Déloger le Gambien Yahya Jammeh grâce à une intervention militaire de la CEDEAO conduite par Macky Sall, le président sénégalais ? Ou continuer de privilégier la voie diplomate pour éviter une effusion de sang ? Les Chefs d’Etat africains semblent divisés sur la question. Les Burkinabè aussi.

Sur les réseaux sociaux en l’occurrence Facebook, il y a ceux-là qui pensent que l’intrépide Jammeh doit céder la place au président « démocratiquement » élu, Adama Barrow, mais ils ne souhaitent pas une intervention armée de la CEDEAO. Il y a aussi cette partie qui s’interroge toujours sur la position de la population gambienne. Lisez !

Ladji Bama


Ah, que c’est trop laborieux pour certains, le débat contradictoire cohérent ! On donne un point de vue sur un problème bien clair et précis. Au lieu d’apporter la contradiction sur le problème en question, on préfère s’adonner à une partie de coq à l’âne : ce que Jammeh a fait est-il acceptable oui ou non ? « Non, on est d’accord que ce n’est pas acceptable mais le problème c’est la CEDEAO. N’est-ce pas cette même CEDEAO qui voulait avaliser le coup d’État au Burkina ?… » Voici un raisonnement ! En rire ou en pleurer ? Ainsi donc, parce que la CEDEAO s’était méprise par le passé elle doit toujours continuer de se méprendre. Quand elle décide pour une fois de bien, on crie au scandale. On dit non, elle n’a pas le droit de bien faire…

Non telle n’est pas ma conception des choses. Lorsque la CEDEAO déconne, je déconne avec elle. Je la critique très vertement. Mes posts du temps du putsch du général félon sont là pour l’attester. Mais de grâce, lorsque pour une fois elle décide de bien faire, qu’on ne me demande pas de la désavouer. Non je ne goûterai pas de cette soupe-là. Lorsque je critiquais la CEDEAO par le passé ce n’était pas pour qu’elle continue de mal agir, mais pour qu’elle change. Aujourd’hui qu’elle a changé je ne la tancerai pas gratuitement. Non je ne suis pas bloqué dans la tête à ce point. Si demain elle déconne encore, elle m’entendra. Immanquablement.

Lahousséni Tahar


Gambie, ce que j’en pense

Pourquoi Yahya et pas Ali ?

PS : Si la CEDEAO agit de son propre chef pour déloger Jammeh, j’applaudis ! Sinon, je ricane.

Toujours voir au-delà des apparences. Comparaison n’est pas raison mais quand on tuait Kadhafi, on disait aussi vouloir sauver le pétrole, pardon le peuple Libyen. Macky lui, espère détruire ainsi la rébellion Casamançaise dont Jammeh était un soutien de poids…Bref on va tous au marché (je n’ai pas dit en Gambie) mais jamais pour les mêmes raisons : certains vont y chercher du pétrole et autres richesses minières, certains autres du poisson et d’autres un ennemi personnel ou son allié. Si Ali Bongo aussi platement battu que Jammeh est toujours en place, j’ai du mal à croire à un subit grand amour de l’Occident pour l’Afrique. La leçon à retenir de cette affaire, c’est que pour tout Président Africain, tant que ce n’est pas sorti de ta bouche, tu n’es jamais défait à des élections. Bonne idée pour Burkina 2020.

Abdoul Salam Koussoubé :


Je suis d’accord que Jammeh doit partir mais à mon sens la manière importe pour beaucoup ! Sinon nous ferons plus de mal que de bien à la Gambie. Ce n’est pourtant pas le souhait des amoureux du continent. Quand j’observe des chefs d’État très impopulaires dans leur pays, des valets locaux, gaspiller autant d’énergie pour prétendre instaurer la démocratie en Gambie, je reste sceptique quant à la crédibilité et la bonne foi de l’action de la CEDEAO (qui dit agir en toute indépendance).

Bon après-midi de vendredi, que notre soif d’alternance (ultime expression de la démocratie occidentale) ne nous fasse pas perdre de vue le véritable combat.

PS : Juste mon point de vue que je vous partage après ma prière pour l’Afrique.

Abdoul Karim Sango :


Drôle de lecture que de vouloir condamner le leadership de Macky Sall dans la gestion de l’affaire gambienne ! Et là je ne comprends plus certains de mes frères. Sommes-nous devenus des supporters d’un dictateur illuminé qui prend ses folies pour la réalité ? Oui il faut négocier ! Oui il faut éviter des morts inutiles pour un psychopathe schizophrène du type Yaya Jammeh ! Mais bonnes gens, de là à s’en prendre à Macky et a la CEDEAO c’est renoncer à tous les principes démocratiques qui fondent notre engagement pour une Afrique moderne et respectée. Pour une fois, et sur ce coup je suis fier de la CEDEAO, de l’UA et de la communauté internationale. Même la Chine et la Russie traditionnellement prudentes lors des votes de résolutions en vue d’une intervention armée, ont abandonné Jammeh !

Souleymane Ouédraogo alias Basic Soul


En octobre 1987 au Burkina Faso, le capitaine Blaise Compaoré a pris le pouvoir après l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses compagnons d’infortune. Il n’y a pas eu de manifestations de rue, le peuple ne s’est pas soulevé contre ce coup de force sanglant. Le peuple était-il à l’époque favorable au changement et avait-il sympathisé avec le nouveau régime ?

En septembre 2015, avec 28 ans d’écart, le RSP dirigé par Gilbert Diendéré a fomenté un coup d’État et pris une partie du gouvernement en otage. Le peuple s’est dressé comme un seul homme pour empêcher le changement anticonstitutionnel de gouvernement malgré la quasi-complicité d’une partie des chefs d’État de la CEDEAO. Par chance, l’Union Africaine et quelques autres chefs d’État de la sous-région se sont clairement alignés sur les positions de la résistance burkinabè.

Lorsque les soldats de l’armée régulière se préparaient à une intervention militaire pour défaire les putschistes, nous savions bien que les choses risquaient de dégénérer en conflit généralisé vu les soutiens civils du CND. Mais les patriotes burkinabè étaient prêts à tous les sacrifices et tous scenarios y compris l’ingérence flagrante du président du parlement d’un pays frontalier. Avec le recul, nous savons qu’il y a eu du bluff dans cette affaire et que nos soldats venus des provinces n’étaient pas complètement préparés au combat. Notre armée, avec le soutien populaire, a vaincu le RSP sans avoir réellement eu à combattre.

Aujourd’hui en Gambie, on ne connait pas la position des populations civiles sur l’intervention militaire internationale visant à déloger Yahya Jammeh. Tout comme au Burkina Faso après l’exécution de Thomas Sankara en 1987.

La seule fois que l’opinion publique internationale a assisté à des scènes de liesse en Gambie, c’est lorsque la défaite de Yahya Jammeh avait été confirmée par lui-même. Ce Yahya qui a confisqué le pouvoir le 22 juillet 1994 en faisant un coup d’État contre un Président qui l’avait envoyé en formation militaire et qu’il appelait affectueusement « mon Papa » est un bouffon qui doit céder la place. Quitte à lui mettre la pression pour lui faire croire dur comme fer que les armées de tous les pays de la planète sont aux portes de la Gambie.

Ceux qui pensent que l’institution CEDEAO n’est pas légitime pour mener ce genre d’action et qu’elle est disqualifiée parce qu’elle a échoué à combattre le terrorisme au cœur des États membres, quelle autre alternative proposez-vous ?

Si c’est le statu quo, mieux aurait valu laisser Blaise Compaoré terminer son mandat qui courait jusqu’en 2015.

Rassemblés par Herman Frédéric Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net