Une délégation de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER), conduite par son président, Me Gilbert Noël Ouédraogo, a été reçue en audience ce vendredi, 17 février 2017 par les premiers responsables du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) au siège de l’organisation sis au quartier Somgandé à Ouagadougou. Au menu des échanges : questions relatives à la réconciliation et à la situation nationale.
Selon le chef de délégation, Me Gilbert Noël Ouédraogo, président de la CODER, c’est avant tout une « visite de courtoisie » au cours de laquelle, l’organisation a été déclinée aux responsables du MBDHP. Il a rappelé à cet effet que, le manifeste de la CODER a un programme qui s’articule autour de quatre « offres politiques » à savoir la justice, la paix et la réconciliation nationale, la remise de la nation au travail et la relance économique et, enfin, la promotion d’une démocratie véritable au Burkina. « Nous avons présenté aussi le souhait que nous avions de pouvoir œuvrer à l’organisation d’un forum national de la réconciliation nationale (les termes de référence sont en rédaction) pour que les filles et fils du Burkina puissent travailler ensemble pour faire de la réconciliation une réalité. En précisant que, pour nous, la réconciliation nationale ne veut pas dire exclusion de la justice ; parce qu’on nous a souvent prêtés des intentions que nous n’avons pas développées », a expliqué le président de la CODER, Me Ouédraogo.
Mieux, se référant à l’organisation, il note que la justice et la vérité constituent même la première offre de la Coalition dans la dynamique de la réconciliation nationale. « C’est quelque chose que nous avons toujours affirmé et réaffirmé. Maintenant, nous avons dit que cette justice doit être impartiale, la même pour tous les Burkinabè », réitère-t-il avant de se réjouir d’une recommandation, faite à leur égard par le MBDHP, qui est de s’inspirer du rapport du Collège des Sages.
Selon le président de la CODER, ce rapport est effectivement un « document important » qui peut être une base parce que, le Collège avait fait des recommandations allant dans cette optique. De son analyse, toutes propositions à même d’aider les Burkinabè à se réconcilier entre eux doivent être prises en compte dans cette quête de l’idéal commun. « La CODER ne vise pas la réconciliation pour un groupe donné ; c’est la réconciliation des filles et fils du Burkina. Nous envisageons notre démarche dans un cadre global et non un cadre isolé et les questions posées sont celles de principe qui doivent s’appliquer à tout le monde », a-t-il souligné avant de partager la pertinence des points qui ont été partagés entre sa délégation (composée du vice-président, Rasmané Ouédraogo de la NAFA et de Dr Ablassé Ouédraogo de Le Faso autrement) et le MBDHP. ‘’ Nous avons salué aussi le travail qui est fait par le MBDHP, parce qu’il s’agit des ‘’droits de l’Homme » ; ce ne sont pas les droits de l’homme de l’opposition ou de la majorité, ce sont des droits de l’homme et tout homme a le droit à ce que ses droits soient respectés », félicite en substance, la délégation de la CODER.
Une démarche « saluée à sa juste valeur » par le premier responsable du MBDHP (Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples), Chrysogone Zougmoré et ses proches collaborateurs car, considérée avant tout comme un acte de confiance et de considération. « En tant qu’organisation de la société civile, il est tout à fait normal que nous acceptions de rencontrer la CODER comme nous l’avons fait pour d’autres tendances politiques. Nous avons fait un tour d’horizon sur les éléments de préoccupations majeures actuelles ; ils sont venus avec un projet de démarche tendant à la réconciliation nationale et à la paix sociale », apprécie Chrysogone Zougmoré pour qui également, on ne peut pas aller à la réconciliation nationale « sans le préalable de la vérité et de la justice sur les nombreux dossiers de crimes de sang et de crimes économiques qui sont toujours pendants au Burkina ». Dans cette dynamique, les responsables du MBDHP ont recommandé à la CODER de relire « de fond en comble », le rapport du Collège des sages qui, de leur avis, avait fait un diagnostic assez complet de la situation. Selon M. Zougmoré, cela est d’autant utile que la situation n’a pas tellement évolué. « Les éléments sont assez importants en termes de solutions à envisager pour une stabilisation de la paix sociale au Burkina », justifie-t-il.
Comme élément d’hypothèque également évoquée par les premiers responsables du MBDHP, la question de l’impunité, à laquelle s’ajoutent la corruption, le chômage (surtout des jeunes). « Nous sommes revenus essentiellement sur des éléments de préoccupations nouveaux, qui se situent au niveau de l’instrumentalisation à outrance des appartenances ethnique et régionale », confie le défenseur des droits de l’Homme, Chrysogone Zougmoré ; se référant à la friction née, ces derniers temps, à l’Ouest dans le projet d’installation des associations Koglweogo.
Tout en déplorant les propos au relent régionaliste, le président du MBDHP a interpellé l’ensemble des Burkinabè et inviter toutes les forces sociales du pays à œuvrer davantage à éloigner les ingrédients qui peuvent mettre à mal la cohésion sociale et menacer la paix sociale. Autre élément d’hypothèque nouveau soulevé est l’insécurité. « On ne peut parler de paix, de réconciliation, tant que nous vivons dans un pays en totale insécurité. Nous avons estimé qu’il était bon, que l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile, se mettent ensemble pour chercher une solution sérieuse à l’insécurité au Burkina », a exhorté le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré.
C’est, visiblement, satisfaite, que la délégation de la CODER a poursuivi sa dynamique dans l’après-midi avec le Conseil constitutionnel avant de mettre le cap sur la capitale économique, Bobo-Dioulasso, où elle a tenu ce samedi, 18 février, sa conférence régionale des Hauts-Bassins sur le pardon et la réconciliation nationale.
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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