Dans cette lettre ouverte au président du Faso qu’ils n’ont malheureusement pas pu rencontrer lors de son passage au Maroc à l’occasion de la COP22, les étudiants burkinabè au royaume chérifien veulent attirer son attention sur la précarité dans laquelle ils vivent dans ce pays.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

« Tout enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne » disait Victor HUGO, et Jules FERRY renchérit par cette assertion : « c’est de l’instruction que naît la grandeur des nations ». Conscient « qu’il n’y a de ressources que d’hommes » et qu’un capital humain compétent et performant constitue le fer de lance du développement d’un pays, le « Pays des Hommes Intègres » entretient une coopération académique avec le Royaume du Maroc dans la perspective d’y former et perfectionner certains de ses étudiants.

C’est dans le cadre de cette coopération, votre Excellence, que l’Etat burkinabé nous a octroyé des compléments de bourse pour le Maroc afin que nous développions des compétences et des aptitudes qui nous permettront d’intégrer la future armée d’élites intellectuelles du Burkina Faso.

Monsieur le Président, l’Association des Etudiants et Stagiaires Burkinabè au Maroc section Marrakech (AEBM-Marrakech) tient avant toute chose à saluer les multiples efforts déployés et les sacrifices consentis par le gouvernement afin de garantir le fonctionnement des institutions républicaines, de faire du Burkina Faso un pays de paix, d’égalité et de justice.

Nous vous exprimons nos profonds regrets de n’avoir pas eu l’occasion d’échanger avec vous lors de votre court séjour au Maroc dans le cadre de la COP22 en tant que ressortissants burkinabé résidant au Maroc et par-dessus tout, étudiant burkinabé désireux de rencontrer leur Président afin de lui exposer leurs préoccupations.

Très loin du Faso notre mère patrie, mais toujours au parfum de l’actualité nationale, nous sommes conscients de la tâche difficile que doit accomplir votre gouvernement pour relancer le développement économique et social de notre pays à travers le PNDES.

Excellence Monsieur le Président, nous voudrions par la présente attirer votre attention sur la précarité dans laquelle vit l’étudiant boursier burkinabé au Royaume du Maroc.

L’Etat burkinabé envoie chaque année près d’une cinquantaine d’étudiants au Maroc. Ceux-ci sont considérés comme les futurs acteurs potentiels du développement du pays. Mais force est de constater qu’une fois la formation terminée, les étudiants sont laissés à leur propre sort, encourageant par cette voie la fuite des cerveaux. Si l’on considère la bourse comme un investissement, l’état burkinabé gagnerait mieux en créant un cadre favorable pour le suivi et la réinsertion de ces étudiants en fin de cycle. Cela permettra le renforcement de l’administration qui bénéficiera de cadres issues de divers horizons avec de multiples expériences.

Malgré l’expression de la bonne volonté du gouvernement à notre égard que nous saluons, nous restons toujours confrontés à la récurrence des retards de virement de nos compléments de bourses scolaires, et ce, depuis quelques années.

Monsieur le Président, le dernier virement des compléments de bourse qui devrait s’effectuer en début octobre pour le compte du trimestre d’octobre à décembre, n’a toujours pas été effectué jusqu’à ce jour. En outre, la bourse d’avril 2016 qui devrait être viré le 1er avril 2016 a été perçue en juin soit environ 03 mois de retard.

Vous comprenez donc Monsieur le président, la situation désastreuse et désolante dans laquelle se trouvent un bon nombre de nos camarades qui s’en étaient tenus à l’échéancier normal pour leurs prévisions de dépenses. D’autant plus que ce complément de bourse à une particularité à savoir permettre aux étudiants de payer leurs fournitures, factures et sans oublier le bailleur qui réclame son dû à chaque fin du mois.

Aussi, Son Excellence, serait-il juste de mentionner qu’en plus du retard de payement, le complément de bourse que l’Etat Burkinabè nous accorde est très insuffisant au regard du coût élevé de la vie au Maroc.

Dans cette situation, où le minimum vital n’est pas assuré, l’étudiant burkinabé n’est pas à mesure de fournir un rendement conséquent et de tendre vers l’excellence.

Monsieur le Président, si la révision à la hausse de ces montants datant d’une autre époque nécessite un horizon temporel à long terme, nous restons convaincus que le virement à échéance de nos bourses, ne relèverait pas de l’impossible pour notre gouvernement.

Nous saurons terminer cette lettre sans vous demander de plaider auprès des autorités marocaines en faveur de certains étudiants burkinabé (surtout les filières techniques) qui perdent leur bourse marocaine après deux (02) ou trois (03) ans de formation. Par conséquent le complément de bourse octroyé par l’Etat burkinabé constitue la principale source financière de ces étudiants qui ne leur permettent pas de survenir à leurs besoins.

Au regard du prix que votre gouvernement accorde à l’éducation et à la formation de qualité pour le développement socioéconomique du Burkina, nous espérons Monsieur le Président, que vous serez sensible à notre sollicitation et que des mesures urgentes seront prises pour y remédier.

Soyez remercié votre Excellence, pour l’importance que vous accorderiez à notre message, a ce cri de détresse !

Secrétaire Général Section Marrakech

Source: LeFaso.net