La dernière opération de souscription organisée par la SONATUR en vue de vendre des parcelles viabilisées a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Au regard des conditions exigées pour solder le prix de la parcelle, d’aucuns ont qualifié cette opération de volonté du gouvernement à favoriser les plus nantis. Pour mieux comprendre les enjeux, l’opportunité et le caractère ‘’non » discriminatoire de cette opération, le député Aoue Joël a adressé une question orale au premier ministre. Et, c’est le ministre de l’habitat et de l’urbanisme qui était à l’Assemblée nationale, le 25 novembre 2016, pour apporter des éléments de réponses.

Maurice Dieudonné Bonané a d’abord décliné la politique du gouvernement en matière d’habitat. Selon le ministre Bonané, l’objectif principal de la politique du gouvernement est de réunir les conditions nécessaires pour assurer l’accès des Burkinabè de toutes les catégories sociales, à un logement décent. Du reste, le droit au logement décent pour tout Burkinabè est inscrit dans notre constitution. Mais, « ce droit au logement a été vite confondu au droit à la parcelle de terrain. C’est le résultat de toute une évolution socio-politique. En rappel, c’est depuis la RDP (Révolution démocratique et populaire, ndlr) que le slogan « un ménage, une parcelle », a pris forme et s’est incrusté dans notre psychologie collective », a précisé le ministre de l’habitat et de l’urbanisme. S’en suivront alors des lotissements de masse, des lotissements populaires et des lotissements à grande échelle avec l’avènement de la décentralisation.

Mais, le constat final est peu reluisant. Car, les multiples opérations de lotissement n’ont pas permis d’assurer un logement décent pour les populations urbaines. Au contraire, « nous avons récolté l’étalement urbain de nos villes et la prolifération de l’habitat spontané, habitat insalubre qui maintient nos concitoyens dans des conditions de vie difficiles », regrette M Bonané. Et aujourd’hui, les besoins sont évalués à environ 30 000 logements à réaliser par an sur tout le territoire national, pour être en phase avec la croissance fulgurante de nos centres urbains. « La leçon est que donner une parcelle de terrain à un citoyen ne vaut pas une garantie de son droit à un logement décent. Nous devons aujourd’hui changer de paradigme et nous inscrire dans une stratégie pertinente de production de logements au profit surtout des revenus les plus faibles, une politique vigoureuse de production de logements sociaux », a assuré le ministre en charge de l’habitat. D’où la mise en place d’un programme de construction de 40 000 logements sociaux et économiques sur tout le territoire national et cela d’ici à 2020.

Le résultat d’un travail d’assainissement du foncier de la SONATUR

Concernant la dernière opération de vente de parcelles organisée par la SONATUR, le ministre Dieudonné Bonané a indiqué« qu’il ne s’agit pas de nouveaux aménagements réalisés par la SONATUR, mais de la mise en vente de parcelles qui se sont avérées disponibles à la suite de tout le travail d’assainissement de la gestion du patrimoine foncier de la société ».Cette opération de ‘’salubrité publique a permis de dégager :421 parcelles disponibles à Ouagadougou ;488 parcelles disponibles à Bobo-Dioulasso ;128 parcelles disponibles à Ouahigouya ;73 parcelles disponibles à Dédougou.

« Il ne serait pas juste de laisser croire que ces aménagements sont accessibles à tous les Burkinabè »

La SONATUR étant une société d’Etat, elle est astreinte à des obligations de résultats et ses comptes sont approuvés par l’Assemblée générale des sociétés d’Etat. C’est pourquoi, les coûts de ses parcelles produites sont encadrés par des règles de rentabilité. De ce fait, « il ne serait pas juste de laisser croire que ces aménagements sont accessibles à tous les Burkinabè, toutes catégories sociales confondues. Du reste, la réalisation de ces opérations est toujours précédée d’une étude de rentabilité économique avérée. En procédant autrement, on engage la société dans un processus de faillite qui va déteindre sur nos attentes à l’endroit de nos sociétés d’Etat qui sont des piliers de certains secteurs de développement », reconnait Maurice Dieudonné Bonané.

Le premier responsable du département en charge de l’habitat et de l’urbanisme a aussi indiqué que le gouvernement travaille à recadrer la politique d’aménagement urbain de notre pays, afin d’aboutir à une stratégie globale de réalisation des logements au profit de nos populations. « Ce sont les changements qualitatifs dans cette direction qui vont nous permettre d’améliorer véritablement les conditions de vie de nos populations urbaines et rurales », se convainc-t-il.

Moussa Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net