coalition s’incline devant la mémoire des disparus et souhaite prompt rétablissement aux blessés. Ce qui est arrivé à Tialgho relève simplement de l’irresponsabilité du gouvernement, qui peine à trouver des solutions face aux problèmes d’insécurité et de la recrudescence des violences perpétrées sur les populations.
N’ayant pas fini, de polémiquer sur l’affaire Tialgho, c’est l’agression de l’artiste ADJA Divine, qui fait la une des réseaux sociaux. Vu la cruauté de la scène, aucune âme humaine sensible, ne peut rester indifférente. La Coalition Bori Bana condamne également cette violence faite à l’artiste, et partant à toutes les femmes victimes des violences et appelle le gouvernement à plus de fermeté dans la répression de ces actes barbares.
Mesdames et messieurs,
Camarades membres de la coalition
Malgré tous ces actes d’incivisme et de violences généralisés, les autorités sont silencieuses et aucunes mesures fortes ne sont prises en ce sens, seulement, les discours et les communiqués qui sont servis au peuple. Est-ce à dire que le désordre dans lequel vit le pays actuellement, est un avantage pour nos dirigeants ? Et pourtant le peuple Burkinabè mérite mieux que cette gouvernance que le pouvoir actuel propose. Le peuple en faisant cette insurrection, a pensé à un changement à tous les niveaux. Les mauvaises pratiques comme la mal gouvernance, la gestion clanique, la politisation de l’administration, le copinage, le clientélisme et l’achat des consciences n’ont pas pris fin. Ces pratiques moyenâgeuses tant dénoncées au temps du CDP n’ont pas connu de véritable rupture avec le pouvoir actuel et sa majorité.
Il ne se passe pas un jour sans que la presse ou autres structures indépendantes ne dénoncent un fait de corruption ou de détournement dans l’administration. En moins d’un mois si on s’en tient aux écrits de la presse, plus d’un milliard de francs CFA ont été détournés dans l’administration publique. Voilà une occasion, pour notre justice de s’autosaisir de ces dossiers, pour redorer son blason, mais jusque-là silence radio. Pourtant l’affaire KANIS a été saisie par dénonciation de voie de presse. Est-ce un message de justice sélective que la justice lance-t-elle ? Est-ce à dire que Madame le Procureure n’a pas encore eu vent de ces dénonciations par voie de presse ? Autant d’interrogations qui nous font douter de la bonne foi de la justice à rendre une justice équitable et crédible pour tous.
Mesdames et messieurs,
Camarades membres de la coalition,
Plus d’un an et demi après, l’élection de Rock Marc Christian KABORE, le paysage économique du Burkina est catastrophique, n’en déplaise au premier ministre Paul KABA et son gouvernement qui le trouvent satisfaisant. Notre économie, est dans une léthargie profonde sans précédent. Les activités économiques tournent au ralentir. L’on pourrait qualifier cette période économique la plus morose de notre Histoire.
La dette intérieure n’est pas payée, du coup plusieurs entreprises croupissent sur le poids des dettes contractées auprès des banques, certaines entreprises ont des arriérés de salaires et d’autres sont en train de se délocaliser ou soit de fermer. L’environnement économique n’est pas propice pour les investisseurs en tenant compte du contexte de l’insécurité. Le pouvoir d’achat des populations est à son plus bas niveau, ce qui entraine des revendications sociales tous azimuts au sein de l’administration publique et des populations. Tous ces problèmes, suscités sont connus de tous et aucunes solutions ne viennent pour soulager les souffrances des populations.
En plus de ces problèmes, les opérateurs de téléphonie mobile narguent le peuple avec des services dont les qualités laissent à désirer, et l’ARCEP reste silencieux face à ces entreprises, qui ne remplissent pas les cahiers de charge.
C’est pourquoi nous nous interrogeons chaque jour, sur la capacité réelle de nos autorités actuelles à diriger le Burkina Faso post insurrectionnel. Nos dirigeants n’ont plus en tête l’esprit de l’insurrection populaire qui devrait les guider vers la mise en œuvre de bonnes politiques publiques.
Nous rappelons à nos dirigeants que notre peuple s’est battu pour plus d’équité, de liberté et de justice sociale. Notre jeunesse s’est sacrifiée pour plus de bien-être et plus d’égalité sociale. Notre lutte ne saurait être un leurre. Raison pour laquelle, nous interpelons le Président du Faso, afin qu’il prenne toutes ses responsabilités face à la situation du pays. Notre peuple a besoin de réformes courageuses, qui peuvent améliorer ses conditions de vie actuelle.
Mesdames et Messieurs,
Camarades membres de la Coalition,
C’est dans ce contexte de morosité économique et mal gouvernance que nous avons mis en place la COALITION BORI BANA qui comprend des OSC (organisations de la société civile, ndlr) qui ont pris part à l’insurrection populaire pour maintenir la veille citoyenne et interpeller nos dirigeants actuels, qu’il y’a eu des sacrifices pour qu’ils soient là où ils sont aujourd’hui. Des personnalités ont eu des sommeils troubles lorsqu’ils ont appris auprès de leurs porteurs de valises que nous organisons cette activité, ils ont tout mis en œuvre pour empêcher la réussite. Certains ont utilisé des jeunes va-nu-pieds, spécialisés dans la délation, la calomnie, la médisance pour saboter notre activité de lancement non seulement sur les réseaux sociaux mais aussi au niveau de nos bases, sans oublier les nombreux appels téléphoniques d’intimidation dont été victimes plusieurs de nos camarades.
Certains, après avoir vainement essayé de nous utiliser, travaillent aujourd’hui, à partir de leurs salons, à nous diaboliser auprès des populations, on nous prête des intentions dans lesquelles nous ne nous reconnaissons pas. Pour l’activité de ce jour par exemple, certains ont fait courir des rumeurs partout que nous avons pour intention de créer un parti politique. Mais nous leur disons que, si tel était le cas, personne n’a le monopole de la création de parti politique au BURKINA. Si ceux qui se vantent d’avoir dîné avec le diable l’ont fait, pourquoi pas nous ? Mais, aujourd’hui, nous vous rassurons que tel n’est pas notre objectif. Notre objectif c’est d’amener nos dirigeants, à regarder dans le sens des aspirations du peuple Burkinabè, à écouter les cris de cœur du peuple Burkinabè. Pour nous, le pouvoir MPP a une obligation morale et historique de relever les défis du développement qui s’imposent à lui.
A tous ceux qui ont fait de la politique politicienne, de la manipulation leurs activités quotidiennes, une source de revenu pour maintenir leur confort auprès de certaines personnalités, après des échecs successifs, nous leur demandons de changer de façon de faire,
A tous ceux qui ont fait de la médisance, la diffamation et la délation, leurs emplois salariés, pour nous insulter, diffamer, nous leur disons que notre engagement est au-delà de l’argent et de nominations aux postes de responsabilité.
À tous ceux qui passent leurs journées, à maudire le régime actuel et, qui pour des intérêts égoïstes sont prêts, à sortir officiellement faire semblant de le défendre, d’appeler nos camarades et leur proposer des postes, juste pour nous démobiliser, nous leur demandons, de manger et de se taire car, leurs objectifs sont voués à l’échec. Nous ne sommes pas à des postes près.
À tous ceux qui pensent et disent que je veux prendre leur place de leadership qui n’est pas, selon eux possible, que le leadership ne s’arrache pas, ça se mérite, et, je ne me considère pas plus leader que quiconque, j’apporte à ma manière ma modeste contribution au changement réel auquel aspire notre peuple, changement pour lequel nous avons perdu des camarades, et rien d’autre. Ils peuvent se rassurer que je n’envie pas leur place aujourd’hui, je me réjouis de la place que Dieu m’a donnée. Mais, je leur dis aujourd’hui, que le Dieu de la vérité, se chargera de leur enlever le masque qu’ils portent pour que le peuple sache exactement qui ils sont et leurs motivations réelles.
Camarades militants, je ne peux terminer mon discours sans remercier le comité d’organisation pour le travail abattu malgré les peaux de bananes et les intimidations dont certains ont subi dans leurs arrondissements respectifs, remercier également les camarades militants, qui en ce jour de pénitence, ont répondu à l’appel de la coalition. C’est juste dire que depuis le début de la lutte, nous n’avons jamais été avares de dévouement pour notre chère Patrie, le Burkina Faso que nous aimons.
Je remercie également le secrétariat de la Coalition Bori Bana de m’avoir choisi comme porte-parole de la dite Coalition, je mesure le poids du défi qui se présente à moi, mais ensemble avec les efforts conjugués de tous, j’ai espoir que nous y arriverons. Ne dit-on pas que l’union fait la force ?
Nan lara, an sara
Vive la Coalition Bori Bana ;
Vive le Burkina Faso ;
Je vous remercie.
La Coalition BORI BANA
Porte-parole
Safiatou LOPEZ/ZONGO
Source: LeFaso.net
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