La « réconciliation nationale » est l’un des grands chantiers annoncés par le Président Roch Kaboré qui a, de ce fait, procédé à l’installation, le 22 mars 2016, de la Commission de la Réconciliation nationale et des Réformes (HCRUN) avec pour mission de « traiter un passé douloureux pour en faire un présent fraternel ». Seulement, jusque-là, de nombreux Burkinabè semblent toujours s‘interroger sur les paramètres pour parvenir à la liquidation du passif et atteindre l’idéal : la réconciliation nationale.

« Vérité », « justice » et « réconciliation ». Si cette trilogie est, visiblement, partagée par l’opinion, la véritable question est celle de savoir comment la rendre effective.

Lors de sa conférence de presse sur le mémorandum sur l’An du Président Roch Kaboré, le porte-parole de l’Opposition, Zéphirin Diabré, n’a pas occulté cette question de « réconciliation nationale », sur laquelle, il a également interpellé les plus hautes autorités sur l’impératif d’y faire face.

Pour le Chef de file de l’opposition politique au Burkina-Faso (CFOP-BF), c’est une question majeure et il faut trouver les voies et moyens pour y parvenir. Il y a donc, de son avis, mille chemins pour y parvenir. L’important, poursuit-il, c’est de décider du chemin, de manière consensuelle.

Il note déjà que toutes les composantes sont bien connues et qu’il est clair qu’il ne peut pas avoir réconciliation, si les familles qui attendent justice ne la voient pas venir.

Cependant, relève-t-il également, la justice, à elle seule, ne peut pas être la solution. « C’est dire qu’en plus de la justice, il y a d’autres choses à faire. Maintenant, quel est le séquencement des différents paramètres, c‘est ensemble qu’on peut s’asseoir pour regarder ça », recommande-t-il, précisant qu’il ne s’agit pas d’enjamber des cadavres pour aller à la réconciliation.

‘’ Ce n’est pas en poursuivant uniquement les procédures légales que les choses vont se régler. Vous et moi, on peut avoir un différend, on va en justice qui tranche, on est voisin dans le quartier. On fait quoi après ?  », soumet en substance, Zéphirin Diabré pour qui, au-delà de la justice donc, la nécessité de s’asseoir, échanger, discuter. Aussi, souligne-t-il, la question de réconciliation doit être inscrite dans une vision globale pour trouver le meilleur séquencement. « C’est clair qu’on ne peut pas le faire sans se parler. (…).Dans ce pays, il y a beaucoup de comptes qui ne sont pas encore soldés. Il faut qu’à un certain moment donné, on s’asseye, qu’on se dise un certain nombre de vérités », jauge le porte-parole de l’opposition burkinabè.

Pour Zéphirin Diabré, la réconciliation nationale est une « question lourde », qui ne se borne pas au passif de l’insurrection populaire. « C’est plus profond que cela », explique-t-il, rappelant que de nombreuses familles endeuillées dans le cours de l’histoire du pays, à l’image de celle de Norbert Zongo, attendent justice et réconciliation. « Il y a des gens qui sont morts, qui ont souffert ici, qui attendent … », rappelle-t-il. « Donc, c’est une enveloppe globale », note M. Diabré.

Oumar L. OUEDRAOGO

Lefaso.net

Source: LeFaso.net