S’il y a bien une personne qui était sous les feux des projecteurs, ce jeudi, au procès du dernier gouvernement de Luc Adolphe Tiao, c’est bien le Bâtonnier Pierre-Olivier Sur, l’un des avocats de Blaise Compaoré. A l’ouverture du procès, il s’est présenté en tant qu’avocat défenseur avant de devenir observateur.

A l’appel des prévenus par le président de la Haute Cour de Justice, Mathieu Ouédraogo, tous répondent « présent » en se mettant debout. A l’appel de Blaise Compaoré (en tant qu’ancien ministre de la Défense), ses avocats dont le bâtonnier Pierre-Olivier Sur et Me Abdoul Ouédraogo, répondent « présents » en tant que représentants. Mais le président laisse échapper « Excusez-moi mais je constate que Blaise Compaoré est absent ». Et les avocats de se rassoir calmement.

A l’appel, cette fois-ci, des conseils des prévenus, ceux-ci répondent également. Me Pierre-Olivier Sur se lève de nouveau en tant que conseil de Blaise Compaoré. A la fin de l’appel, le président de la Haute Cour de Justice demande : « Y a-t-il des conseils qui n’ont pas été cités » ? L’avocat se relève mais Mathieu Ouédraogo feint de l’avoir vu et promène son regard dans toute la salle. La constitution du bâtonnier en tant qu’avocat est rejetée de quoi mettre ce dernier hors de lui et de se présenter non plus en tant qu’avocat défenseur mais en tant qu’observateur.

Alors qu’il se dirige vers la sortie de la salle d’audience, les journalistes s’ameutent pour lui arracher quelques mots. C’est peine perdu et il regagne la salle, cette-fois sur le banc des témoins. A la suspension de l’audience par la Cour, pour 15 minutes, l’avocat lache ses premières impressions sous l’insistance des journalistes : « C’est trop grave de museler un avocat. Seuls dans les régimes qui ne connaissent pas le respect des droits de l’homme, c’est-à-dire du procès équitable, c’est possible. Ils m’ont retiré le droit d’être avocat (…) Un Etat de droit qui ne respecte pas le droit pour juger un homme qui a été président de la République, c’est un scandale, une rupture, un pas en arrière, une fracture du contrat social et des libertés publiques », a déploré Me Pierre-Olivier Sur.

Pour lui, le mot Avocat vient du latin « advocare », qui veut dire « parler pour quelqu’un », et conformément aux textes internationaux ratifiés par le Burkina Faso, une personne jugée in absentia a le droit de se faire représenter par son avocat.

Après le deuxième renvoi du procès, l’avocat a été de nouveau kidnappé par les médias nationaux et étrangers qui tenaient coûte que coûte à le faire parler. Le point de presse qu’il avait prévu à la fin de l’audience n’aura pas lieu car visiblement il avait dit tout ce qu’il fallait dire en attendant le 8 mai prochain.

HFB

Lefaso.net

Source: LeFaso.net