Au cours d’une conférence de presse tenue ce vendredi 17 mars 2017, Afrique contre le tabac (ACONTA) , a dénoncé la mauvaise foi de l’industrie du tabac dans l’application de la loi portant conditionnement et étiquetage des produits du tabac au Burkina Faso. Il était surtout question d’un plaidoyer auprès du gouvernement pour l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de cigarettes.
4000 morts, c’est le nombre de décès annuel causé par le tabagisme au Burkina, selon les données de l’atlas du tabac en 2015. Si rien n’est fait selon Salif Nikièma, coordonnateur de ACONTA, cette situation alarmante qui touche principalement la frange jeune de la population risque de créer un précèdent très dangereux au Burkina .C’est donc pour tirer la sonnette d’alarme que depuis le 7 avril 2016, ACONTA et le réseau des journalistes antitabac du Burkina Faso (REJAT-BF) , ne cessent d’organiser des rencontres d’information sur le contentieux qui existe entre le ministère de la santé et l’industrie du tabac.
En effet, si le Burkina a ratifié la convention cadre de l’OMS sur la loi antitabac (CCLAT) en 2006, puis a adopté une loi antibac conforme à la CCLAT en novembre 2010, le pays peine à observer l’effectivité de ladite loi. « Chaque paquet, cartouche ou carton de produits du tabac et toutes formes de conditionnement, d’étiquetage extérieur et intérieur des produits doivent comporter des mises en garde sanitaires sous forme de message.. » c’est ce que stipule l’article 13 de la loi antitabac.
La MABUCIG ne joue pas franc jeu
Depuis le 7 avril 2016, la MABUCIG devait mentionner les avertissements sanitaires graphiques sur ses paquets de cigarettes. Celle –ci refusant de respecter la loi, l’Etat burkinabè, par le biais du ministère de la santé, a fini par opter pour la voie judiciaire en vue de contraindre la MABUCIG à appliquer l’arrêté sur les images. « Le procès du ministère de la santé et de la MABUCIG était programmé une première fois en décembre 2016 et reporté au 31 janvier 2017, puis encore reporté au 21 mars 2017. Nous ne comprenons pas ce jeu de rôle » a déploré le coordonnateur de ACONTA, soulignant qu’il s’agit à ce jour, d’ « un accord à l’amiable pendant que l’affaire est pendante devant le juge ». « Ce règlement à l’amiable devrait-il consister à une remise en cause des dispositions de l’arrêté conjoint sur les avertissements sanitaires graphiques. Quels sont les acteurs impliqués dans ce règlement à l’amiable » s’interroge l’association.
Pour Salif Nikièma, la santé des Burkinabè est non négociable et appelle le ministre de la santé à ne pas se laisser influencer par « les intérêts commerciaux, les arguments fallacieux et trompeurs de l’industrie du tabac ». Par ailleurs, l’ACONTA invite le ministre de la santé à écouter les acteurs de la lutte antitabac avant se de lancer dans un quelconque règlement à l’amiable. Du procès opposant le ministère de la santé et la MABUCIG, l’Afrique contre le tabac souhaite que le droit soit dit, à défaut, que l’industrie du tabac obtempère sans délai de mettre les avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de cigarettes.
Nicole Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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