D’où qu’il vienne, le piratage informatique qui a ébranlé la planète, vendredi 12 mai 2017, demeure inquiétant et vient une fois de plus montrer la nécessité pour les entreprises africaines, déjà négligentes, de se protéger. Car un virus informatique est la chose la mieux partagée par les entreprises en ce 21e siècle.
Depuis la cyberattaque, chacun y va de son commentaire. Microsoft accuse la NSA, l’agence de sécurité américaine, du fait que les pirates ont exploité une faille de sécurité de certaines versions de Windows, connues pourtant de la NSA. D’autres spécialistes par contre y voient la main de la Corée du Nord, déjà pointée du doigt dans d’autres attaques notamment contre Sony Pictures en 2014 et la Banque centrale du Bangladesh en 2016.
Qu’à cela ne tienne, les pirates ne semblent pas avoir de préférence de zone de frappe puisque WannaCry, le ransomware (logiciel malveillant de rançonnage) utilisé a déjà infecté plus de 200 000 ordinateurs dans 150 pays, les rendant inaccessibles par leurs utilisateurs. Pour éviter de se faire prendre par les pirates, il a été recommandé aux utilisateurs de mettre à jour les logiciels de sécurité et le système d’exploitation.
Quand de telles attaques ont lieu sur les autres continents, en Afrique l’on a tendance à ne pas se sentir concerné malgré le faible niveau de sécurité des systèmes informatiques de nos entreprises. Eh oui, cette sécurité semble être le dernier de nos soucis quand on sait que des informaticiens avertis préfèrent craquer les logiciels bureautiques et les systèmes d’exploitation pour des entreprises, sacrifiant ainsi la sécurité de celles-ci sur l’autel des économies d’argent. D’ailleurs une étude menée par Microsoft, a révélé qu’un logiciel non conforme présente trois fois plus de risques d’être infecté par un virus. Ce qui peut évidemment engendrer la divulgation de données sensibles détenues par l’entreprise. Sans oublier que celle-ci peut faire l’objet de poursuites judiciaires.
« L’Afrique est un terrain vierge. Ce n’est pas un handicap. Il y a plusieurs possibilités pour le continent de jouer sa partition dans l’arène numérique mondiale ». Cette phrase prononcée par le consultant en cybersécurité, Pierre Ouédraogo, lors du séminaire international de formation des formateurs sur la gouvernance de l’internet et des systèmes d’informations, en septembre 2016 à Ouagadougou, est bien une évidence. Mais si l’Afrique veut faire de l’économie numérique un levier incontournable de son développement, il faudra penser sécurité d’abord en bannissant les mauvais réflexes.
Dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES), plusieurs projets numériques sont prévus tel que le projet de développement de l’e-santé. Là, la question de la manipulation des données requiert beaucoup de prudence et la confidentialité doit être le maître mot. Il ne doit y avoir aucune complaisance. Nous ne dirons pas que la sécurité est une chose bien sérieuse pour la confier à des informaticiens, mais tout comme les médecins, ils doivent toujours mesurer la portée de leurs actes ou omissions. C’est à ce prix que l’on pourra, avec une bonne dose de créativité, être prêt à parer à toute éventualité.
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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