Au cours d’un point de presse qu’il a organisé ce jeudi 23 février 2017, sur la pratique illégale de la médecine, le conseil régional de l’Ordre des médecins de Ouagadougou a indiqué la présence d’un faux cardiologue sur le territoire burkinabè.
Vous souvenez-vous de l’affaire Dabo Mamadou Abdoulaye du nom de ce faussaire qui était tombé dans les filets des pandores alors qu’il pratiquait illégalement la médecine dans un établissement de la place ? Eh bien, il n’est pas le seul faussaire qui, depuis 2014, a été combattu par le conseil régional de l’Ordre des médecins de Ouagadougou (CROM). Il y a eu Dicko Mamadou,Ouédraogo Mahamadi, Ouédraogo Yacouba, Illah Adaré de l’association santé pour tous en 2030, Tangara Abdoulaye. A cette liste vient de s’ajouter un cardiologue qui selon le président du CROM, Charlemagne Ouédraogo, circule dans la capitale burkinabè.
Avec le cachet « Polyclinique Sainte Marceline »
Sans piper mot sur son identité, les conférenciers affirment avoir déposé une plainte contre l’intéressé avec à l’appui une ordonnance d’une douzaine de médicaments qu’il a prescrit à un cardiopathe de 54 ans. Certes, le faux cardiologue qui affirme avoir fait ses études en Allemagne a été auditionné mais jusque-là, « il circule dans la ville de Ouagadougou et ses environs », déplore le Pr Ouédraogo qui avait à ses côtés les Pr Sanou Adama et Ismaël Diallo, tous deux membres du bureau du CROM. Et cela fait plus d’un an que le conseil dit poursuivre l’indélicat sans pouvoir mettre le grappin sur lui.
Exerce-t-il toujours ? Les conférenciers disent ne rien en savoir, mais ce dont ils disent être sûr, le faux cardiologue utilise un cachet sur lequel il est écrit « Polyclinique Sainte Marceline », un établissement qui n’est pas reconnu dans la nomenclature des cliniques privées au Burkina Faso, précise le Pr Charlemagne Ouédraogo. Selon ce dernier, le dossier est actuellement au commissariat central.
Comment reconnaître un faux médecin ?
« Nul ne peut exercer la profession de médecin au Burkina s’il n’est inscrit au tableau de l’Ordre »,stipule l’article 37 de la loi N° 028-2012/AN portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Ordre national des médecins du Burkina Faso. Et l’article 38 de préciser que « Nul ne peut être inscrit au tableau de l’ordre s’il n’est titulaire du diplôme d’Etat de docteur en médecine ou de tout autre diplômé reconnu équivalent ».
En dépit de ces dispositions légales, comment les citoyens pourraient-ils reconnaitre un faux médecin vu que le tableau susmentionné n’est pas accessible à tous ? A cette question, le Pr Charlemagne Ouédraogo déclare qu’il est bien difficile de distinguer le vrai médecin de l’ivraie.« Mais, rajoute-t-il l’Ordre est en train de mener des actions avec l’Etat pour avoir des moyens et mener des campagnes de communication de façon permanente ». Une autre astuce est en cours de développement avec les opérateurs de téléphonie mobile afin de permettre au citoyen d’identifier un médecin en envoyant son nom par SMS à un numéro court.
En attendant, les conférenciers ont invité les populations à la vigilance que ce soit dans les structures publiques, privées ou confessionnelles. « La confiance n’exclut pas le contrôle, il n’y a pas de structures plus à risques que d’autres », a conclu le Pr Charlemagne Ouédraogo.
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Quelques cas de faussaires évoqués par le Conseil régional de l’Ordre des médecins de Ouagadougou
1. Affaire Dabo Mamadou
Dabo Mamadou Chérif utilisait un faux diplôme de docteur en médecine. En réalité, il utilisait le nom d’un vrai médecin malien installé à la clinique ATA à Bamako. Condamné à 24 mois de prison ferme, à 40 millions de dommage et intérêts, interdit de séjour pendant 10 ans, le faussaire a bénéficié d’une liberté provisoire le 13 février 2015 pour « raison médicale » avant de quitter le Burkina Faso. Les conditions de sa libération restent méconnues en attendant le verdict des travaux de la commission d’enquête du Conseil supérieur de la magistrature.
2. Affaire Ouédraogo Mahamadi
Selon le journal Bendré, c’est lui qui a signé le faux certificat médical de Dabo Mamadou. Cet homme qui avait un faux diplôme venu de la Côte-d’Ivoire a exercé une dizaine d’années dans la fonction publique burkinabè et s’était « frauduleusement » inscrit au tableau du conseil de l’ordre des médecins de Ouagadougou en mars 2005. Après avoir mené ses investigations, le CROM a déposé une plainte et l’enquête a permis d’interpeller l’individu le 31 juillet 2015. En attendant son procès, le CROM craint que Ouédraogo Mahamadi ne prenne ses jambes à son coup.
HFB
Source : Déclaration liminaire
Source: LeFaso.net
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