A l’occasion d’une conférence organisée le 16 septembre à Bobo Dioulasso, le Dr Jean-Marc Palm, politologue de formation et troisième vice-président du Mouvement du Peuple pour le Progrès, n’a pas hésité à interpeller ses camarades du MPP sur leur gestion actuelle du pouvoir. « Il est possible qu’on n’atteigne pas 2020 et qu’il y ait un mouvement que ceux qui sont partis ont connu » prévient-il.

Vous êtes à Bobo-Dioulasso pour une conférence en vue de commémorer l’an I du putsch du 16 septembre, quelles leçons peut-on retenir ?

Jean-Marc PALM

Ce qu’on peut retenir, c’est la commémoration mais aussi surtout les leçons et les perspectives. Vous entendez un peu les camarades, leurs interventions ? On s’est battu pour que, comme je l’ai dit, plus rien ne soit comme avant, c’est à dire pour qu’il y ait plus de liberté, plus de progrès pour l’ensemble des populations où qu’elles soient. Et les préoccupations justement des camarades sont énormes et les attentes sont grandes. Il y a même certains qui sont impatients ; je les comprends. Mais il était nécessaire que l’on vienne discuter avec ces camarades dans le cadre de cette commémoration afin qu’ils nous expriment leurs préoccupations et leurs attentes et que le parti s’en saisisse à bras le corps pour voir comment apporter satisfaction aux doléances et aux préoccupations des différents camarades dans les différentes localités.

Vous constatez qu’à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville, ça gronde beaucoup…

Jean-Marc PALM

Bobo-Dioulasso, la deuxième ville, ça gronde beaucoup et à juste titre. Moi je suis un natif de Bobo, les trous que nous avons laissés tout petits, quand on revient, les mêmes trous sont là et ils se sont agrandis. Regarder le centre-ville, autour de la mairie, c’est triste. Il faut que nous soyons conscients de cela et qu’on prenne le problème à bras le corps pour qu’on arrive à résoudre ces différentes questions.

Vraiment c’est juste les préoccupations que les camarades posent. Bobo ne mérite pas ça et en même temps, je dirai que c’est la faute aux bobolais dans la mesure où en réalité, les bobolais n’arrivent pas à se mettre d’accord ; il n’y a pas de cohésion ; il n’y a pas d’unité pour regarder le développement. Donc c’est ça aussi la réalité. Donc il faut qu’il y ait plus de cohésion, que les bobolais puissent regarder ensemble et changer. Qu’ils soutiennent les responsables administratifs et politiques, le maire central et les maires d’arrondissements et qu’ils puissent les aider dans leurs efforts de développement de la ville et non pas mener des combats inutiles et mesquins. Là aussi vous savez c’est l’une des spécialités de Bobo-Dioulasso. Ils pensent qu’ils sont plus malins que les autres et c’est ça en fait qui nous trompe. Il va falloir que les mentalités à Bobo changent et que nous puissions regarder ensemble vers l’avenir.

On demande au MPP de bouger, est ce que l’espoir est permis ?

Jean-Marc PALM

L’espoir est effectivement permis, je pense que ces critiques vont amener les autorités, les premiers responsables du parti à prendre conscience ; parce qu’il faut bouger. Comme l’a dit l’autre camarade, (faisant allusion à Ousseni Tamboura membre du bureau politique national, député et quatrième vice-président de l’assemblée nationale du Burkina Faso) il y a deux manière hein, si on arrive à atteindre 2020 « allamdouloulaye » mais on peut craindre la sanction dans les urnes. Mais il est possible qu’on n’atteigne pas 2020 et qu’il y ait un mouvement que ceux qui sont partis ont connu, qu’on connaisse.

Là les camarades sont conscients, si nous faillissons, le peuple ne va pas nous pardonner tellement ils ont placé d’espoir en nous, tellement les attentes ont été grandes. Si on les déçoit et que on n’arrive pas à apporter des solutions ou que on n’ouvre même pas de pistes ah vraiment … (rires) bon on verra. Mais je pense que les dirigeants prendront conscience et que l’espoir est permis.

Retranscris par Romuald DOFINI

Lefaso.net

Source: LeFaso.net