Le groupe parlementaire UPC (Union pour le progrès et le changement) fait le bilan des activités menées lors des premières sessions ordinaire (02 mars au 30 mai 2016) et extraordinaire (11 au 25 juillet 2016) de l’année 2016. Dans ce cadre, il a organisé une conférence de presse au siège du parti à Ouagadougou, le 26 juillet. S’il estime avoir joué pleinement sa partition au cours de ces deux sessions, le groupe UPC soutient par contre que le gouvernement continue de tâtonner, à en juger par les projets de lois qu’il envoie au parlement. Aussi regrette-t-il le fait que le président du parlement s’érige souvent en défenseur de l’exécutif.

Pour la première session ordinaire, le groupe parlementaire UPC a pris activement part aux différents travaux, en engageant fortement dans les différentes commissions. Ainsi, il a envoyé quatre de ses membres dans les deux commissions d’enquête parlementaire (sur les mines et sur le foncier) dont les résultats sont encore attendus. Les députés dudit groupe ont participé aux débats après la déclaration de politique général et le discours sur la situation de la nation du Premier ministre. En plus, ils disent poser à chaque fois des questions au gouvernement. Mais, « de plus en plus, les questions orales prennent l’allure de questions écrites. Toute chose qui constitue un recul par rapport au passé où les ministres se pliaient à cet exercice tous les vendredis », a souligné Alitou Ido, le président du groupe parlementaire UPC. Sur 57 questions adressées au gouvernement, 17 sont des questions orales, mais seulement quatre avec débat. « On fuit les grands débats », regrette le député Moussa Zerbo.

« Ce gouvernement-là reporte les problèmes au lieu de les résoudre »


Au cours des deux sessions, ce sont 21 lois qui ont été votées dont deux lois de finances rectificatives (où l’UPC a voté abstention). Les deux lois de finances rectificatives ont été adoptées en moins de 100 jours d’intervalle. Ce qui fait dire aux élus nationaux de l’UPC (qui ont voté abstention les deux fois) que le gouvernement continue dans son tâtonnement. « Le souci du gouvernement actuel est de calmer la tension sociale par des décisions improvisées, et non de relancer l’économie nationale en panne. Ce gouvernement-là reporte les problèmes au lieu de les résoudre. Il manque d’audace et d’imagination », soutient Alitou Ido. Pour justifier la non maturation des projets qui sont transmis au parlement, l’UPC cite le relèvement de la taxe sur la bière introduite qui ne figurait « ni dans l’exposé des motifs, ni dans le projet de loi transmis aux commissions. C’est un amendement introduit le 18 juillet par le gouvernement lors de son audition », explique Alitou Ido.

Aussi, martèlent les députés UPC, « le gouvernement ne maîtrise pas les dépenses publiques comme le prouvent les décrets d’avances pris alors que les dépenses étaient connues avant la première loi de finances rectificative ». Au titre des mesures de relance économique dans la dernière loi de finances rectificative, 10 milliards de francs CFA y sont consacrés. Un montant très faible pour les membres du groupe UPC. « C’est des mesurettes que le gouvernement est en train de prendre. Actuellement, la relance économique est le dernier de leur souci. Tout ce qu’ils veulent faire, c’est calmer tout simplement le peuple », estime Moussa Zerbo.

Du climat du travail à l’hémicycle


« Si en général l’Assemblée nationale semble fonctionner selon les règles et principes constitutionnels, il n’en demeure pas moins que quelques difficultés ont émaillé son fonctionnement au cours de cette période », a confié Alitou Ido, le président du groupe parlementaire UPC. La première porte sur la difficulté des députés à exercer leurs prérogatives du fait que le parlement soit composé majoritairement de nouveaux députés qui ne maîtrisent pas encore les procédures législatives. L’autre difficulté est que l’Assemblée travaille en étroite collaboration avec l’exécutif et par conséquent, les dysfonctionnements relevés au niveau du gouvernement se répercutent sur l’activité parlementaire.

Le plus grand motif de satisfaction, selon Alitou Ido, c’est que « l’Assemblée nationale a cessé d’être une caisse de résonnance de la majorité où les lois passaient systématiquement ». En tous les cas, il précise que son groupe parlementaire constitue une force de propositions constructives et de critiques pertinentes et non une opposition systématique. Dans ce sens, les députés UPC entendent rester en phase avec les aspirations profondes du peuple qui a mandaté ses membres.

Les membres du groupe UPC n’ont pas manqué de fustiger certaines « attitudes osées » du président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, qui vole souvent au secours de l’exécutif. « C’est nous qui l’avons investi comme président de l’Assemblée nationale. Et lorsqu’il vient, il se permet de défendre le programme présidentiel, il parle même comme s’il était là pour défendre les intérêts et il a même tendance à dire « mon parti ». De la part d’un président de l’Assemblée nationale, ça ne fait pas sérieux », lance Moussa Zerbo.

Moussa Diallo

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Source: LeFaso.net