L’Association des blessés de l’insurrection populaire du Burkina Faso (ABIP/BF) était face à la presse ce vendredi 21 avril 2017, à Ouagadougou. Comme plat de résistance, la vie de l’association, le bilan des soins administrés aux blessés depuis 2014 et la question judiciaire. Et tout naturellement la question de réconciliation tant prônée par la CODER (Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale).
C’est par une minute de silence, en mémoire de leurs camarades tombés pour la défense de la mère patrie lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du putsch manqué des 16 et 17 septembre 2015, que débute cette conférence de presse. Essentiellement, trois sujets à l’ordre du jour. Le premier étant la vie de l’association elle-même qui a vu le jour au lendemain de l’insurrection. Créée dans le but de regrouper les blessés pour la défense de leurs intérêts, l’Association des blessés de l’insurrection populaire du Burkina Faso (ABIP/BF) a connu une scission en 2016. Selon Franck Sia, cela relève du passé car après une conciliation, un bureau consensuel de quatorze membres, dont il assure la présidence a été mis en place le 19 février dernier. La nouvelle association regroupe les associations de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso (trois participants étaient à la conférence).
Le second point abordé est celui des soins médicaux administrés aux blessés. L’ABIP/BF remercie le gouvernement actuel ainsi que celui de la transition pour les efforts. Depuis 2014, sept personnes ont été évacuées en Tunisie, au Maroc et en France. Ainsi que cinq blessés du putsch manqué de septembre 2015. « Cependant, force est de reconnaitre qu’en dépit des efforts du gouvernement, trente-sept de nos camarades sont toujours en attente de soins au regard de la délicatesse de leur mal », regrette Franck Sia. Pour ces personnes touchées lors de l’insurrection, quatre de Ouagadougou et un de Bobo-Dioulasso, ont des balles dans le corps depuis 2014.
Donc un regard du gouvernement pour alléger leur souffrance ne serait pas de trop.
« Sur le plan social, certains sont dans l’incapacité de travailler en raison de leur handicap », confie le président de l’association. D’où la nécessité d’un accompagnement moral et social. Lors de la commémoration de l’an 2 de l’insurrection populaire, l’association a transmis un mémorandum à la présidence du Faso, mais rien ne pointe à l’horizon jusqu’à cette date.
En ce qui concerne le dernier point, l’ABIP-BF, réaffirme sa foi en la justice burkinabè et espère que le droit sera dit. Son seul souhait est que la lumière soit faite et que « les auteurs des coups et blessures, d’assassinat ainsi que leurs commanditaires soient punis conformément aux dispositions pénales de notre pays en la matière ».
Déjà, le procès du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, s’ouvre en principe le 27 avril prochain. « Nous souhaitons tous la réconciliation entre les filles et fils de notre chère patrie mais nous tenons à rappeler qu’elle ne sera effective qu’après la vérité et la justice », lance le président Sia. Et de poursuivre que : « la démarche actuelle de la Coalition pour la Démocratie et la Réconciliation nationale (CODER) pour nous est une insulte au peuple insurgé ».
Une démarche que l’association condamne fermement, tout en invitant la nation entière à faire « preuve de vigilance contre cette entreprise menée majoritairement par ceux qui ont tenu mordicus à la modification de l’article 37 et qui n’ont pas eu le courage de condamner fermement le putsch manqué de septembre 2015 ». Pour les blessés, la justice et le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) doivent faire preuve d’objectivité dans l’exécution de leur mission sans aucune influence. « Il est temps que l’on se dise la vérité, que chacun reconnaisse son tort, que justice soit dite avant qu’on ne parle de réconciliation », renchérit-il. Ce qui étonne encore plus l’association est que leurs bourreaux d’hier se fendent maintenant en victimes à tel point de pardonner au peuple.
- Franck Sia, et ses camarades espèrent que justice leur sera bientôt rendue
Par la même occasion, Franck Sia, dit ne rien comprendre dans le silence coupable de l’ancien CFOP (membres du Chef de file de l’opposition lors de l’insurrection). D’autant plus que c’est sur appel de son premier responsable, en l’occurrence Zéphirin Diabré, que beaucoup ont damé le pavé et se retrouvent soit morts, soit mutilés à vie. Toute chose qui l’incite à se demander si l’esprit insurrectionnel a déjà été jeté aux oubliettes par l’ex CFOP.
Par ricochet, le président Sia pense qu’à l’heure actuelle, la justice du pays des hommes intègres est libre et ne saurait être instrumentalisée comme veut le faire croire le CFOP de Diabré pour casser leur meeting du 29 avril 2017. Si instrumentalisation il y a, les députés de l’opposition membres de la Haute Cour de justice n’allaient pas se taire. « Il sont à l’intérieur, ils comprennent ce qui se passe. Quand cela vient de la politique, permettez-nous de se réserver », lance-t-il.
Marcus Kouaman
Lefaso.net
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Source: LeFaso.net
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