Le Samusocial Burkina Faso (SSBF) a organisé, ce jeudi 29 décembre 2016 à Ouagadougou, une conférence de presse sur le phénomène des enfants en situation de rue. Cette conférence de presse avait pour but d’interpeller les pouvoirs publics, les acteurs politiques ainsi que les populations sur ce phénomène qui touche des milliers d’enfants au Burkina Faso. Elle a aussi été l’occasion pour cette organisation qui lutte contre l’exclusion sociale des enfants et jeunes en situation de rue, de mieux faire connaître les actions qu’elle mène sur le terrain au profit de ces enfants.

Le phénomène des enfants en situation de rue à la peau dure au Burkina Faso, malgré l’arsenal juridique qui protège les enfants. Comme l’explique Ibrahima WEREME, directeur du Samusocial Burkina Faso (SSBF), en 2011, le ministère de l’action sociale avait dénombré 5 721 enfants en situation de rue. Cinq ans après ce recensement, les professionnels estiment que ce chiffre est largement dépassé alors que le phénomène devrait figurer au rang des priorités nationales, « Il est en effet plus qu’urgent de renforcer la prise en charge de ces enfants et surtout, de renforcer la prévention en s’attaquant aux causes profondes du phénomène. » Cela est d’autant plus urgent, qu’en raison des menaces terroristes qui pèsent sur le Burkina Faso, ces enfants peuvent constituer une proie facile pour l’enrôlement dans les réseaux djihadistes, explique les conférenciers du jour.

Les principales causes du phénomène

Le directeur du SSBF, dans sa déclaration liminaire a évoqué plusieurs causes du phénomène des enfants en situation de rue. Les violences intrafamiliales (physiques, psychologiques, affectif, négligence, sévices sexuels, exploitation commerciale) constituent la cause majeure de ce phénomène. Viennent ensuite le délitement des solidarités traditionnelles, les dérives des écoles coraniques, la précarité des ménages et la faiblesse du système national de protection de l’enfance et de ses mécanismes.

Une fois dans la rue, ces enfants laissés à eux-mêmes, font face à de nombreux problèmes dont les maladies, la violence, la drogue, etc.

Les actions du Samusocial Burkina Faso

En vue de permettre leur réinsertion et leur sortie de rue, le SSBF mène plusieurs actions. Il assure une prise en charge médico-psycho-sociale de ces enfants. C’est ainsi que ses équipes vont chaque nuit à la rencontre des enfants et ce, 7jours/7. Il dispose également d’un centre d’hébergement d’urgence ouvert 7jour/7 et 24h/24.

En 2015, ce sont au total 900 enfants qui ont été pris en charge par le SSBF, dont 173 enfants hébergés. Il y a également eu 2789 admissions en accueil de jour dans le centre d’hébergement du SSBF. De plus, 2496 soins médicaux ont été prodigués aux enfants, 54 entretiens psychologiques réalisés et 458 entretiens sociaux ou éducatifs ont aussi été réalisés.

Et plus important encore, 78 enfants ont été accompagnés dans leur projet de sortie de rue. Certains ont donc pu retourner en famille et d’autres placés dans des structures d’accueil partenaires du SSBF.

Les défis


La prise en charge des enfants en situation de rue ne se fait pas sans difficultés et les défis à relever pour venir à bout de ce phénomène sont nombreux, souligne M. Ibrahima WEREME. Parmi ces défis, il y a le renforcement du travail en réseau et le développement de partenariats opérationnels et institutionnels, la nécessité de renforcer le système de protection de l’enfance afin qu’il puisse davantage prévenir le phénomène et prendre en compte les violences intrafamiliales, cause majeure du phénomène des enfants en situation de rue. Pour prévenir le phénomène, le 116 qui est le numéro vert pour dénoncer les cas de violences sur les enfants devra être plus opérationnel.

Il y a également la nécessité de renforcer les capacités de prise en charge des jeunes de 16 à 25 qui, eux, ont des besoins spécifiques.

Le gouvernement et les entreprises privées interpellées

La conférence de presse a aussi été l’occasion pour le SSBF d’interpeller le gouvernement, mais aussi les entreprises privées à accompagner davantage les structures qui luttent contre l’exclusion sociale des enfants en situation de rue, car « Ces enfants constituent une bombe à retardement. », foi de Clément Lankoandé, psychologue clinicien au SSBF.

Justine Bonkoungou (Stagiaire)

Photos : Bonaventure Paré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net