Ceci est un communiqué du Procureur du Faso Près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, faisant le point des enquêtes, un an après, sur les attaques terroristes du 15 janvier 2016.
Les 15 et 16 janvier 2016, notre pays a été endeuillé par suite d’attaques terroristes perpétrées au restaurant Capuccino et à Splendid Hôtel revendiquées par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar allié à AQMI. Lors de l’assaut mené par les Forces de Défense et de Sécurité, trois suspects ont été abattus.
Une année après, où en sommes-nous avec l’enquête ?
Une information a été ouverte contre X et trois personnes identifiées pour des faits d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, d’assassinat, de tentative d’assassinat, de dégradation volontaire de biens en relation avec une entreprise terroriste, complicité d’assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, prévus et punis par les dispositions de la loi n° 60-2009/AN du 17 décembre 2009 portant répression d’actes de terrorisme au Burkina Faso, modifiée par la loi n° 84-2015/CNT du 17 décembre 2015.
Le juge d’instruction a procédé à l’inculpation de ces trois suspects qui sont actuellement en détention préventive. Ces personnes ont été en contact avec l’organisateur en chef présumé de l’attaque. Il faut ajouter aussi que l’enquête a permis d’établir des connexions entre les attaques du Radison Blu au Mali, du Capuccino et à Splendid Hôtel au Burkina Faso et de Grand Bassam en Côte d’Ivoire.
Au regard du caractère transnational des faits de l’espèce, des requêtes d’entraide pénale internationale ont donc été adressées aux autorités judiciaires du Mali et de la Côte d’Ivoire. Des réquisitions ont été également émises. Nous espérons des réponses favorables qui nous permettront de faire avancer positivement l’instruction.
Plusieurs auditions ont enfin été menées par le juge qui travaille toujours en synergie avec les agents enquêteurs par le biais des commissions rogatoires.
Au stade actuel de l’enquête que savons-nous de ce qui s’est passé ?
Le jour de l’attaque, les assaillants au nombre de trois (03) sont venus du côté de Yibi Hôtel en passant devant le maquis « Taxi Brousse » et c’est à partir de là-bas que ceux-ci se sont rendus au Capuccino où ils ont ouvert le feu sur les clients, tuant au total vingt-neuf personnes et blessant plusieurs autres, puis à Splendid Hôtel où ils ont tué une personne et blessé plusieurs clients. Ils ont également commis d’énormes dégâts matériels en utilisant des grenades et une substance inflammable (plusieurs véhicules calcinés ou criblés de balles, des édifices détruits ou criblés de balles). Ils se sont réfugiés dans les locaux de Yibi Hôtel puis au maquis « Taxi brousse ». Ils ont été ensuite en contact avec les commanditaires, à qui ils ont rendu compte de leur mission, ont délivré leur message avant de détruire leurs téléphones portables et une de leurs puces téléphoniques.
Finalement, c’est en ces lieux qu’ils ont été abattus par les Forces de Défense et de Sécurité burkinabè appuyées par les forces spéciales françaises avec le soutien aérien des américains. Par le biais de la revendication faite par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, nous savons aussi que l’attaque est liée au groupe AQMI. Précisons qu’auparavant, les assaillants et d’autres personnes ont procédé à un repérage des lieux.
La coopération internationale avec la France, les Etats-Unis d’Amérique, Interpol Lyon, le Niger et le Canada a permis d’avoir des renseignements utiles au dossier et nous sommes toujours en attente des résultats des expertises qui nous permettront d’identifier formellement les terroristes et la provenance des armes utilisées.
Les peines encourues par ceux qui sont inculpés dans ce dossier vont de cinq ans à l’emprisonnement à vie.
De même l’apologie du terrorisme, le fait de consulter habituellement un ou plusieurs services de communication au public en ligne ou de détenir des documents incitant directement à la commission d’actes de terrorisme, si ce n’est pour des raisons professionnelles ou de recherches scientifiques, le recrutement, l’entretien, la formation d’une personne pour que celle-ci commette des actes terroristes, le fait de s’entrainer ou de se former au maniement des armes ou à toute autre forme de combat, l’organisation du voyage de personnes dans un Etat étranger en vue de commettre des actes terroristes, sont passibles de peines d’emprisonnement allant d’un à vingt ans et d’amende allant de cinq cent mille à cinq millions de francs CFA.
La lutte contre le terrorisme est un devoir universel et il faut la mener sans faiblir. C’est pourquoi nous appelons les populations à la collaboration avec les Forces de Défense et de Sécurité en leur signalant tout mouvement ou comportement suspect dont elles auraient connaissance.
Le Procureur du Faso
Source: LeFaso.net
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