Le village de Balolé dans la commune de Tanghin Dassouri fait l’actualité depuis quelques temps. Les odeurs nauséabondes issues de l’abattage d’ânes ont atteint la capitale, depuis la mésaventure de deux de nos confrères. Dans la matinée du 13 juillet 2016, nous y étions.

Ce qu’il convient d’appeler l’abattoir d’ânes est niché sur une colline, à droite du bitume qui mène au dépôt de la SONABHY de Bingo. A peine avons-nous stationné qu’une odeur suffocante nous souhaite la bienvenue, avant qu’un jeune homme vienne à nous.

Assis sous un arbre, des jeunes disent assurer la sécurité de ‘’l’usine ». Après avoir décliné notre identité et les rasions de notre présence, notre premier interlocuteur nous fait savoir qu’aucun responsable des lieux n’est sur place. « Nous, on ne peut pas vous donner des informations », nous fait savoir A.D, ajoutant que l’accès au site est également interdit.

Mais du dehors, nous voyons des charognards, un âne sans aucun signe de vie au milieu de la cour, et plus loin un tas de carcasses de bourricots. Malgré notre insistance, A.D reste stoïque, il ne peut rien nous dire, on ne peut prendre aucun cliché. Mais, il se résout à appeler ‘’son chef » qui ne tarde pas à nous rejoindre. Lui, à son tour, appelle au téléphone ‘’le responsable de l’usine ». Il reviendra nous dire que ce dernier nous prie de laisser nos contacts et qu’il sera prêt pour un rendez-vous le lendemain (14 juillet).

Nous nous exécutons tout en demandant également le contact du ‘’responsable ». ‘’Je ne peux pas vous donner son contact », nous rétorque-t-il. Le lendemain, 14 juillet, malgré nos relances, nos interlocuteurs d’hier n’ont plus réagi.

« Même les ânesse en gestation sont abattues »


Après avoir quitté la devanture de l’usine, nous faisons un tour dans le village pour discuter avec les habitants. Sous un arbre à karité, une dizaine de jeunes parlementent. Les langues se délient quand on parle de l’usine d’abattage d’ânes, même si aucun ne veut se faire enregistrer.

Ils nous apprennent qu’après la descente musclée des jeunes du village sur l’aire d’abattage, les ânes qui s’en sont échappés trépassent partout dans le village. « Il y a un juste à côté, tout le village sent mauvais ». Effectivement, nous verrons des ânes morts à plusieurs endroits dans les champs.

« Ils tuent les ânes à coup de marteau », rempile un autre, impossible de vérifier. Mais, il ajoute que même les ânesses en gestation sont abattues. Dans la discussion, nos interlocuteurs nous indiquent une aire où les bêtes de somme sont gardées.

Sur place, nous découvrons plus d’un demi-millier d’ânes à l’air libre. Des jeunes mobilisés là également veillent sur le troupeau. Sous le soleil, sans foin, ni eau, on aperçoit des ânes au sol, morts. « Comment vous avez fait pour connaitre ici », nous lance le gardien d’ânes qui nous avait refusé le numéro du responsable devant l’abattoir.


Là également, on nous interdira farouchement de prendre la moindre photo. « Vos camarades journalistes sont allés mentir à Ouaga que nous les avons séquestrés, c’est faux. C’est tout ça qui a occasionné les problèmes », a-t-il tempêté, avant de nous demander de rebrousser chemin en attendant que le responsable de l’usine nous appelle le lendemain comme convenu.

Une situation qui donne l’impression que les responsables et les employés sont bien mal à l’aise dans ‘’l’exercice de leur profession ».

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net