Même si l’usage du concept « plus rien ne sera comme avant » n’est pas récent, il est apparu comme « un slogan » à la faveur de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Et on peut dire aujourd’hui qu’il chante plus qu’il ne parle. Que s’agit-il au fait ? Au fond, il devrait faire appel à un changement radical de mentalité, de comportements et d’actions positives et ce, sur tous les plans : politique, économique, social, culturel, individuel, collectif.

« Plus rien ne sera comme avant » est avant tout une interpellation à mieux faire : passer de l’incivisme au civisme, passer de la mal gouvernance à la bonne gouvernance, passer du développement solitaire au développement solidaire, passer du vol à l’intégrité, passer de la paresse à la combativité, passer du laxisme à la rigueur, passer du gaspillage des ressources au respect du bien commun, passer des critiques subjectives aux critiques constructives et à l’action, passer du favoritisme à la méritocratie, et la liste est encore très longue.

Loin de tout cela, l’évocation de ce bout de phrase représente malheureusement pour nombre de nos concitoyens, « passer de mal en pis ». C’est là que le bât blesse. Dans les services, dans les administrations publiques et privées, au sein des centres de formation, au sein des établissements scolaires et universitaires, au niveau des marchés et yaars, on installe la paresse, les retards, l’absentéisme, l’inconscience, l’arrogance, le climat de méfiance, les conflits d’intérêts, l’immobilisme, l’incompétence, le laxisme, la mauvaise organisation, la faible réactivité qui causent de grandes pertes sur le plan économique, politique et social, et même sur la crédibilité et la notoriété du Pays.

- L’élève frappe son professeur et brûle son établissement en clamant que plus rien ne sera comme avant

- Le travailleur manque du respect à son supérieur et ou refuse de travailler en invoquant que plus rien ne sera comme avant

- Des citoyens creusent des trous sur des routes publiques, barrent des routes, bourrent des caniveaux, montent des dos d’ânes, brulent des feux tricolores, renversent des policiers, refusent de se soumettre à l’autorité de l’Etat, refusent de payer l’impôt, tout ça parce que plus rien ne sera comme avant ;

- Même dans les familles, les enfants tiennent tête aux parents, certaines femmes exigent l’impossible à leur tendre moitié et vice versa : plus rien n’est comme avant

Aujourd’hui, nous avons seize millions de spécialistes dans tous les domaines. Chacun est spécialiste en droit, en santé, en économie, en relations internationales, en éducation, en planification, en sécurité, en stratégie militaire, etc. Aucune décision ou action dans ces domaines ne passe sans être systématiquement remise en cause. Beaucoup d’entre nous n’avons certainement pas compris le sens de l’insurrection populaire, ni l’expression « plus rien ne sera comme avant ». C’est ce qui explique certainement que certains Burkinabè rament à contrecourant. C’est l’avenir de la nation qui est pris en otage et la prospérité économique et sociale qui s’éloigne.

Que chacun fasse son autocritique et se remette sur les bons rails. Nous ne sommes pas dans la période des anarchistes, mais chacun doit se dire que « l’Etat c’est moi », pour reprendre une expression attribuée à Louis XIV en 1655. Que chacun joue bien son rôle et nous pourrons mieux demander les comptes à l’Etat. Les gouvernants doivent aussi faire un effort pour que de bons exemples viennent également d’en haut, pas dans les discours, mais surtout dans les actes. Cela passe par la rationalisation des moyens de l’Etat et l’application stricte des textes. Chacun doit accepter le sacrifice pour que plus rien ne soit effectivement comme avant.

C’est à ce prix que se construira le Burkina nouveau, pour nous et pour les générations futures.

Plus rien ne sera comme avant n’est pas une expression, c’est un comportement et chaque Burkinabè, chaque organisation, chaque entité, chaque ministère, chaque direction, doit faire son autocritique, identifier les comportements dont il doit faire le deuil, et mettre en œuvre un plan d’action de changement positif. C’est mon vœu le plus cher pour chaque Burkinabè pour cette année 2017.

YARO Oumarou, Ingénieur Conseil et Formation

oumarouyaro@yahoo.fr

Source: LeFaso.net