« Gestion des marchés et yaars, rôle et place des associations de commerçants ». C’est sous ce thème que l’association Sougrinooma des jeunes commerçants et ouvriers du Burkina (ASJCOB) tient ses 72 heures. L’activité, dont le top de départ a été donné dans la matinée de ce jeudi, 22 décembre 2016 au grand marché de Ouagadougou, « Rood-Wooko », a servi de cadre pour les responsables de l’association, de concert avec les services des impôts, pour sensibiliser les commerçants sur la nécessité de s’acquitter de ses impôts.

Selon les organisateurs, ce rendez-vous se veut une tradition à la veille des fêtes de fin d’année pour permettre aux commerçants de servir au mieux et accompagner les populations en ces périodes de grandes demandes. L’occasion faisant le larron, l’édition de 2016 a réservé une grande part à la sensibilisation des commerçants des marchés et yaars de la ville de Ouagadougou au civisme fiscal. A cet effet, les responsables de l’association ont fait appel aux services des impôts pour s’entretenir avec leurs membres. Toute chose qui a permis aux responsables des impôts de s’étaler sur la philosophie même de l’impôt, ses valeurs et d’appeler les commerçants à s’engager dans cette voie (civisme fiscal) profitable à tous, à commencer par eux-mêmes. Ce fut aussi une aubaine pour les participants de lever des zones d’ombre par des questions d’éclaircissement.


« Pour nous, on ne pouvait pas faire les 72 heures sans parler de la contribution des commerçants aux recettes nationales. Comme vous le savez, depuis la reprise des activités de Rood-Wooko (le marché avait connu un incendie en 2003, ndlr), il n’y a pas eu de collecte d’impôt ici. Donc, ceux qui sont dans le marché sont habitués à ce vides », explique le président de l’ASJCOB, Lassané Ouédraogo, estimant de ce fait que, pour un retour à la normale, il faut expliquer aux locataires de ce lieu de commerce, les sensibiliser sur la vocation des impôts. « C’est raison pour laquelle, nous avons fait appel à des responsables des impôts pour venir expliquer que si jusque-là, on ne percevait pas d’impôt, c’était compte-tenu d’une certaine situation et que maintenant, on doit revenir à une situation normale. (…). Quand vous écoutez les émissions interactives, les gens appellent pour dire qu’il n’y a pas d’argent, que le Président du Faso doit faire ceci ou cela. Or, lui seul ne peut rien faire pour tous les Burkinabè, voilà pourquoi on demande que chaque Burkinabè puisse contribuer à construire le pays. Cela se fait par le paiement des impôts, chacun en fonction de son pouvoir. C’est ce qui nous a motivés à initier cette activité dans nos 72 heures à laquelle prennent part des représentants des marchés et yaars de la ville de Ouagadougou », dévoile Lassané Ouédraogo. Pour parvenir au civisme fiscal, il suggère aux agents des impôts de maximiser sur la sensibilisation et éviter les situations contraignantes qui, selon lui, peuvent entraîner au découragement et partant, favoriser l’incivisme fiscal. De son avis, un commerçant convaincu est prompt à payer et à être un relais auprès de ses camarades que s’il était contraint.


« Il est dit que Plus rien ne sera comme avant et nous estimons que ce slogan doit être compris dans le bon sens. Que le contribuable sache que c’est son impôt qui sert à lui offrir des soins de santé, des bitumes et que c’est également sa contribution qui permet de sécuriser les frontières pour que règne la quiétude dans le pays. Mais si on dit que c’est le Président qui dit qu’il peut et que c’est à lui de s’arranger pour le bien-être de tous, ça ne peut pas aller. On pense qu’il a eu de l’aide extérieure (conférence de Paris sur le PNDES, ndlr) mais il faut qu’on sache que ces aides sont la contribution de contribuables des pays qui nous viennent en aide. Nous aussi, nous devons payer des impôts pour permettre qu’un jour, nous puissions aussi venir en aide à d’autres peuples », convainc Lassané Ouédraogo pour qui, « payer l’impôt est un acte patriotique ; ce n’est pas pour un régime, ce n’est pas pour un dirigeant, c’est pour son pays ».


Pour le directeur de la division fiscale de Sig-Noghin, Benoit Zongo, ce cadre est une opportunité pour donner un aperçu de ce que les impôts entendent mener comme activités au niveau des marchées et yaars en termes de recouvrement. De ses explications, on retient que depuis la réouverture de Rood-wooko (après l’incendie), on n’a pas pu lever l’impôt en ce lieu alors que ce sont des contribuables qui y sont. ‘’Cela aussi était lié à la situation nationale à un moment donné. Depuis 2008, 2009, il y a eu des évènements à Ouaga et à Bobo-Dioulasso par rapport à l’imposition ; le barème d’imposition à la contribution du secteur informel a été revu par l’Assemblée nationale et il y a eu un front social qui n’a pas voulu que ce barème soit appliqué. », dit-il en substance. D’où la nécessité de discuter avec les responsables des marchés et yaars pour pouvoir mener convenablement l’activité. « Au marché du secteur 10, cette approche a été déjà faite l’année passée où on a discuté pendant un certain temps avec les responsables de ce marché et on a pu faire le recensement d’imposition à ce niveau. C’est cette même démarche qui est en train d’être entreprise au niveau de Rood-Woko », confie Benoit Zongo. De son avis donc, il faut simplement une bonne approche qui va permettre aux gens de comprendre le bien-fondé des efforts qu’ils consentent à travers les impôts.

Au cours de ces 72 heures de l’ASJCOB, qui partent du 22 au 24 décembre 2016, des activités de don de sang et de nettoyage sont prévus en plus des thèmes de sensibilisation sur le civisme fiscal qui seront développés pour les commerçants.

O.L.O.

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Source: LeFaso.net