Le président du tribunal militaire veut requalifier les infractions initialement retenues contre Madi Ouédraogo et autres dans le cadre du projet d’attaque de la MACA. On envisage désormais l’infraction de « complot militaire ». Si cela est adopté, les accusés vont encourir des peines plus lourdes : l’emprisonnement à perpétuité ou la peine de mort. Du coup, les avocats de la défense ont demandé un délai supplémentaire pour mieux défendre leurs clients. Le procès est donc suspendu et reprendra le lundi 16 janvier 2017.
Depuis le début de ce procès, les accusés sont poursuivis pour association de malfaiteurs ; détention illégale d’armes et de munitions de guerre. Au fil des échanges, surtout après les révélations « fracassantes » (projet d’assassinat de deux généraux et du président de l’Assemblée nationale) de celui qui a donné son nom au dossier, Madi Ouédraogo, le président du tribunal a envisagé mercredi 11 janvier dernier, de requalifier les infractions. Le « complot militaire » est la requalification qu’il a proposée. Avec ses deux peines prévues : l’emprisonnement à vie ou la peine de mort.
A l’ouverture du procès en cette matinée du 12 janvier 2017, Me Armand Ouédraogo prend la parole et introduit des requêtes.
D’abord, au nom de tous les avocats de la défense, il demande la suspension du procès, pour 72h, en vue de mieux préparer la défense de leurs clients qui ‘’risquent désormais gros » avec la requalification des infractions. Il faut que lui et ses pairs se préparent alors mieux pour les défendre.
Ensuite, il demande la comparution de certaines personnes citées tout au long du procès. Il s’agit de l’ex élément du RSP, Ido Claude envoyé en mission onusienne au Mali par la hiérarchie militaire, les généraux Gilbert Diendéré, et Pingrenooma Zagré. « La requalification rend indispensable » leurs comparutions, a-t-il laissé entendre, avant d’ajouter que « si nous sommes là pour la vérité, il n’y a pas lieu de se presser ».
Appuyant son confrère, Me Birba Christophe également commis d’office notera que les « 72h ne sont pas exagérées. En plus, a-t-il poursuivi, le juge sera édifié s’il entendait les personnes citées par Madi Ouédraogo, notamment les trois personnes citées plus haut. Pour un procès équitable, elles doivent donc venir donner leurs versions, surtout que les accusés « encourent plus que ce qui était prévu au départ ».
Le commissaire du gouvernement lui également n’a pas trouvé d’objection à la requête des avocats. Par contre, pour Alioune Zanré, le délai de 72h est exagéré. Il propose 48h, plus « raisonnable » à son avis.
Pour la comparution de Ido Claude, le commissaire du gouvernement expliquera que même le parquet veut sa comparution. Seulement en mission onusienne, le militaire a le statut de diplomate des nations unies. Du coup, la procédure pour qu’il revienne au pays pour répondre est très longue et peut trainer pendant un mois.
Pour ce qui est de la demande de comparution des deux généraux, formulée par les avocats de la défense, le commissaire du gouvernement s’en est remis à la décision du président du tribunal. « Si vous jugez utile de les faire comparaitre, nous ne voyons pas d’inconvénient ».
C’est sur ces entrefaites que le président, Seydou Ouédraogo a suspendu momentanément l’audience pour analyser les réquisitions.
« Je ne vois pas la nécessité d’utiliser mon pouvoir discrétionnaire », pour faire comparaitre les deux généraux. Il rappelle qu’il avait déjà donné son opinion sur la même question, la veille. Décision sur laquelle il n’a pas l’intention de revenir. Il ‘y aura donc de comparution des deux généraux.
Mais, il accède à la requête de suspension de l’audience. Les avocats ont désormais jusqu’au 16 janvier pour « préparer leurs plaidoiries ».
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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