Une bonne partie du Burkina Faso est déclarée « zone rouge » sur le site web de l’Ambassade de France au Burkina. Cette situation semble plaire à nos autorités (ministre des Affaires Etrangères, ministres de la Culture et ministre de la Sécurité) qui, depuis leur prise de fonction, ne tentent rien (en tout cas de mon point de vue) pour donner une autre image de notre pays à l’étranger.
Si la France veut donner des consignes de sécurité à ses ressortissants ou à ceux ou celles qui veulent se rendre au « Pays des hommes intègres », c’est son droit le plus absolu. Mais de là que nos autorités ne bougent pas le petit doigt pour recadrer ce qu’affiche la France sur le site web de son ambassade ressemble beaucoup plus à une démission. Mieux, qu’aucun média ne tente de tirer la sonnette d’alarme, on se croirait beaucoup plus abandonné par les siens.
Depuis le début de la guerre (si je peux l’appeler ainsi) qui se vit au Mali, et depuis les attentats terroristes du 15 janvier 2016, une bonne partie de la région du Sahel, du Nord, de la Boucle du Mouhoun, des Hauts-Bassins, des Cascades et de l’Est, est totalement peinte en rouge sur la carte. En un mot, c’est une zone « FORMELLEMENT DECONSEILLEE » donc il ne faut pas s’y aventurer. Une partie du Houet, de la Comoé et de la Tapoa est « déconseillée sauf raison impérative ».
Le 29 juin 2016, le ministère en charge de la Culture et du Tourisme publiait sur Lefaso.net « Toursime burkinabè : Quelles orientations stratégiques pour une relance du secteur ? » et lançait cet appel : « Vivement que chaque Burkinabè joue sa partition ! ». Monsieur le Ministre, ma partition c’est cet article. Vous ne pouvez pas vouloir que des gens viennent chez vous, que des bailleurs de fonds viennent dans votre pays quand un autre pays dessine des zones « ROUGES » sur votre carte, sur vos sites touristiques et vous ne pipez pas mot. Votre collègue des affaires étrangères ne semble même pas inquiet tellement il se plait dans cette situation de savoir qu’on ne peut pas quitter Ouahigouya et se rendre tranquillement à Tougan. J’ai un pincement au cœur quand mon pays est présenté de la sorte par un autre.
Quand nous allions étudier à l’étranger, nous faisions tout pour prouver aux gens que l’Afrique ce n’est pas ce qu’ils voyaient à la télévision (guerre, famine, etc). donc vous aussi à votre tour, essayez de soigner l’image de notre mère patrie ; ceci d’autant plus que la même France qui nous met à l’index a connu plusieurs attentats sur son territoire mais n’a jamais classé une seule portion de son territoire comme « ROUGE » .
Je vais juste vous en citer quelques-uns de 2015 à nos jours : 7 janvier 2015, attentat de Charlie Hebdo à Paris,
8 janvier 2015, Amedy Coulibaly mitraille une policière municipale et un agent municipal à Montrouge,
9 janvier 2015, prise d’otage de Amedy Coulibaly 4 morts (Paris)
26 juin 2015, attentat de Saint-Quentin-Fallavier,
21 août 2015, attentat du train Thalys (3 blessés)
13 novembre 2015, attentat du 13 novembre, 130 morts et 414 blessés,
1er janvier 2016, attaque à la voiture-bélier contre des militaires en faction devant la grande mosquée de Valence,
13 juin 2016, attentat meurtrier à Magnanville, un commandant de police et sa campagne sont tués.
Cette liste est loin d’être exhaustive. Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un tour sur cette page : https://fr.wikipedia.org/wiki/Terrorisme_en_France.
Toutefois, malgré ce chiffre, en aucun cas et en aucun moment, une chaine française n’a osé déclarer Paris comme une zone rouge. Je ne crois pas qu’un attentat au Burkina Faso ait fait 130 morts. Je ne crois pas non plus qu’entre 2015 et 2016, le Burkina Faso ait enregistré une trentaine d’attentats, de tentative d’attentats, d’arrestations de terroristes.
Pour cela, j’invite les médias burkinabè et les autorités de ce pays à tout mettre en œuvre pour redorer le visage du Burkina Faso car si malgré tout ce qui s’est passé et qui continue de se dérouler en France, on ne parle guère de « zone rouge », il n’y a pas de raison que dans mon pays, on parle de « zone rouge ». Au cas contraire, il faut déclarer Paris comme étant une « zone rouge ».
Dimathème
Source: LeFaso.net
Commentaires récents