Le 29 décembre 2016, le Président du Faso, chef de l’Etat a donné une conférence de presse afin de faire le bilan de ses douze mois d’exercice à la tête du pays. A cette occasion, un journaliste a souhaité savoir quel est le bilan de la journée continue instituée dans notre pays. Le chef de l’Etat a reconnu qu’un bilan n’est pas encore fait. En attendant ce bilan, je souhaite porter cette réflexion afin de dégager les conséquences de la journée continue.
Avant son institution, les horaires de travail allaient de 7h à 12h30 le matin et le soir de 15h à 17h30 soit huit heures de travail par jour. Ainsi dans les structures à fournitures de service comme les banques, l’ONEA, la SONABEL et j’en oublie, les guichets s’ouvraient de 7h30 à 16h voire même 17h pour certaines banques. Le service était continu et même à la pause un système de relais est organisé afin de permettre aux « clients » d’obtenir les services demandés.
Mais avec la journée continue, les heures de travail vont de 7h à 15h30 du lundi à jeudi avec une pause de trente minutes qui va de 12h30 à 13h. Le vendredi la pause va de 12h30 à 13h30 et la fin du service à 16h.
Mais depuis le début de la journée continue, les horaires de ces mêmes services soulignés un peu plus haut vont de 8h à 15h pour certains et 16h pour d’autres. Déjà l’on aperçoit les conséquences de la journée continue.
Dans l’administration (publique comme privée), le service débute à 7h. Si dans le privé ce temps est rigoureusement respecté, il reste que dans le public, cela n’est pas évident. Très rarement, vous trouverez un agent public à son poste de travail à 7h et cela n’est pas condamnable. Et souvent même ceux qui arrivent à 7h au bureau passent d’abord au kiosque d’à côté avant de rejoindre le bureau et il est plus aisé de commencer à le chercher autour de 8h.
Certains partenaires sociaux qui organisent des mouvements d’humeurs (sit in notamment) le commencent à 8h ; la question est de savoir pourquoi huit heures alors que le service débute à sept heures ?
Pour la pause de trente minutes, tout le monde est unanime à reconnaitre qu’elle est insuffisante. Et même pour le vendredi, il a fallu que les mouvements islamiques (AEEM-B, CERFI,…) élèvent la voix pour obtenir ce temps afin de pouvoir accomplir en toute quiétude la prière du vendredi.
Nul doute que si la journée continue doit être maintenue, il convient de revoir ses horaires car au bout du compte l’Etat est perdant et enfin le travailleur, car il ne produit pas suffisamment alors qu’il est payé par le fruit de sa production. En ce moment, la fonction publique remplit maintenant des fonctions sociales, est-ce son but ?
Ainsi maintenir sept heures comme temps de début du service est une aberration de nos jours. Autrefois, l’administration était limitée ou du moins concentrée autour de l’ex-présidence du Faso. Les principaux quartiers étaient dans un rayon d’au plus cinq kilomètres avec une population moindre. Un quart d’heure suffit à un travailleur pour rejoindre son service.
De nos jours, beaucoup logent à plus de quinze kilomètres de leurs services. Avec la démographie et les voies bien restreintes, le temps minimum pour accéder à son service se négocie entre quarante cinq minutes et une heure de temps. Si les parents vont disputer la voie à leurs enfants qui vont à l’école dans les villes où les routes sont restreintes et impraticables si elles existent, il faut être un as pour arriver à son bureau à sept heures.
Alors pourquoi maintenir le début de la journée du travail quand on sait que cela cause des conséquences négatives pour l’employeur.
Pourquoi maintenir la durée de la pause à trente minutes tout en sachant bien qu’elle est largement insuffisante ? L’Etat peut-il constater impuissamment ce fait ?
Cependant dans les zones semi urbaines ou rurales, le problème est moindre ou pas inexistant. Alors si la journée continue doit être maintenue, elle peut être localisée ou dans le meilleur des cas, revoir à fond les horaires.
Ainsi , le temps du travail pourrait être de 8 h à 17h du lundi au vendredi avec une heure impartie à la pause, ce qui permettra de corriger l’insuffisance du temps réservé à la pause et les retards accusés par certains travailleurs. D’ailleurs ce point a été soulevé par le gouvernement lors de la rencontre gouvernement-syndicats dont les travaux ont pris fin ce 1er février 2017. Le gouvernement a sollicité l’implication des organisations syndicales pour la sensibilisation des travailleurs à la ponctualité et à l’assiduité au travail pour relever les nombreux défis auxquels notre pays est confronté. Cette demande démontre que le problème est réel.
Au niveau scolaire, on doit reconsidérer la journée continue. Les cours prennent fin à midi et débutent à 15heures le soir. Ainsi, il sera possible à l’enseignant qui veut faire une course dans un service public de le faire et revenir à ses cours. Les parents pourront déposer leurs enfants avant 8h et revenir les chercher à 17h. Cela ne cause aucun préjudice. La circulation le matin dans les grands centres urbains est laissée aux élèves jusqu’à 7h30 avant que les parents ne démarrent.
Aussi bien dans le public que le privé, revoir les horaires permettrait de réduire les retards et d’accroitre la productivité.
Boukaré Palingwendé Kaboré
Doyen du CRYSPAD
Tél : (00 226 70 29 72 39)
Source: LeFaso.net
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