Depuis la tenue des élections consulaires à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCI-B), le 13 novembre 2016, beaucoup d’acteurs du milieu se plaignent dans les coulisses. Mais peu sortent de leur silence. Après Safiatou Lopez/Zongo, c’est le Groupement des acteurs de petits commerces du Burkina (GAPEC) qui monte au créneau pour dénoncer des fraudes massives et pointer du doigt certaines personnes. C’était lors d’un point de presse le dimanche 20 novembre 2016 à Ouagadougou.
Pendant que certains jubilent et célèbrent leur victoire, d’autres crient à la fraude. Parmi ces derniers, le GAPEC. Ce sont des commerçants très remontés contre certaines pratiques qui se sont déroulées avant, pendant et après le scrutin qui ont rencontré la presse. Soumaila Zongo, Président du GAPEC et ses compagnons, accusent les autorités en charge de l’organisation de ce scrutin (en l’occurrence le ministère du Commerce), d’avoir laissé faire ou favorisé la fraude.
Avant le scrutin, le GAPEC, affirme avoir tiré la sonnette d’alarme en dénonçant « les graves dangers » qui pouvaient entacher la crédibilité du scrutin si rien n’était fait. C’était, selon eux pour éviter ce qui est arrivée le jour du vote à savoir les fraudes massives à travers l’utilisation de procurations vierges (sans identités), ou fausses. Les autorités ont donc laissé faire malgré leurs interpellations le jour même du scrutin. « Cette fraude massive et grave que les organisateurs essaient de camoufler entache la crédibilité de tout le scrutin », confie-t-il.
Un officier de police mis en cause par le GAPEC
C’est pourquoi le GAPEC exige que toute la lumière soit faite « au risque de ne pas reconnaitre la chambre consulaire et le bureau qui va en découler ». Par ailleurs le groupement exigent essentiellement trois choses. D’abord que Amélie Tamboura, membre du comité d’organisation de ces élections puisse témoigner. Elle qui a sillonné des bureaux de votes et a constaté l’utilisation des procurations frauduleuses sans pour autant prendre de dispositions. Ensuite que les représentants de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ainsi que d’autres agents qui étaient présents dans les bureaux de vote puissent témoigner aussi. Enfin, les acteurs de petits commerces exigent l’ouverture d’une enquête judiciaire sur le cas des procurations signées du nom de l’officier de police Kayiré Nebié.
Concernant l’officier de police Kayiré Nebié, Soumaila Zongo, affirme que le jour du scrutin, ils auraient appris qu’un officier sur place faisait des procurations et prenait 100 000 francs CFA par personnes. « Nous avons remonté vers lui et il a dit ne pas être au courant de ce qui se passe. Nous l’avons demandé pourquoi tu n’as pas posé plainte ». Le GAPEC trouve l’attitude de ce dernier très louche, raison pour laquelle les autorités compétentes ont été saisies.
Cette sortie médiatique vient à point nommé. « Si on a attendu, jusqu’à présent c’est parce qu’on n’avait pas de preuve et personne ne voulait témoigner, donc on ne pouvait pas mener des actions fortes », clame le premier responsable. Selon lui, la donne a changé puisque beaucoup sont prêt (un recours a été fait). Et des arrestations seraient déjà en cours (au moins dix personnes).
Le GAPEC refuse « l’instrumentalisation » de la chambre consulaire et le clame à qui veut l’entendre. Pour eux ce groupe qui a été préparé pour prendre la Chambre de commerce ne va jamais diriger l’économie au Burkina Faso. Parce que, ce sont les membres de ce groupe qui ont commis des crimes économiques. Et menacent le pouvoir en place de nos jours de quitter le Burkina s’ils n’ont pas la Chambre de commerce.
Que dire de la quasi-totalité d’élus consulaires qui se sont coalisés pour soutenir la candidature de Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi à la présidence de la Chambre de commerce ? Il n’en est rien, persiste et signe Soumaila Zongo. Pour lui, c’est un coup monté du ministère du Commerce qui a convoqué les élus consulaires pour officialiser la liste après le scrutin. Et c’est à l’hôtel que ces derniers ont été conduit dans la soirée. « Mais ils ne savaient pas que cette réunion consistait à présenter un président ». Foi du GAPEC, les délégués qui ne sont pas d’accord seront contactés pour témoigner dans les jours à venir. Pour eux, c’est une trahison de la part du ministère du Commerce car « personne n’a donné sa voix » à Kadhafi. « Nous pensons que le président de la chambre consulaire ne doit pas être élu à l’hôtel », lance le Président Soumaila Zongo.
A qui profite le crime ? A entendre le premier responsable du GAPEC, ces irrégularités profitent à ceux qui ont toujours pillé le pays depuis l’ancien régime jusqu’à maintenant. « C’est à quel opérateur économique le peuple s’est attaqué. Vous avez vu des magasins de riz pillés, des banques pillés », rappelle le Président Zongo, faisant allusions à l’insurrection populaire d’octobre 2014. Il se demande « sur quelle base » est-ce que le peuple les avait attaqués, étant donné qu’ils n’étaient pas les seuls opérateurs économiques du pays en son temps.
Tout en demandant aux uns et aux autres de rester à l’écoute, le président de la GAPEC demande simplement un audite sur ces gens-là car leur argent vient de la Chambre de commerce. Il ajoute que « Si Alizeta Gando a pu voler au niveau du foncier, c’est qu’au niveau de la Chambre de commerce c’est pire ». Et que l’élection de Henriette Kaboré n’est pas gratuite, elle qui est revenue de la Côte d’Ivoire, à peine quatre jour avant le scrutin en question.
Marcus Kouaman
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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