A la suite des élections municipales du 22 mai 2016, les communes de la région du Nord à l’exception de Zogoré sont arrivées tant bien que mal à mettre en place les organes dirigeants des conseils municipaux. Les maires nouvellement élus pour la majorité ont déjà pris service après leurs installations par les différents hauts commissaires des provinces.

La région du Nord compte 31 communes dont quatre urbaines (Ouahigouya, Gourcy, Yako, Titao). Les dernières élections qui viennent de s’achever se sont déroulées dans une ambiance que l’on pourrait qualifier de bon enfant. Dans l’ensemble des quatre provinces (Yatenga, Zondoma, Passoré, Loroum) les populations ont pu élire démocratiquement leurs mandants qui siègeront dans les conseils municipaux et au Conseil Régional. Passée cette étape cruciale, la mise en place des différents conseils municipaux a été relativement difficile dans certaines communes du fait des divergences au sein des élus du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) largement majoritaire dans les communes du Nord.

La douloureuse expérience de la coalition (ADF-RDA/CDP/UPC/NAFA)


L’on se rappelle que dans le cadre des élections municipales, une coalition de partis politiques est née dans le but d’unir leurs forces pour se donner la chance de ravir le maximum de conseillers municipaux dans la région du Nord afin de participer à la gestion des communes. Pour la circonstance, l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération/ Rassemblement Démocratique Africain (ADF/RDA) a porté la responsabilité de ce regroupement composé du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) et de la Nouvelle Alliance pour le Faso (NAFA). Cette alliance pour des raisons multiples n’a véritablement marché que dans la province du Yatenga où des candidats (181au Yatenga) ont pu se faire élire conseillers municipaux. Cette coalition au terme du combat pour garantir son existence dans une région qui se veut la chasse gardée du président intérimaire du MPP a voulu aller jusqu’au bout en tentant de décrocher des postes au sein des organes dirigeants des conseils municipaux. Dans cette tentative, a part la commune de Tangaye où quelques conseillers se sont vu attribuer des postes de responsabilité, dans le reste des trente communes, la probable instruction de ne pas céder des postes aux conseillers de l’opposition dans les conseils municipaux a été respectée. C’est donc dans cette logique que les conseillers de la coalition se sont résignés, visiblement bien déçus après la mise en place du bureau du conseil de la commune de Ouahigouya où ils ont été ridiculisés par le MPP. Contribueront-ils à la fédération des énergies pour le développement communal comme l’avait fortement souhaité Me Gilbert Noël Ouédraogo quand il était député maire de la cité de Naaba Kango ?

Les enseignements d’une élection de proximité


Quels enseignements peut-on tirer des élections et de la mise en place des organes dirigeants des Conseils Municipaux ? C’est la question qu’on est tenté de se poser. Si pour les élections, les écuries politiques ont plus ou moins laissé libre cours aux leaders locaux de s’organiser parfois avec leurs propres moyens pour conquérir l’électorat, force est de savoir qu’il en a été autrement dans la désignation des futurs maires. Comme partout dans les différentes communes, il fallait disposer d’un parrain pour prétendre au poste de maire qui semble être un deal tissé depuis la naissance du MPP. L’autre constat c’est que l’argent a pris le pas sur le militantisme et le mérite, et le consensus dans le choix des candidats pour diriger les collectivités n’était en réalité qu’une imposition déguisée que beaucoup ne voulaient plus remettre en cause au risque d’être traités de rebelles par les patrons du parti au pouvoir. Un signal fort a été donné par des conseillers dans certaines localités comme pour dire que « plus rien ne sera comme avant ». L’exemple le plus illustratif vient de la commune de Tangaye où des conseillers du MPP avec le soutien de ceux de l’opposition ont désavoué la candidate retenue lors des primaires en élisant Nyampa Issa, un autre conseiller plus aguerri et plus populaire à en croire certains élus locaux. Le même cas a eu cours dans la commune de Namissiguima avec Bélem Kabaré qui n’était pas le favori de son parti le MPP. L’on a eu l’impression que les conseillers des villages ont voulu exercer le droit du plus grand nombre dans la commune de Gourcy en faisant front commun contre un candidat (protégé) d’un des leaders locaux au poste de président de la commission affaires économiques et financières qui du reste s’est négativement illustré lors de l’avant dernière mandature du conseil municipal. A la différence du mandat écoulé où deux femmes ont été portées à la tête des communes, cette fois-ci le Nord à marqué un recul avec une seule Dame à la tête d’une mairie, et l’honneur revient à Gourcy où Traoré/Traoré Kadidja opératrice économique de son Etat est la première maire élue à l’unanimité (94/94) à la suite de tractations dans les coulisses avec les conseillers du CDP. Dans les provinces du Lorum et du Passoré malgré la présence remarquée de quelques partis comme le MDA, le MAP et l’UNIR/PS, le parti du soleil levant s’est taillé la part du lion sans trop de difficultés.

La mutualisation des énergies, une nécessité pour le développement des collectivités


Dans la région du Nord, au décompte final, 27 communes seront gérées par des maires MPP, 02 par l’UNIR/PS et 01 par le MAP.

Les « Ting-Tang politiques », les positionnements, les calculs politiciens dans la conquête des communes sont à leur terme. Le compte à rebours à donc commencé et les promus à la destinée de leurs communes ont cinq ans pour faire leurs preuves et démontrer leur volonté de relever les défis du développement local. L’insurrection populaire qui a mis une fin brutale à 27 ans de règne du régime du Président Blaise Compaoré devrait être un repère pour les nouveaux bourgmestres pour assurer une véritable émergence des collectivités locales longtemps prônée dans ce pays des hommes intègres.

Yann NIKIEMA

Lefaso.net

Liste nominative des maires des communes du Nord :

Loroum : (100% MPP)

Titao : Mandé Irisso

Sollé : Nacanabo Balzac

Banh : Ouermi Ousmane

Ouindigui : Younga Mamadou Augustin

Yatenga (100% MPP)

Ouahigouya : Ouédraogo Boureima Basile (MPP)

Tangaye : Niampa Issa

Koumbri : Ganamé Ousséni

Barga : Nacanabo Ousséni

Séguénéga : Bélem Rasmané Bétec

Thiou : Diallo Gassimi

Kaïn : Guindo Hono

Kossouka : Sawadogo Issa

Kalsaka : Ouédraogo Adama

Rambo : Sawadogo Kouka Ilassa

Oula : Sawadogo Sidi mahamady

Namissiguima : Bélem Kabaré

Zogoré : // (Les élections municipales n’ont pas pu se tenir dans cette commune)

Zondoma (100% MPP)

Gourcy : Traoré/Traoré Kadidja

Boussou : Sankara Mady

Bassi : Ouédraogo Christophe

Lèba : Ouédraogo Mikinaam

Tougo : Bélem J Noël

Passoré

Yako : Tenkodogo N. Rigobert (MPP)

Arbollé : Ouédraogo Boureima (MPP)

Pilimpikou : Sawadogo Félicien (MPP)

La-Todin : Nabaloum Gilbert (MPP)

Kirssi : Sawadogo P Mamadou (MPP)

Gomponsoum : Nanéma Gilbert (MPP)

Samba : Illy Michel (UNIR/PS)

Bokin : Ouédraogo Nongma Ernest (UNIR/PS)

Bagaré : Tougma Victorien (MAP)

Source: LeFaso.net