Les travaux de l’atelier national sur l’intégration de l’enseignement de la lutte contre la corruption dans les universités ont débuté ce mardi 26 juillet 2016 à Ouagadougou. Présidée par le ministre en charge de l’enseignement supérieur, la présente rencontre a été initiée par l’université Ouaga II, en partenariat avec l’Office des nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

Les chiffres sur la corruption sont effrayants selon Metsi Makhetha, coordonnatrice résidente du système des nationaux unies. « Près de 60% des africains interrogés estiment que la corruption s’est aggravée dans leurs pays. Soixante-quinze millions de personnes ont payé des pots-de –vin au cours de l’année écoulée, parfois même pour pouvoir accéder à des services aussi vitaux que la santé, l’éducation ou même l’eau » a-t-elle indiqué, en référence au dernier rapport de l’ONG Transparency International.

Quant au Burkina, le constat sur la corruption n’est pas aussi reluisant. En effet, le récent rapport du Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC), fait ressortir que « 91% des personnes enquêtées estiment que la corruption est très fréquente dans le pays ». Et que dire du dernier rapport de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) ? Ce rapport fait le bilan d’un détournement de deniers publics de plus de 800 millions de francs CFA.


Phénomène mondial, la corruption constitue un obstacle au développement économique et social des pays, de l’avis du ministre en charge de l’enseignement supérieur, Filiga Michel Sawadogo. « Investir dans un pays corrompu peut coûter jusqu’à 20% plus cher que dans un pays non corrompu et les pays qui prennent des mesures idoines pour lutter contre la corruption et promouvoir le respect de la légalité pourraient augmenter leur revenu national de 400% », a-t-il souligné.

Au regard de l’impact négatif de la corruption sur le développement économique et social du Burkina, le ministère en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation soutient l’initiative de cet atelier qui est le premier du genre en Afrique. Ainsi, le ministre Filiga Michel Sawadogo attend beaucoup de cet atelier. « Les étudiants doivent maitriser les concepts, les manifestations et aussi les effets néfastes de la corruption. L’atelier doit créer une réaction contre la corruption, de manière à ce que les étudiants s’engagent dans la lutte. Ils devraient également voir sous quelles formes les universités peuvent participer à la lutte contre la corruption. Cela existe déjà dans la pratique courante, dans les notations, dans les concours. Il y a aussi la possibilité d’en faire un enseignement qui peut aboutir à un diplôme », a-t-il signifié.


Le Pr Stanislas Ouaro, président de l’université Ouaga II et par ailleurs président du Réseau pour l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’ouest (REESAO), s’inscrit dans cette dynamique. Selon lui, la lutte contre ce fléau est déjà engagée dans les universités publiques du Burkina à travers l’adoption du code d’éthique et de déontologie de l’enseignant-chercheur et de l’enseignant hospitalo-universitaire le 08 octobre 2015, et l’existence depuis plusieurs années d’un régime disciplinaire applicable aux étudiants. Le code bannit : « tout favoritisme, discrimination, chantage, conflit d’intérêts, abus de pouvoir, diffamation, délation, arnaque, népotisme, plagiat, usurpation de titre, harcèlement moral et sexuel, manipulations, agitations politiques, religieuses et syndicales ouvertes ou déguisées », a expliqué Stanislas Ouaro.


La mise en place d’offres de formations relatives à la lutte contre la corruption dans le système éducatif devra permettre d’identifier les différentes formes de corruption, leur pratique et leur survenance. Cela devra contribuer également à proposer des mécanismes de lutte contre ce fléau. De cet atelier, le président de l’université Ouaga II a émis le souhait que toutes les universités membres de l’espace REESAO s’approprient les conclusions en vue de contribuer à la lutte contre la corruption. Les travaux du présent atelier se déroulent du 26 au 28 juillet 2016 à Ouagadougou.

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net