« Les groupes d’auto-défense refusent de se soumettre à l’autorité de l’Etat ». C’est, en résumé, ce qu’on peut retenir du compte-rendu fait par nombre d’organes de presse burkinabè sur la rencontre nationale des groupes d’auto-défense (Koglwéogo) tenue le mercredi, 22 juin 2016 à Kombissiri, chef-lieu de la province du Bazèga, située à environ 45 kilomètres au sud de la capitale.
Cette rencontre se tient une dizaine de jours ‘’seulement » après le communiqué ‘’d’avertissement » du ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la sécurité intérieure. Dans ce communiqué, signé du 10 juin 2016, le ministre Simon Compaoré, après avoir dénoncé la violation des textes législatifs et réglementaires en vigueur sur la protection de la vie et de l’intégrité physique des personnes, rappelait aux Koglwéogo que « la détention et le port d’arme à feu doivent en tout temps et en tout lieu, être conformes à la règlementation en vigueur au Burkina » et que « toute personne appréhendée en flagrant délit d’infraction à la loi pénale, doit être immédiatement remise aux forces de sécurité intérieure (la Gendarmerie nationale et la Police nationale) ».
Toujours dans la même note, le ministre soulignait que « sont formellement interdits, les séquestrations, les sévices corporels, les traitements humiliants et dégradants, les cotisations forcées, les amendes, les taxes, les contributions aux dépenses et les remboursements de biens dissipés ; sont également interdits, les déplacements en groupe avec port ostensible d’armes à feu ou d’armes blanches ». Puis, il appelait les membres des associations Kolgwéogo à l’esprit de discernement dans les actes qu’ils posent, « afin d’éviter toute situation préjudiciable à l’ordre et à la paix publique qui ne saurait désormais être tolérée après toutes les explications et la sensibilisation faites ».
Dans ce contexte, la rencontre nationale de ces organisations d’auto-défense, ce 22 juin 2016 à Kombissiri ne pouvait pas passer inaperçue. Et le lien est vite établi par le contenu des messages livrés au cours de ces concertations nationales. « Les Koglwéogo refusent de déposer les armes. Ils continueront à infliger des amendes et battront les éventuels délinquants qui seront appréhendés », lit-on dans le quotidien des 1200 logements, Le Pays, rapportant les propos de cette rencontre nationale. D’ailleurs, pour Boukary Kaboré dit le Lion (militaire à la retraite et homme politique bien connus), l’arrivée des Koglwéogo au Burkina sonne le retour de la dignité des Burkinabè. « La déclaration du ministre de la sécurité intérieure a semé la confusion dans la tête des gens. Je pense que c’était une erreur. Un voleur ne peut pas être armé d’une kalachnikov et le ministre va demander aux Koglwéogo de le poursuivre les bras ballants. Ce n’est pas possible », rapporte Le Pays du message de « Le Lion », présenté comme le président des « Wibsé », c’est-à-dire président des Koglwéogo chargés de traquer les voleurs.
« Les ‘’Koglwéogo » vont continuer à appliquer -leurs- méthodes faites de châtiments, d’amendes et porter-leurs-armes pour traquer et mettre hors d’état de nuire les bandits et les autres délinquants », peut-on retenir également des déclarations du chef Kolgwéogo de Sapouy, Saidou Zongo, mentionnées par le site de l’Agence d’information du Burkina (AIB).
Autant conclure donc à un bras de fer qui ne dit pas son nom. Mais, l’objectif final de chaque partie (autorités et groupes d’auto-défense) étant la défense des citoyens et populations burkinabè, une solution devra, diligemment, pouvoir être trouvée à la satisfaction de tous. Car, un Burkina ingouvernable n’est à l’honneur de personne, à commencer par les autorités et les Koglwéogo.
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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