Le Mouvement des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), a livré son appréciation sur l’état des droits humains au Burkina Faso en 2015. Dans un document de 80 pages, ce rapport annuel du MBDHP relate les cas de violation des droits humains au Burkina et évoque les défis à relever en la matière. Le rapport a été rendu public le vendredi 1ER juillet 2016 à Ouagadougou.

Période post-insurrectionnelle, l’année 2015 a été particulièrement marquée par le putsch manqué de septembre 2015. « 2015 aura été horriblement marquée par une irruption ouverte et sanglante d’éléments de l’ex-RSP dans la vie politique. Le putsch avorté du 16 septembre 2015 aura en effet officiellement fait 15 morts et plus d’une centaine de blessés, ainsi que nombreux dégâts matériels » c’est ce qui ressort du rapport annuel du MBDHP sur la situation des droits humains après l’insurrection populaire d’octobre 2014.

Des cas de violations de droits humains, le putsch de septembre 2015 est à l’origine de nombreux cas de mauvais traitements et de tortures, des atteintes au droit à la vie, à la liberté de presse et d’information. Et puisque ce document donne l’opportunité de faire un état des lieux des droits humains au Burkina, certains vieux dossiers n’ont pas été oubliés. En effet, pour le MBDHP, « 2015 a été une année supplémentaire de sommeil pour bien de vieux dossiers pendants ».


« Nous avons mis l’accent sur les évènements de septembre 2015 avec les victimes du putsch avorté, jusqu’à présent, il n’y a pas de justice pour les victimes. C’est un élément d’interpellation cruciale que nous lançons au gouvernement. Nous avons fait des recommandations allant dans le sens de l’accélération des procédures pour le jugement de l’ensemble des dossiers pendants en justice. Il y a de vieux dossiers comme celui de Norbert Zongo, Thomas Sankara, Dabo boukary et le dossier des victimes de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Il faut que ces dossiers soient enfin vidés » a noté Chrysogone Zougmoré, président du comité exécutif national du MBDHP.

Tirer la sonnette d’alarme sur les atteintes aux droits humains, protéger et défendre les droits de l’homme, ce sont entre autres, les missions du MBDHP. Raison pour laquelle, le mouvement a tenu à formuler des recommandations pour une amélioration de la situation des droits humains au Burkina.


A ce titre, le MBDHP lance un appel au gouvernement en ce qui concerne l’identification et le jugement des auteurs et commanditaires des crimes et délits commis en octobre 2014 ainsi qu’en septembre 2015, la remise à niveau des centres de santé, la prise en charge des soins d’urgences et de base.

Et que dire de la cherté de la vie et de la sécurité ? « Il faut aussi que le renchérissement continu du coût de la vie puisse connaître un terme. Les populations souffrent, peinent à joindre les deux bouts en matière de santé, d’éducation, etc. Ces difficultés doivent connaître une solution notamment à travers des actions concrètes, fortes et non des promesses. Nous avons également lancé un appel afin qu’au niveau de la situation sécuritaire, des dispositions soient prises pour sécuriser les personnes et les biens, aussi bien dans les grandes villes que dans les campagnes » a dit Chysogone Zougmoré.


Les questions sécuritaires étant également à l’ordre du jour, le président du comité exécutif national du MBDHP a donné sa lecture sur les groupes d’autodéfense Kogleweogo. « Nous n’étions pas à priori opposés à l’existence des Kogleweogo. Si les Kogleweogo existent, c’est que l’Etat a démissionné de ses missions régaliennes de protection des personnes et des biens en ville comme en campagne. Il est tout à fait normal que ces populations qui subissent des exactions au niveau des campagnes, puissent s’organiser pour défendre leurs vies et leurs biens » a-t-il indiqué.

Par ailleurs, il poursuit : « A travers certaines pratiques, il y a des situations déplorables à la suite de certains sévices corporels qui sont infligés à des présumés voleurs. Ce que nous demandons aux structures d’autodéfense, c’est de mettre un terme à ces genres de pratique sinon, on ne peut pas leur demander de ne pas exister, de ne pas agir. C’est tout à fait normal que ces structures puissent exister. Nous ne sommes pas contre l’existence des Kogleweogo, nous demandons surtout que certaines pratiques qui vont à l’encontre de règles qui régissent le respect des droits humains, puissent cesser au niveau de ces pratiques » a-t-il précisé.

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net