Damant le macadam de Lomé ce samedi 25 février 2017 pour exiger la réouverture de la chaine de télévision LCF et de la radio City FM, les manifestants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes par les forces de sécurité.

Chaude journée dans les rues de Lomé ce samedi. Suite à l’appel d’une dizaine d’organisations de la société civile qui dénoncent le musèlement de la presse et l’atteinte à la liberté d’expression, des centaines de manifestants ont pris d’assaut les rues de la capitale togolaise, rapporte Albert Agbeko, Journaliste au bimensuel togolais Focus Infos. Les manifestant ont tenu à exprimer leur mécontentement suite à la fermeture des deux médias du groupe de presse Sud médias (la télévision LCF et la radio City FM), à travers une marche au départ pacifique, mais qui a vite viré en une course poursuite.

Partis du siège de Sud médias, les manifestants parmi lesquels l’on dénombrait certains responsables politiques, ont usé leurs talons sur plusieurs artères de la capitale tout en scandant des slogans : « carton rouge à la HAAC », « ouvrez LCF et City FM ». En direction du siègede la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), c’est au carrefour Lomégan que l’élan des marcheurs d’un jour a été stoppé par un impressionnant cordon sécuritaire.

Pour le commandant des forces de l’ordre, indique le journaliste, les consignes données étaient claires : « aucun manifestant ne doit franchir ce cordon ». Une décision qui vraisemblablement n’était pas du goût des manifestants, le point de chute visé étant le siège de la HAAC, l’instance de régulation, qui a ordonné le 6 février dernier au groupe de presse d’arrêter d’émettre. Les responsables de la société civile, auteurs de l’appel à la marche, ont tenté de raisonner les forces de sécurité, en vain.

Face à ce qui s’apparentait à un dialogue de sourds, le mercure est monté d’un cran. Et la police n’a pas hésité à charger de gaz lacrymogènes les manifestants qui tentaient de forcer le cordon. Lesquels répliquèrent par des jets de pierres. Mais la police en un laps de temps a réussi à prendre le dessus en libérant les lieux.


La veille de la marche, dans une correspondance adressée aux organisateurs, le Président de la délégation spéciale de la ville de Lomé, marquait son refus de voir la marche avoir comme point de chute le siège de la HAAC. Le nouvel itinéraire prenait donc fin au carrefour Lomégan, lieu des échauffourées. Chose que les organisateurs ont refusée pour la simple raison que leur interlocuteur n’était pas en ces lieux.

Installé dans la capitale politique togolaise depuis 2017, le groupe de presse a été interdit d’émettre le 6 février dernier par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), l’équivalent du Conseil supérieur de la communication (CSC) au Burkina. L’instance de régulation lui reproche le défaut de dossiers de demande d’agrément d’installation et d’autorisation de fonctionnement. Toute chose réfutée par la direction de Sud médias, brandissant des documents administratifs.

Cette marche est la quatrième tentative depuis la fermeture de LCF et de City FM. Les 14, 15 et 16 février 2017, les tentatives d’atteindre le siège de l’instance de régulation de la presse togolaise s’étaient soldées par un échec.

Marcus Kouaman

Lefaso.net

Source: LeFaso.net