La procédure d’appels à candidatures a été introduite courant 2009 au Burkina Faso comme mode de recrutement transparent pour la nomination de directeurs généraux dans des Etablissements Publics de l’Etat (EPE) et Sociétés d’Etat (S.E). Le recours à cette procédure visait à mettre fin à l’extrême tendance qui avait pignon sur rue dans la politisation de l’administration publique. De plus en plus, on constate un abandon subtile de ce mode opératoire qui a pourtant l’avantage de créer une saine compétition des meilleurs profils de citoyens, pour la gestion de la chose publique, avec des contrats d’objectifs précis. Pourquoi ce fait ? Mystère et boule de neige.
Le gouvernement de la transition dont le mandat était d’un an, avait hâte de faire des nominations rapides sans recours à des procédures d’appels à candidatures pour un choix transparent et démocratique de directeurs généraux en charge de diriger des services publics.L’avenèment du régime du président Kaboré n’a visiblement pas changé beaucoup cette situation, pire la tendance va créscendo.
On se rappelle les choix à polémique des DG de la CNSS, de l’ONEA, consédérés par l’opinion publique comme des nominations de copains politiques du pouvoir. L’ex ministre de la santé, Smaila Ouédraogo, avait le plus manifesté un mépris général pour le choix des DG des Centres hospitaliers. La plupart d’entre eux étaient sous contrats d’appels à candidatures. L’ex ministre menait ouvertement une guerre ouverte contre des DG de Centres Hospitaliers Régionaux (CHR) comme Koudougou,Tenkodogo etc…
N’ayant pas réussi à ejecter les DG de ces CHR avant son départ du ministère de la santé le 20 février 2017, il a beaucoup contribué à paralyser le bon fonctionnement d’hôpitaux. Ainsi, il a effectué des nominations massives de gestionnaires des services financiers (DAAF et autres ) d’Etablissements Publics de Santé (EPS) lors du conseil des ministres du 5 Octobre 2016, juste pour semer la zizanie avec des DG qu’ils combattait, en disant que ce ne sont pas ses DG, parce qu’il ne les a pas nommés. Un raisonnement baroque de politisation de l’administration publique à des fins personnelles.
Le nouveau ministre de la santé, Nicolas MEDAH est en train de reparer les torts causés par son précédesseur au système sanitaire national par un compromis pour la gestion de la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques (CAMEG). Il a installé une administration provisoire sur 6 mois pour aboutir à terme probablement, à la procédure d’appels à candidatures pour le choix du directeur général de la CAMEG. Cependant, on ne comprend pas pourquoi le ministre MEDAH n’a pas lancé la procédure d’appels à candidatures pour le choix des DG des CHR de Tenkodogo et de Koudougou qu’il s’est précipité de nommer directement en conseils des ministres.
Par conséquent, si le gouvernement veut renoncer carrément à cette noble procédure pour le recrutement de DG des EPE et S.E et s’engouffrer dans la voie scabreuse et non transparente des nominations politiciennes, qui vont amplifier les germes de la division, la frustration, la démotivation et les contestations paralysantes de l’administration publique, ce serait très dommage. On ne saurait efficacement rétablir l’autorité de l’Etat si les premiers responsables de l’administration publique ne sont pas eux-mêmes des exemples à suivre et si l’on ne respecte pas les normes administratives qui valorisent les compétences et l’ordre hiérachique dans le choix des responsables qui n’autorise pas la nomination de subalternes pour diriger des cadres.
L’un des méfaits de la politisation des nominations se traduit par le fait que les agents choisis sur cette base, font souvent des écarts de comportements en se croyant tout permis sous la protection politique, au lieu d’agir selon les règles cardinales de gestion du service public. Ceux qui disent que chaque ministre vient avec ses hommes, se trompent énormément sur le sens de la continuité du service public. L’administration publique n’est pas la chasse gardée d’un ministre ou d’un groupe d’individus qui la considèrent comme une vache à lait qu’il faut traire pour une consommation gloutone entre copains. C’est justement ce qui crée le désordre, la chasse à l’homme et la médiocrité.
Aucun responsable ne peut dans ces conditions avoir la sérénité pour bien travailler dans l’intérêt public s’il sait qu’à tout moment, un ministre sur la base de ses humeurs et interêts partisans, peut le relever de ses fonctions au profit d’amis politiques et affairistes. La procédure d’appels à candidatures a l’avantage d’éviter ces abus par des contrats d’objectifs de 3 ans renouvelables une seule fois et qui permet à des directeurs généraux, d’œuvrer pour atteindre des résultats ciblés et limités dans le temps.
Les tares ainsi identifiées de l’administartion publique burkinabè, gérée selon des humeurs subjectives et par favoristisme, sont des couteaux à double tranchant contre les autorités elles -mêmes par la contestation de leur autorité et par ricochet ,de celle de l’Etat. Il est donc temps dans l’intérêt de tous, de stopper cette gangraine de l’administration publique de nos jours, qui est aux antipodes de la bonne gouvernance et de la gestion axée sur les résultats.
Par Un citoyen
Issa Fidèle Coulibaly
Source: LeFaso.net
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