Le Burkina Faso connait encore, comme à l’accoutumée, des inondations. Certes, les pluies sont un phénomène naturel, mais nous n’avons pas toujours à en souffrir des effets prévisibles.
Les caniveaux construits aux abords des routes sont censés canaliser et faciliter la circulation des eaux de pluie et des eaux usées des ménages afin de réduire les inondations. Malheureusement, on constate que ces caniveaux sont, pour la plupart, laissés à ciel ouvert alors qu’il faut absolument poser des dalles dessus afin de les recouvrir tous. Le fait que ces caniveaux soient régulièrement bouchés par des ordures constitue en effet une des causes majeures des inondations car l’eau n’arrive pas à circuler facilement et rapidement. Certains dirigeants appellent la population à une action citoyenne consistant à écurer ces caniveaux. Mais il faut bien reconnaitre qu’après une telle opération, une solution durable relevant de la responsabilité de nos dirigeants doit être trouvée. Par cet écrit, j’appelle nos décideurs publics à faire recouvrir nos caniveaux de dalles au lieu de les laisser à ciel ouvert.
En plus de réduire les inondations, le fait de poser des dalles sur l’ensemble de nos canivaux pour les recouvrir résout de façon durable un certain nombre de problemes : éviter certains accidents mortels de la circulation, éviter certaines noyages, réduire les moustiques et mouches de nos centres urbains, élargir du même coup la partie praticable des routes, réduire les mauvaises odeurs et améliorer la beauté générale de nos villes.
En effet, le premier résultat salutaire et qui d’ailleurs est le plus important est que recouvrir ces caniveaux de dalles contribuera à sauver des vies humaines sacrées. Il est bien connu que ces caniveaux à ciel ouvert occasionnent des accidents très graves et parfois mortels. Lorsqu’un conducteur d’engin ou même un piéton tombe dans ces caniveaux, les conséquences sont souvent graves. Comme nos villes sont de plus en plus surpeuplées et que nos routes paraissent ainsi de plus en plus étroites pour les trop nombreux usagers, on ne peut toujours éviter ces dangers à ciel ouvert qui longent nos routes et qui représentent un risque d’accident à chaque instant. Le mauvais éclairage de certaines routes n’aide pas non plus à éviter de tels dangers qui me paraissent d’ailleurs comme des pièges mortels. Si poser des dalles sur les caniveaux peut contribuer à éviter même une seule perte en vie humaine, alors cela devient un devoir moral de la part de nos autorités de tout mettre en œuvre pour le faire le plus rapidement possible.
Il apparait également que lors des grandes pluies, ces caniveaux à ciel ouvert qui se remplissent d’eau constituent un risque réel de noyage pour les usagers de la circulation ainsi que pour les personnes qui habitent le long de ces caniveaux. En particulier, les enfants qui joueraient dans les environs encourent un risque certain. Poser des dalles sur les caniveaux éviterait ainsi de telles noyages. Il faut d’ailleurs noter que si les caniveaux sont écurés mais demeurent à ciel ouvert, nous encourons des risques encore plus élevés de noyage et d’accident graves liés à ces caniveaux dorénavant plus profonds. Mais en plus de sauver directement des vies humaines sacrées, la pause de ces dalles présente d’autres bénéfices indéniables.
Il est bien connu que les moustiques et les mouches constituent des vecteurs de maladies de toutes sortes et réduisent par ailleurs notre qualité de vie. Or, ces caniveaux à ciel ouvert constituent des dépotoirs d’ordures qui servent d’abri set de lieux de reproduction de ces mouches, moustiques et autres insectes durant toute l’année. Poser des dalles sur ces caniveaux permettrait ainsi de réduire de façon très significative leur prolifération dans nos centres urbains et réduirait ainsi le paludisme par exemple. Par ailleurs, les ordures qu’on trouve dans les caniveaux à ciel ouvert dégagent une odeur nauséabonde qui baisse la qualité de vie de nos concitoyens des villes.
Il faut également noter que les eaux pluviales nous sont resservies par l’Office Nationale de l’Eau et de l’Assainissement après traitement. Poser des dalles sur les caniveaux permettrait de canaliser l’eau pluviale des villes un peu exempte de déchets vers nos retenues d’eau, ce qui pourrait faciliter davantage son traitement futur. D’ailleurs certaines ordures des caniveaux sont drainées par les eaux de pluie jusque dans les retenues d’eau et remplissent progressivement le lit de ces derniers, réduisant ainsi le volume d’eau qu’elles peuvent contenir. Cela accentue les risques d’assèchement de ces retenues d’eau avec comme conséquence des ruptures d’approvisionnement en eau. Je suis sûr que les poissons non plus n’aiment pas nager parmi les ordures des caniveaux que l’eau pluviale draine jusque dans nos retenues d’eau.
Comme par magie, correctement poser des dalles sur l’ensemble des caniveaux pour les recouvrir permet du même coup d’élargir la partie praticable de nos routes. Imaginez que de chaque côté de la route, vous avez un caniveau à ciel ouvert d’un mètre et demi de largeur. Poser des dalles sur de tels caniveaux permet ainsi d’élargir automatiquement la route de trois mètres puisque des piétons et même des cyclistes pourraient circuler sur ces dalles sans aucun problème. Ceci représente un gain énorme car la partie centrale de la route s’en trouve ainsi désengorgée.
Un autre bénéfice et non des moindres est que l’esthétique générale de la ville s’en trouvera significativement améliorée. La salubrité et la beauté d’une ville sont importantes pour attirer des touristes et pour abriter différents évènements d’envergure, aussi bien nationaux qu’internationaux. Une ville propre et chouette contribue également à la santé, au bien-être et à la fierté de ses habitants. Poser des dalles sur les caniveaux contribuera ainsi à rendre les villes du Burkina un peu plus propres et plus belles.
Je suis cependant conscient du discours politique qui consiste à dire que les moyens font défaut et je m’attends probablement à une telle réaction. Je suis également conscient que le Burkina Faso ne dispose pas de moyens énormes. J’ignore certes les moindres détails des budgets de l’Etat et des mairies ainsi que les éventuelles aides qui pourraient venir de certains de nos partenaires. Mais je reste intimement convaincu que vouloir c’est pouvoir. En réalité, à l’échelle d’un pays, ce que je propose n’est « que dalle », c’est-à-dire rien du tout, par rapport aux nombreux bénéfices que cela engendrerait. Au lieu de dépenser de l’argent chaque année pour écurer des caniveaux à ciel ouvert, il me semble d’ailleurs plus indiqué d’investir dans une meilleure solution plus pérenne.
En fait, construire et poser des dalles sur les caniveaux représentent à mes yeux une faible portion du coût global de construction d’une route. Si nos dirigeants ont pu mobiliser les moyens nécessaires à la construction de nos routes et de nos caniveaux, ce n’est pas juste la pose de ces dalles qui devraient poser un réel problème de moyens. En fait, poser ces dalles constitue tout simplement un travail de finition relativement simple lorsqu’on considère vraiment l’ensemble d’un projet de construction d’une route en ville. Cependant, nos dirigeants ont pris l’habitude de ne pas toujours finir cette partie si importante. Il me semble que la population des villes du Burkina ainsi que nos dirigeants sont habituées à voir ces caniveaux à ciel ouvert à tel point qu’ils les ont intégrés dans leur quotidien comme étant quelque chose de normal et d’acceptable.
Il me parait donc que le vrai problème ne réside pas dans le manque de moyens, mais plutôt dans les mauvaises habitudes de travail qui consistent à ne pas apporter une touche finale de qualité et d’excellence à nos projets.
J’invite donc le gouvernement ainsi que les responsables des mairies, chacun en ce qui le concerne, à prendre les dispositions qu’il faut pour poser des dalles sur tous les caniveaux à ciel ouvert qu’on trouve dans les villes du Burkina. J’appelle également nos dirigeants à procéder systématiquement à la construction et à la pause de dalles à chaque fois que de nouveaux caniveaux sont construits.
Il y va de la sécurité et du bien-être de tous.
Dr. Noufou Ouedraogo
Enseignant-chercheur
Source: LeFaso.net
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